Les bouffonneries ne plaisent pas toujours.
Devenant l’une des nouvelles saisons de cinéma au cours des quelques dernières années, les vacances de mi-année scolaire sont arrivées avec son arrimage de films. Entre polars, drames sociaux et comédies, ces oeuvres ont difficilement résisté dans le box-office, notamment deux films.
Le premier de ces deux films, intitulé Qot wa Far (chat et souris) du scénariste Wahid Hamed, n’a pu rester que trois semaines en salle, avant d’être éliminé pour la simple raison de ne pas avoir pu collecter son hold-over, revenu nécessaire pour qu’il puisse rester à l’écran. Et le second, une comédie, Youm Malouch Lazma (un jour sans intérêt), avec Mohamad Héneidi, vient de réaliser un chiffre record dans le box-office de cette saison, mais sans grand succès sur le plan artistique.
Il s’agit de l’histoire de Yéhia — campé par Héneidi — qui, le jour de son mariage avec Maha — jouée par la jeune Riham Haggag — découvre l’apparition de son ancienne petite amie Poussy — interprétée par Rouby — à nouveau dans sa vie. C’est le début donc d’une guerre sans merci entre les deux jeunes filles, où tous les coups sont permis. Entre ses essais de contrôler la jalousie de l’une et les complots de l’autre, le héros mène une série d’aventures, pour que la nuit de ses noces se déroule comme elle a été prévue.
Disons-le tout de suite, ce film ne présente rien de nouveau, malgré un scénario signé par l’écrivain satirique Omar Taher. Son intrigue remâche sans innovation l’inépuisable thème des préparatifs de mariage, du triangle amoureux convenable pour toutes sortes de bouffonneries, de jalousies et de rivalités.
Le pitch de base, ces préparatifs des noces et la vengeance commune de deux femmes qui ne se connaissent pas mais qui partagent le même homme, cela pouvait laisser hypothéquer un côté plus ou moins exaltant. Toutefois, le résultat s’avère mou et sans saveur. Le film ne décolle pas : on attend tout au long du film que ça démarre, mais vainement rien ne bouge comme il faut. Quelques rares répliques font parfois rire, mais c’est bien insuffisant.
Tout est ici ultra-lissé, à tel point qu’on ressent que Mohamad Héneidi n’a même pas le rôle central. Car finalement, il apparaît presque éteint à la prestation clichée, face à l’hystérie exagérée des deux protagonistes qui devient elle aussi rapidement insupportable.
Du côté de la trame, c’est presque la table rase. L’oeuvre n’a pas de vive histoire, hormis une intrigue limitée, plutôt étriquée, qui tient en quelques mots. Cela dit, Youm Malouch Lazma (un jour sans intérêt) donne l’impression d’un brouillon inachevé, présenté en pacage à un public censé supporter plein de blagues creuses et de quiproquos usés.
Il manque au spectacle du piquant pour donner de la saveur à ce scénario aux tournures parfois navrantes. L’oeuvre souffre également de ces faiblesses de rythme dans une narration mal équilibrée et de l’inconséquence de son humour, préférant accumuler les clichés sur une idée générale qui pourrait donner quelque chose de nouveau.
Esthétique dans la mièvrerie
En plus d’un scénario à la limite du ridicule, la psychologie des personnages reste inexistante et la recherche visuelle est mièvre. La bande musicale condense sans originalité certaines formules censées donner l’impression qu’un rythme et une action se déroulent à l’écran, alors qu’il n’en est rien. Quoiqu’il s’agisse également d’un problème généralisé lié à un montage complètement raté. On voit les gags, on constate leur construction, mais ils ratent pratiquement tous leur cible.
C’est à se demander où est passé l’esprit des sympathiques premières oeuvres du réalisateur Ahmad Al-Guindi à la télé, avec les séries Al-Kébir Awi (le très grand).
Côté prestation, Héneidi n’est pratiquement jamais drôle, malgré ses efforts avérés, voire outrés. A part la fraîcheur du visage de la jeune Riham Haggag, dont la prestation est parfois glaciale, le tout s’avère impotent. De même, Rouby n’a, quant à elle, pas le talent comique pour soutenir le rythme.
Bref, le résultat est donc à l’image du nouveau look des comédiens du film : justement fade.
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