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Connie Palmen : La fiction est d’une importance majeure dans notre vie quotidienne

Mohamed Saad, Mardi, 07 mars 2017

En visite au Caire, la Hollandaise Connie Palmen parle à Al-Ahram Hebdo de son roman traduit en arabe Anta Qolt (vous l’avez dit). Elle y revisite l’histoire tumultueuse du célèbre couple de poètes anglais, Sylvia Plath et son mari Ted Hughes, à qui elle donne la parole pour la première fois.

Connie Palmen
Connie Palmen.

Al-Ahram Hebdo : Parlez-nous de votre parcours avec la traduction arabe de votre roman. Comment avez-vous rencontré la traductrice et qu’est-ce que vous pensez de la version traduite ?

Connie Palmen : J’ai rencontré la traductrice Lamia Makaddam, il y a un an et demi, et elle m’a demandé si j’accepterais de traduire mon roman You Said It (vous l’avez dit) en arabe. Comme c’est le cas dans beaucoup d’autres langues (japo­nais, vietnamien, chinois, etc.), il était clair que je ne pourrais pas lire et corriger la traduction. Mon éditeur arabe m’a dit que c’est une très bonne tra­duction et je lui fais confiance.

Pourquoi avez-vous choisi comme sujet de votre roman la vie tragique des poètes Sylvia Plath et Ted Hughes ?

— Pendant des années, j’ai lu les différentes biographies de Sylvia Plath et j’ai ressenti comme une horreur le fait que Ted Hughes soit toujours le second personnage, à la voix passive de ces bio­graphies. Pendant 35 ans, il a lu des histoires sur son amour, son mariage, ses enfants, ses trahisons. Donc toutes les histoires racontées par les bio­graphes qui écrivent comme s’ils connaissaient mieux que lui sa vie et son amour de Plath. Il est devenu un personnage de renom dans les oeuvres des autres. Et cela il l’a détes­té.

— Dans votre roman vous donnez la parole à Hughes. Il raconte sa version de l’his­toire, pourtant il en parle rarement. Comment avez-vous creusé dans ses archives pour obtenir cette version ?

— Il n’a parlé qu’une seule fois, et c’était de la seule façon de parler pour un poète aussi honnête que Ted Hughes : à travers sa poésie. Les 88 poèmes dans Birthday Letters (lettres d’anniversaire) repré­sentent sa version de l’histoire. Les poèmes ont structuré mon roman. Je les ai étudiés, j’ai plongé dans leur interprétation, et bien sûr j’ai lu tout ce qu’il y avait à lire au sujet de Hughes et de sa plume. Depuis qu’il a pris soin de l’héritage littéraire de Plath, il a présenté son oeuvre avec quelques avant-propos, beaux et passionnants. Ils m’ont donné beaucoup de perspicacité, comment il l’a regardée d’une manière professionnelle, en tant que poète.

— Quelle est la ligne qui sépare votre roman de la biographie des deux grands poètes ? Comment avez-vous marché sur cette ligne épineuse entre le roman et la biographie ?

— Depuis que j’ai commen­cé à écrire en 1991, j’ai tou­jours essayé de changer la façon dont les critiques et les lecteurs abordent le roman. Le roman n’est pas nécessaire­ment quelque chose qui a trait à la fantaisie, au mensonge ou à l’arrangement du réel. Cela est d’une importance majeure pour moi. Il n’est donc pas nécessaire dans un roman de tout inventer si vous arrivez à montrer comment la fiction fonctionne dans la vie quotidienne d’un personnage. Ce qui en fait un roman, c’est la tech­nique du récit : il aurait été difficile d’utiliser une forme théâtrale comme le monologue pour écrire un roman passionnant.

— Avez-vous lu des romans arabes traduits, lesquels et qui est votre auteur arabe préféré ?

— Je connais les romans de Naguib Mahfouz.

— Quelle impression vous a fait le Salon international du livre du Caire et comment avez-vous trouvé votre public ?

— Pour être honnête, j’ai été étonnée. Tant de gens, une telle atmosphère vivante, tant de livres. Pendant la présentation du roman, j’ai été guidée par ma traductrice Lamia Makaddam et l’hono­rable professeur de littérature anglaise Bahaa Abdel-Méguid. Le public était merveilleux, ils ont même compris mes blagues.

— Est-ce que vous travaillez actuellement sur un nouveau livre, et avez-vous l’intention de traduire davantage de vos livres en arabe ?

— J’aimerais voir tous mes livres traduits en arabe.

Anta Qolt (vous l’avez dit)

You Said It a été récemment traduit en arabe par la tunisienne Lamia Makaddam, aux éditions du GEBO, Selselat Al-Gawaëz (la collection des prix), 2017.

Palmen y traite de la relation troublante entre la poète britannique Sylvia Plath, qui s’est suicidée dans les années 1960, et son époux, le grand poète britannique, Ted Hughes, mort en 1998. Palmen donne la parole à ce dernier et lui fait faire revenir le film des souvenirs turbu­lents de son mariage avec Plath. Tous les écrits qui avaient abordé la relation du couple avaient présenté la femme en tant que victime, tandis que l’époux y était représenté comme le traître et « l’assassin ». Contrairement à toutes les biographies qui ont relaté la vie de Plath, Connie Palmen revient sur les sentiments, les craintes de Hughes. Elle revisite ses derniers poèmes, les analyse et y trouve les sources de la tragédie de sa vie. Elle y révèle un amoureux qui appréciait le travail artistique de son épouse : une relation d’admiration qui va au-delà de la rivalité classique entre poètes vivant sous le même plafond.

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