
De nouveaux visages, sans nouveau thème.
Si l’année 2014 s’est clôturée par un film à succès avec Al-Guézira 2 (l’île II) dont le budget a dépassé les 21 millions de L.E, l’année 2015 commence avec la projection d’un petit film, Zigzag, produit et exécuté par un groupe de jeunes artistes.
Rassemblant quelques jeunes comédiens, tels Rim Al-Baroudi, Mohamad Nagati, Mirna Al-Mohandes, Yasmine Kassab, Amr Yassine et Chafaq, cette fiction se veut une analyse de la vie quotidienne de plusieurs types de jeunes, dont les buts conduisent à des conséquences presque toujours à hauts risques.
Les événements principaux du film se déroulent dans une boîte de nuit : Zigzag, où travaillent les cinq protagonistes de l’histoire. L’une des hôtesses de cette salle de danse, Rim (campée par Rim Al-Baroudi), menant une vie plus ou moins aisée que les autres, tombe amoureuse de Rami, le DJ de la salle (interprété par Mohamad Nagati). Face à l’insistance de ce dernier, l’héroïne se plie à son désir de se marier tacitement, alors que ses trois amies souffrent de contraintes familiales qui les poussent à mener une vie dévergondée.
La trame mêle donc le destin de quatre femmes tantôt identiques tantôt différentes, ayant en commun un désir fervent de concrétiser leurs rêves. Cela, malgré la pesanteur cruelle de la société. Elles vivent alors en zigzag entre joie et souffrance, souvenirs et ambitions.
Même si l’idée principale du scénario n’est pas mauvaise, le tout donne l’impression d’une coquille vide et de déjà-vu. On y retrouve les côtés sociaux simplistes : les riches exploitant les pauvres ou autres actes à valeur symbolique qui paraissent parfois un peu trop évidents.
Durant les 90 minutes du film, on est face à une série de dialogues et de monologues qui s’enchaînent, invoquant quelques problèmes de la jeune génération. Des aveux parfois en boucle, qui placent ces jeunes face à leur souffrance, sans avoir les solutions logiques.
Basé sur un scénario de la comédienne Amani Al-Bahtiti, écrit en collaboration avec les membres de l’atelier Propaganda, le film avance un amas de personnages que regroupe un seul objectif : étaler et parfois justifier les actes néfastes des personnages. Car tout est justifié par le seul fait de vouloir gagner son pain.
Zigzag est avant tout un film choral, donnant l’occasion à chaque personnage de s’exprimer. Les héros y sont les narrateurs acteurs, dont les destins s’entrecroisent ; des types qui, malgré les leçons de morale et certains dialogues volubiles, ne sont pas tout à fait dramatiquement exploités. Chaleureux, vifs, déterminés et parfois hésitants, les personnages parviennent toutefois à donner un rythme au film, tout en lui accordant un ton simple et naturel.
D’autres perceptions
La réalisation va dans le même sens que le scénario : des plans souvent simples et froids, à part quelques scènes dont le décor et l’angle de la caméra viennent montrer d’autres perceptions. Le réalisateur Ossama Omar, essentiellement directeur de photo, cherche à laisser son empreinte. Le montage est parfois classique, parfois extra-rythmé et fatiguant, mais l’ensemble indique la présence d’un réalisateur dont le talent peut être prometteur. Cependant, dans ce film, il reste très limité par le budget et le scénario.
Le retour du chanteur Mohamad Mohie au grand écran constitue sans doute l’un des points positifs de ce film. Cela, à travers deux chansons qui commentent les événements, en même temps que l’oeuvre de la diva Fayrouz, Ana Le Habibi (je suis à mon bien-aimé). De quoi offrir à l’ensemble un petit aspect romantique et doux, notamment en ce qui concerne l’idylle Rim et Rami, qui arrive parfois comme un cheveu sur la soupe !
Les comédiens correspondent à leurs personnages sans grand éclat, tant sur le papier que sur l’écran. Au détriment d’une intrigue qui aurait pu être plus élaborée, le réalisateur Ossama Omar a préféré accentuer l’aspect peu étincelant des personnages, se contentant d’exposer la peine de certains d’entre eux. Ils vivent fragmentés entre leurs rêves et leurs conditions de vie pas toujours convenables.
Zigzag est juste une oeuvre misant sur le goût d’un certain public en quête de nouveaux visages encore frais, loin des stéréotypes et des stars hors jeu. Toutefois, le pari est mal calculé.
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