Décor, un exemple réussi d'atelier de scénarios et de composition musicale.
Décor, Aswar Al-Qamar (murailles de la lune) et Al-Dounia Maalouba (la vie à l’envers) remettent sur le devant de la scène le rôle des ateliers de scénario et de composition de bandes musicales.
Innover et faciliter les rencontres des idées et des concepts, afin de présenter des textes et des scénarios hors des sentiers battus, ou buts commerciaux et financiers dans la rapidité de l’exécution, ou plutôt de l’éclosion des scripts : tels sont les avantages de ces ateliers.
« Les ateliers d’écriture de scénarios ne sont pas un phénomène nouveau. Ils étaient assez fréquents dans les années 1950, 60 et 70, où l’on trouvait toute une liste d’auteurs à l’origine des films, regroupant même de grands noms tels Naguib Mahfouz, Hassan Al-Imam, Moustapha Moharram ou Ahmad Saleh », explique le jeune scénariste Nader Salaheddine. Pour lui, le meilleur exemple de réussite de ce genre d’écriture en groupe reste le film Al-Nasser Salaheddine (Saladin, le vainqueur), et dont le scénario regroupait les noms de Naguib Mahfouz, Abdel-Rahman Al-Charqawi et Mohamad Abdel-Gawwad.
« Ce style d’écriture collective nécessite une certaine harmonie et un consensus intellectuel, afin que le texte ne soit pas écrit par des points de vue contradictoires. Mais les fruits résultants de ces laboratoires d’idées scénariostiques — dont le nombre va crescendo — ne sont pas toujours mûrs », tempère le scénariste.
Etant donné que l’art de la fiction c’est celui de la redite : les hommes se racontent les mêmes histoires depuis la nuit des temps. Certains scénaristes ou producteurs trouvent ainsi dans les ateliers de scénarios « un moyen procurant une certaine fraîcheur, comme on l’a vu récemment dans certains films et feuilletons, estime aussi le scénariste et producteur Mohamad Hefzi. Certains tournent toujours malheureusement autour des mêmes idées qui sont devenues des archétypes et servent de véhicules au récit. Mais c’est la façon d’aborder ces idées qui fait la différence entre une oeuvre novatrice et bien travaillée, et une autre au scénario cliché ou relevant du simple plagiat ».
Le trois en un
Si les comédies Waraqat Chafra (code sur papier), Samir, Chahir et Bahir ou Banat Al-Aam (les cousines) signées par le trio Ahmad Fahmi, Hicham Magued et Chico sont considérées par le public et la critique comme les meilleurs exemples de l’alchimie indispensable entre les co-scénaristes d’une oeuvre, c’est peut-être parce que leurs auteurs savent pratiquer avec tact les règles du jeu.
« Un travail en commun nécessite une certaine conviction du concept de fusion et d’intégration », souligne Hicham Magued. Lorsque l’un de nous trouve une nouvelle idée, il la met immédiatement sur table pour que nous puissions l’examiner et la formuler dans une forme et un aspect qui nous sont propres. Je ne me souviens pas qu’un jour, l’un de nous s’est trouvé obligé de laisser passer même une seule phrase dans le dialogue ou une scène de nos films, sans être complètement d’accord avec les autres membres du trio. C’est de là peut-être que résulte le succès de nos oeuvres, explique le jeune scénariste et comédien.
Des hauts, mais des bas aussi !
Mais nombre d’écrivains et de critiques accusent les oeuvres co-écrites par des ateliers de rédaction d’être vides de ce qu’on appelle l’empreinte de l’auteur. « Il est impossible que les idées d’une personne soient tout à fait identiques à celles de ses collègues. Ce genre d’atelier peut tuer la créativité indispensable à tout vrai scénariste, et voler à ces jeunes co-scénaristes tout désir de se distinguer. Ils se résignent aux idées du groupe pour avoir la chance de travailler et de voir leurs noms sur les affiches », estime le comédien et scénariste Mahmoud Al-Bezzawi, professeur du scénario à l'Institut suprême du cinéma.
D’après lui, bien que certains écrivains aient l’impression d’être plus créatifs dans un travail de groupe que dans un travail individuel, parfois « certains membres dominent le groupe avec leur perspective ». Selon lui, celui qui s’exprime le mieux a souvent un avantage sur le reste du groupe, avantage qui n’est en rien lié au processus de création.
« Si, autrefois, les grands écrivains, romanciers et mêmes les réalisateurs tels que Al-Sayed Bédeir, Abdel-Hamid Gouda Al-Sahhar, Aboul-Seoud Al-Ebiari, Kamal Al-Cheikh ou Salah Abou-Seif participaient à l’écriture des scénarios et des dialogues de certains films, c’était dans le but de se servir de la longue et précieuse expérience de chacun d’eux dans certains côtés artistiques du drame. Toutefois, c’est tout à fait le contraire qui se produit aujourd’hui », regrette l’écrivain et scénariste Mahfouz Abdel-Rahman.
A part quelques coopérations entre des scénaristes de renom, tels Tamer Habib et Mohamad Hefzi, certains nouveaux noms qui travaillent en groupes de trois ou quatre, sans aucune expérience, n’apportent que des fiascos.
Pour bien faire, les techniques de créativité du travail en groupe doivent résulter d’une synergie. Les participants ne doivent pas simplement rassembler leurs idées, mais s’inspirer mutuellement des autres idées, de sorte que le tout soit supérieur à la somme de ses parties.
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