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Keith Bartlett: Chaque jour, la pièce devient meilleure

Ati Metwaly, Lundi, 19 janvier 2015

La pièce Hamlet de Shakespeare a été récem­ment présentée par le fameux Globe Theatre de Londres à la Bibliotheca Alexandrina. Entretien avec le comédien Keith Bartlett, qui interprète les rôles de Claudius, le roi du Danemark, et de Polonius, le père d’Ophélie.

Keith Bartlett
(Photo:Bibliothèque d’Alexandrie)

Al-ahram hebdo : Travaillez-vous avec Globe Theatre régulière­ment ?

Keith Bartlett: En ce moment, je suis justement en tournée avec la troupe et j’ai aussi travaillé pour Globe précédemment, dans leur production A New World : La vie de Thomas Paine, une pièce biographique du dra­maturge anglais Trevor Griffiths. En ce qui concerne Shakespeare, j’ai travaillé avec une compagnie, Cheek by Jowl, pendant trois ans, et avec le Royal Shakespeare Company pen­dant six ans. J’ai fait beaucoup de Shakespeare, mais je ne travaille pas de manière régulière avec Globe Theatre de Londres. Notre passage en Egypte intervient dans le cadre du projet Globe to Globe, une tournée mondiale qui s’étend sur deux ans pendant lesquels la pièce est donnée dans plus de 200 pays. L’Egypte était le 67e pays à accueillir la troupe britan­nique.

— Dans cette pièce, vous échangez les rôles, les 12 comédiens jouent à chaque fois des rôles différents ; vous-même, vous jouez deux rôles, celui de Claudius et de Polonius. Quelle en est la difficulté ? Et comment se passent les répé­titions ?

— Certains acteurs jouent même trois ou quatre rôles! Nous répétons comme dans un carrousel. Le metteur en scène, Dominic Dromgoole, disait souvent, nous interrom­pant pendant le travail: « Bon, maintenant nous inversons les rôles ». Il nous demandait également d’observer comment jouaient nos collègues, pour qu’on fasse attention à l’inter­prétation de tout un chacun et au personnage qui aurait pu devenir le nôtre. Souvent, dans le théâtre, les comédiens n’aiment pas « voler » les idées des autres. Cependant, Dominic Dromgoole nous a encouragés à « se voler les idées ». Ainsi, pendant les répétitions, nous regardions un de nos collègues, en se disant : « C’est une bonne idée, je vais essayer de l’uti­liser plus tard quand ce serait mon tour de jouer le même rôle ». Donc, la pièce est deve­nue par elle-même un creuset d’idées intéres­santes.

— Comment réussissez-vous à séparer vos deux rôles ?

— Je joue Polonius et Claudius. En effet, ces deux personnages ont deux énergies complète­ment différentes, et je ne trouve pas qu’il y ait une fertilisation croisée. Au contraire, le contraste entre eux est fascinant. Le change­ment ne vaut-il pas beaucoup plus que le repos ? Si on se livre à une même partie sans relâche, à long terme, on risque de devenir asséché. La façon que nous avons adop­tée — avec trois comédiens jouant Polonius, trois Claudius, trois Gertrude, etc. —, chaque soir, on la travaille différemment. Cette procé­dure offre une énorme énergie et beaucoup de fraîcheur. Et pendant que nous voyageons, nous découvrons de nouvelles formes et de nouveaux registres d’interprétation. Chaque jour, la pièce devient meilleure, je pense.

— Ce n’est pas évident de voyager tout le temps, d’être constamment en tournée. Pour les jeunes comédiens, cela peut paraître plus agréable, mais pour d’autres, un peu plus âgés, c’est peut-être un rythme exté­nuant ...

— L’un des plus grands avantages de la tech­nologie moderne, c’est qu’elle nous aide à rester beaucoup plus en contact avec les siens qu’auparavant. Je suis en contact quotidien avec ma femme, qui est aussi une comédienne. Nous parlons tous les jours. Nous n’avons pas d’enfants assez jeunes, ce qui rend l’idée du voyage plus tolérable. Nous avons déjà une petite-fille. Evidemment, les comédiens plus jeunes vivent ceci de manière différente. En même temps, nous sommes en contact étroit avec la direction à Londres. Le voyage nous permet d’aller à la rencontre de publics diffé­rents. En Egypte, la pièce a été jouée juste pour une seule soirée, dans un lieu très excitant : Alexandrie et sa bibliothèque mythique, nous avons été reçus par un immense nombre de spectateurs .

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