Al-ahram hebdo : Quelles ont été les nouveautés du festival cette année ?
Azza Al-Husseiny : J’essaye toujours de maintenir le niveau de films sélectionnés. Dans les éditions passées, nous nous sommes intéressés à la participation du plus grand nombre possible de pays africains. Cette année, nous nous sommes concentrés sur la qualité, surtout pour la compétition des films sur le thème de la liberté. On a projeté les meilleurs films produits en Afrique et les prix ont été décernés en collaboration avec Artwatch Africa et Arterial Network, deux des plus grands organismes qui s’intéressent à la culture et au développement en Afrique, ainsi qu’aux causes de la liberté et des droits de l’homme.
— Qu’en est-il des activités en marge du festival ?
— Pour la troisième année consécutive, l’atelier de la réalisation du film continue avec le grand cinéaste éthiopien Haile Gerima. Cette année, nous avons essayé d’éviter les erreurs des deux éditions précédentes. Par exemple, l’an dernier, 42 jeunes ont participé à l’atelier, un nombre trop grand par rapports à nos capacités de production. On avait réussi à produire un certain nombre de films et assuré un suivi pour d’autres projets, mais nous n’avons pas pu tout finir. Cette année, nous avons décidé de réduire à 24 le nombre des participants, afin de pouvoir produire des films de qualité, susceptibles de participer à des festivals variés. De plus, on a débuté cet atelier une semaine avant le festival, pour que les participants aient le temps de réaliser leurs films et les projeter à la fin du festival.
Nous avons également organisé d’autres ateliers en coopération avec l’Institut Goethe, comme ceux des « arts vidéo » et de créativité en collaboration avec le Bureau des jeunes Africains et le ministère égyptien de l’Education. Cette année aussi, nous nous sommes intéressés à la projection de films du festival aux élèves, soit dans les écoles, soit en leur assurant des bus aux salles de projections du festival. Cette dernière initiative est très importante, parce qu’un événement culturel de cette ampleur ne peut pas rester isolé de la communauté locale.
— Ces dernières années, les organisateurs de festivals se plaignaient d’une crise de financement. Comment avez-vous surmonté cet obstacle tout en augmentant les activités du festival ?
— C’est vrai. Le défi était de maintenir le niveau du festival et élargir ses activités malgré son budget limité. En fait, le festival a un budget fixe, mais le soutien des sponsors varie selon les circonstances, ce qui nous laisse toujours dans un état d’incertitude. Et malgré notre compréhension des circonstances actuelles en Egypte, nous essayons d’encourager les sponsors, qu’ils soient étatiques ou du secteur privé à maintenir leur soutien.
— Certains estiment que ce festival n’est qu’un événement cinématographique, mais plutôt une manifestation culturelle plus ou moins politisée. Qu’en dites-vous ?
— On ne peut pas nier la dimension politique du festival. Celle-ci s’explique surtout par le regain de notre intérêt, nous les Egyptiens, pour l’Afrique, un continent qu’on a longtemps négligé. Il était donc temps de renouer avec les peuples africains, et c’est d’ailleurs la principale raison d’être de ce festival.
— Les organisateurs du Festival du cinéma africain de Louqsor étendent leurs activités sur toute l’année. Quels sont vos projets pour cette année ?
— Nous avons lancé le projet Fenêtres pour les ciné-clubs dans certains gouvernorats, notamment en Haute-Egypte. C’est un projet important qui donne une dimension locale à notre festival .
25 films, 25 pays
La 4e édition du Festival du cinéma africain de Louqsor s’est tenue la semaine dernière malgré le manque de financement. Seuls quelques sponsors ont répondu à l’appel. Une situation qui devrait changer, selon Essam Charaf, ancien premier ministre et président de l’Organisation des jeunes artistes indépendants, fondatrice du festival. Dès l’année prochaine, le festival recevra le soutien du ministère des Finances, a assuré Charaf.
45 films, entre longs métrages, courts métrages et documentaires, représentant 25 pays étaient en compétition cette année. Le festival a choisi le Burkina Faso comme invité d’honneur de cette édition.
Par ailleurs, le festival a tenu plusieurs ateliers sur la critique cinématographique et les films d’animation ainsi que sur la réalisation. Plusieurs publications ont aussi vu le jour, comme la version française de l’ouvrage du critique et historien cinématographique égyptien Ali Abou-Chadi : Chronologie du cinéma égyptien ou un livre consacré au comédien Khaled Saleh.
Le but essentiel du festival est de développer les relations avec le continent africain. La forte présence du cinéma éthiopien et le nombre croissant des participants africains au festival en témoignent. On note par exemple la présence du réalisateur ivoirien Timité Bassori, de la productrice Dora Bouchoucha, du réalisateur rwandais Joel Karakezi, et du comédien camerounais Eriq Ebouaney parmi les membres du jury. Une stratégie louable dans la reprise des relations longtemps négligées avec l’Afrique.
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