Objets et personnages flottent à la surface de la toile.
(Photo:Mohamad Adel)
A la question : Qu’est-ce cette multitude de figures humaines, en mouvement continu, sur vos toiles ? Il répond : « Je ne sais pas ! Ce sont des gens que je croise un peu partout, en me baladant dans les rues, sur la corniche d’Alexandrie ou à l’entrée des maisons familiales d’autrefois. Et comme je suis un passionné de la psychologie, je sais bien analyser la nature des gens que je rencontre. Les visages divers dont il s’agit naissent souvent dans ma mémoire ». L’artiste alexandrin, Ibrahim Al-Tanbouli, qui expose actuellement à la galerie Art Mart, sous le titre de Maître de mes rêves, montre ainsi des hommes, femmes, enfants de tous bords. Ses héros se déplacent à leur aise, sans restriction aucune, avec en arrière-fond un bleu méditerranéen, aspirant à une vie paisible et pleine de promesses. Loin du chaos et des soucis.
Al-Tanbouli installe ses personnages dans des scènes très familières sur lesquelles règne un air jovial et enfantin, riche en couleurs. Il y a toujours du rouge, du vert, du jaune et de l’orange sur les toiles en acrylique, au pastel ou à l’aquarelle. Ses compositions harmonieuses n’ont rien de linéaire, mais sont plutôt entrecroisées et pimentées par des couleurs ardentes. « Alexandrie, ma ville natale, me manque beaucoup : des liens familiaux ont été brisés, de la richesse maritime détruite, des plages sont disparues pour construire des ponts ou des routes pavées, etc. Néanmoins, il ne faut pas perdre espoir ou cesser de rêver », souligne Al-Tanbouli, dont les peintures portent merveilleusement un air méditerranéen, le souvenir de sa ville côtière comme il l’a connue.
Retour aux sources
Ainsi mêle-t-il passé « nostalgique », antique et festif, aux fruits de son imagination, donnant lieu à un mythe personnel aux traits contemporains. Sur ses toiles, l’Alexandrie mythique se taille surtout la part du lion : un petit bateau oscillant, à la proue allongée, Cléopâtre, les ravissantes alexandrines, les pêcheurs d’Al-Anfouchi, les statues gréco-romaines en train de siroter un thé, les clients d’un café populaire ... Autant de personnages philanthropes et fantasmagoriques d’une Alexandrie réinventée ou rêvée, qui se dote de symboles nostalgiques. Ceux-ci flottent à la surface des peintures d’Al-Tanbouli : mer, barques, pigeons, cafés, voiliers, pêcheurs, baigneurs, minarets, phare de Pharos, colonnes romaines, parasols... « Chez moi, le poisson n’est pas le signe de la vie et de la fécondité, mais plutôt celui de la culture et de la civilisation en ruine », dénonce Ibrahim Al-Tanbouli.
L’inconscient de l’artiste déborde. Tel un écrivain ou un cinéaste, il a décidé de réinventer « son Alexandrie », lui ajoutant, malgré tout, un brin d’optimisme et un zeste égyptien, avec des arrière-fonds qui regorgent d’infimes détails, créant des liens et stressant sur la continuité ou la discontinuité de cet héritage égyptien, hellénique, antéislamique. Al-Tanbouli trempe son pinceau dans les méandres d’un monde riche en sentiments et en mystères.
Tous les jours, jusqu’au 6 mars, à la galerie Art Mart, de 12h à 20h. A 2 km de la route désertique Le Caire-Alexandrie, prolongement de l’autoroute du 26 Juillet.
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