Il était nommé le doyen des critiques égyptiens. Abdel-Moneim Talima n’était pas seulement un professeur de langue arabe classique à l’Université du Caire, mais aussi un éminent intellectuel qui a étudié sérieusement et avec profondeur le patrimoine littéraire arabe. « Introduction à la théorie de la littérature » est une étude savante de la littérature en tant que phénomène culturel, relevant de la linguistique et de l’esthétique. Il a également très tôt écrit sur l’autobiographie chez les Arabes, avant qu’il ne soit un genre littéraire à la mode au niveau mondial. Les instances culturelles en Egypte, dont le ministère de la Culture, l’Organisme égyptien du livre (GEBO) et les intellectuels, lui ont rendu hommage. « Je connaissais le professeur Talima depuis 1972, quand j’ai commencé mes études à la faculté des lettres de l'Université du Caire, et après être devenu professeur dans la même faculté. Il était proche de tous les étudiants, encourageait leur mouvement et défendait la démocratie, le développement et la justice sociale. Professeurs, collègues, étudiants, il va nous manquer tous », affirme à la presse Emad Abou-Ghazi, professeur à l’Université du Caire et ancien ministre de la Culture. Talima avait fait ses études au département de langue arabe, à la faculté des lettres en 1960. Il a eu son magistère dans la littérature arabe moderne en 1963, ensuite son doctorat dans la critique littéraire en 1966. « Talima était unique parce qu’il était soucieux de lier tout ce qu’il étudiait sur la littérature à la vie sociale et son développement. Il cherchait dans ses études et ses articles la justice sociale, la raison et l’illumination. Il voulait que la critique soit une activité scientifique méthodologique », explique Hussein Hamouda, professeur de littérature arabe à l’Université du Caire.
Talima organisait chez lui un salon culturel, rassemblant des intellectuels d’Egypte et du monde arabe. Ils discutaient ouvertement de la situation dans laquelle se trouve la culture arabe. Depuis sa jeunesse, cet éminent professeur de critique arabe était marxiste, défendant la conscience des classes sociales et de la justice sociale. Pourtant, son esprit critique ouvert l’a mené à porter une critique acerbe au communisme, à la politique de l’ex-Union soviétique, et contre l’esprit dogmatique en général. Il disait : « Toute entité ou toute tendance qui néglige la liberté et ne respecte pas la dignité humaine va certainement chuter. Le communisme ne reconnaissait pas la liberté individuelle, c’est pourquoi cette tendance a chuté ». Emprisonné à cause de ses pensées marxistes, Talima n’a jamais craint le pouvoir. En tant que professeur à la faculté des lettres, il a rejeté l’étude de Gihane Al-Sadate, femme du défunt président Al-Sadate, à l’époque où celui-ci était au pouvoir, parce que selon lui, elle n’était pas au niveau d’une thèse de doctorat. L’ancienne première femme a eu, quand même, son degré scientifique, mais avec l’aide d’autres professeurs et non pas l’éminent Talima, qui refusait les compliments dans le domaine scientifique. Abdel-Moneim Talima a reçu en 2004 le Prix de l’estime de l’Etat dans la littérature.
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