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A chaque femme sa chanson

Névine Lameï, Lundi, 23 février 2015

L’artiste peintre, Hélmi Al-Touni, fait revivre les années de gloire de l’Egypte à travers des toiles nostal­giques, mêlant por­traits et extraits de chansons.

La diva
La diva, comme rarement dépeinte par Al-Touni.

A chaque femme sa chanson
Femme Saint Georges sur son cheval.

Mêler extraits d’anciennes chansons du bon vieux temps et peinture figurative, c’est la for­mule choisie par l’artiste Hélmi Al-Touni dans son actuelle exposi­tion à la galerie Picasso, Al-Maghna Hayat Al-Roh (le chant, joie de l’âme). « Mon exposition porte un message sociopolitique, à portée patriotique. J’ai réalisé que le peuple égyptien, qui a vécu après la révolution du 25 janvier 2011 des événements dramatiques et atten­drissants, souffre à présent de troubles psychiques. De quoi lui faire perdre sa quiétude. Reprendre, avec nostalgie, des chansons arabes issues d’une époque glorieuse, cela peut momentanément atténuer l’an­goisse nationale ! », déclare Hélmi Al-Touni.

Ainsi, les chansons d’amour d’Oum Kolsoum, Abdel-Wahab, Farid Al-Attrach, Nagat, Mohamad Qandil, et surtout Mohamad Abdel-Motteleb, racontent en images une histoire, un événe­ment, un conte populaire. Texte et dessin vont de pair, dans une fusion harmonique qui trouve dans le « beau » visage de la femme son meilleur médium d’expression. D’ailleurs, pour Al-Touni, la femme a été toujours un élément favori, soit dans ses caricatures ou dans ses peintures.

Le visage de la diva Oum Kolsoum, toute jeune et splendide, est incrusté de courts textes, tirés de ses plus belles chansons, dont Habib Qalbi Wafani Fi Miadou (mon amoureux est arrivé à temps). « Oum Kolsoum est ma reine sacrée. Je l’ai peinte une seule fois. Car je trouve qu’on ne peut pas reproduire la diva mécaniquement. Néanmoins, toutes ses chansons m’ont déjà servi de support, d’ins­piration », déclare Al-Touni, dont les autres protagonistes femmes montrées de part et d’autre, à la galerie Picasso, sont inconnues ! De quoi susciter l’imagination des visiteurs de la galerie. Est-ce Bahiya, symbole de l’Egypte, la Joconde, Saint Georges souvent représenté par une femme à cheval terrassant le dragon ?

Dans ses peintures, les femmes sont toujours libres, accompagnées d’un extrait de chanson qui les représente ou les exprime subtile­ment. Voici deux femmes iden­tiques, portant chacune un tar­bouche rouge et un luth, une autre dame voilée, mais quand même émancipée, laissant transparaître une partie du visage, ...

Avec pas mal d’icônes et de figures emblématiques, Hélmi Al-Touni ne se contente pas de préserver le côté traditionnel. Il ajoute de nouveaux motifs pure­ment égyptiens, lesquels embras­sent le pharaonique, le copte, l’isla­mique et le populaire : huppe, tar­bouche, tchador, fleurs sous forme de croix, palmiers, papyrus, pois­sons, ... Et ce, pour atteindre un certain équilibre entre forme visuelle et usage du texte. Les connotations sociopolitiques ne manquent cependant pas.

Jusqu’au 17 mars à la galerie Picasso, de 10h à 22h (sauf le vendredi). 30, rue Hassan Assem, Zamalek.

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