Le Maroc, invité d’honneur du salon, a présenté un programme riche et varié
Un événement inattendu est venu accompagner la cérémonie de clôture du 48e Salon international du livre du Caire. Le ministre de la Culture, Helmi Al-Namnam, a déclaré que la 49e édition du salon aurait lieu très probablement dans un nouveau terrain d’expositions à Al-Tagammoe Al-Khamès, la 5e agglomération du Caire, derrière la mosquée du général Tantawi. Le ministre a précisé que ce parc d’expositions s’étendrait sur une superficie de 40 000 m2, soit le double de l’espace actuel du salon. Une déclaration qui a créé de fortes réactions, notamment sur les réseaux sociaux, où des intellectuels, comme Taha Abdel-Moneim, lauréat du prix Sawirès en 2017, ont exprimé leur refus de déplacer le salon, en lançant le hashtag #Refus du déplacement du Salon du livre à Tagammoe Khamès#.
Cette décision n’a pas été suffisamment discutée par les parties concernées comme l’Union des éditeurs égyptiens ou celle des éditeurs arabes. Ceux qui s’opposent à cette décision avancent le manque de services au nouvel espace d’expositions situé sur la route excentrée de la 5e agglomération, près du Stade de la défense aérienne, rendant difficile l’accès au salon. Cette décision annoncée par le premier ministre soulève à nouveau la question de l’avenir du terrain d’expositions de Madinet Nasr, à côté duquel une nouvelle station de métro a été construite, et dont les anciens bâtiments ont été rasés afin d’agrandir les capacités d’accueil des lieux. Pour sa part, le ministère du Commerce et de l’Investissement a refusé de prendre en considération les déclarations du ministre de la Culture, et a affirmé que la future édition du salon aura lieu dans la nouvelle capitale administrative. Un débat qui rappelle celui de 2011 où le Salon du livre, annulé après le déclenchement de la révolution du 25 janvier, devait initialement se dérouler au Palais des congrès.
La censure inexistante
Au-delà de ce débat sur l’emplacement de la future édition du salon, les organisateurs de cette 48e édition en sont à l’heure du bilan. Plusieurs points positifs sont à reconnaître, à savoir une censure quasiment inexistante. Aucun cas important de violation des droits de la propriété intellectuelle ou de ceux de la traduction n’a été enregistré et aucun stand n’a été fermé. Seul un petit nombre de procès-verbaux pour falsification ont été dressés concernant les ouvrages présents sur le mur d’Ezbékiyeh. La plupart d’entre eux concernaient des ouvrages étrangers visant un public jeune, voire adolescent. L’Union des éditeurs a annoncé que ce genre de procès pourrait exposer l’Egypte à des sanctions si jamais les éditeurs étrangers se rendaient compte de ces falsifications.
L’engouement pour les écrivains célèbres s’est à nouveau confirmé. L’animateur radio, Ahmad Younès, a réuni un nombre extraordinaire de visiteurs lors de la séance de dédicace de son roman Nader Fouda (publié par Dar Noune) vendu à 20 000 exemplaires. L’absence du grand poète syrien Adonis a également marqué cette 48e édition. Le poète s’est officiellement excusé auprès du président de l’Organisme général des palais de la culture qui avait décidé de retirer le livre d’Adonis, Al-Sabet wal Motahawel (le constant et le transformé) de l’exposition. L’organisme a justifié cette mesure en déclarant qu’elle visait à lutter contre la falsification des livres.
Selon les statistiques du GEBO, le salon a reçu 4 millions de visiteurs dont la majorité étaient des jeunes et des enfants. Le nombre de visiteurs a augmenté de 40 % par rapport à l’an dernier, et un demi-million de livres de plus que l’année dernière ont été vendus, malgré la baisse des éditeurs arabes participant à cette édition.
Le Maroc, invité d’honneur du salon, a présenté un programme riche et varié. 50 écrivains marocains de toutes les tendances avaient répondu à l’appel cette année et se sont déplacés comme Mohamed Barrada, Hassan Negmi, Anis Al-Rafei et Aïcha Al-Bassri. De prestigieuses maisons d’édition marocaines, des institutions gouvernementales et des centres de recherches marocains ont animé de nombreux débats dans le pavillon de l’invité d’honneur. Une trentaine de colloques et d’activités artistiques ont été organisés par le ministère marocain de la Culture, touchant à la littérature, à la poésie, au cinéma, à la musique et aux arts plastiques. Le Maroc sera également l’invité d’honneur du Salon du livre de Paris du 24 au 27 mars prochain. Ce sera la première fois qu’un pays arabe soit l’invité d’honneur du Salon du livre de Paris l
*Rédacteur en chef du magazine culturel Al-Qahira
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