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Une restauration à 100 millions de L.E.

May Sélim, Lundi, 22 décembre 2014

Le Théâtre National, situé à la place Ataba, vient de faire peau neuve. Les frais de sa restauration après l'incendie qui a eu lieu en 2008 ont surpris tout le monde et ont soulevé une fois de plus la question de la corruption.

Une restauration à 100 millions de L.E.
(Photo: Bassam Al-Zoghby)

Le samedi 27 septembre 2008, le feu a ravagé le Théâtre National. Quelques heures ont suffi pour mettre en feu la grande salle du théâtre qui a vu défiler les grands chefs-d’oeuvre classiques. De par son architecture, le théâtre est considéré comme un site archéologique et patrimonial de valeur, bâti vers la fin du XIXe siècle.

Un budget de 55 millions de L.E. a été alloué rapidement par le minis­tère de la Culture à la restauration du monument. Et les travaux commen­cés devaient prendre fin 18 mois plus tard. Cependant, ceux-ci ont traîné pendant six ans et les dépenses ont largement dépassé le budget. De quoi susciter de multiples controverses, surtout que les dépenses ont été esti­mées à plus de 100 millions de L.E.

La démission de l’ex-directeur du secteur de la production artistique, Nasser Abdel-Moneim, en octobre dernier, a rouvert le dossier de la corruption au sein du ministère. Abdel-Moneim a refusé de signer le budget concernant le Théâtre National, y trouvant « un dédouble­ment non justifié ». Les travaux de restauration ont donc été suspendus, et l’espoir d’inaugurer prochaine­ment le théâtre s’était évaporé. La démission de Abdel-Moneim a été refusée. Puis quelques jours plus tard, ce dernier fut viré de son poste et remplacé par Fattouh Ahmad.

Le bras de fer administratif s’est poursuivi et d’autres fonctionnaires du ministère ont également critiqué certaines affaires techniques s’agis­sant des biens d’équipement à titre d’exemple. La polémique a ensuite trouvé ses échos sur la toile et les réseaux sociaux. « Pour mettre fin aux controverses, le ministre de la Culture et moi-même avons soumis l’affaire au procureur général. L’enquête a prouvé que ce débat n’était qu’une tempête dans un verre et que les allégations de corruption étaient non fondées », souligne Fattouh Ahmad, directeur du secteur de la production culturelle au minis­tère, lequel s’occupe du dossier du Théâtre National. « J’ai travaillé corps et âme pour rouvrir le théâtre. On avait des comités d’experts qui ont passé un mois à réviser le projet de restauration, comme le doyen de la faculté d’ingénierie de l’Universi­té du Caire, des architectes et des archéologues. Ces derniers ont apprécié le travail de restauration et l’équipement du théâtre. Après la révolution de 2011, le travail s’est arrêté vu les remous politiques. Les prix ont considérablement augmenté au cours de ces six dernières années, de quoi expliquer ces dépenses fara­mineuses », ajoute-t-il.

Ce genre de réponse n’a pas empê­ché les critiques. Les détracteurs montrent du doigt un bâtiment à l’ar­chitecture ultramoderne qui a été annexé au théâtre, afin d’abriter plu­sieurs locaux administratifs. Celui-ci tranche avec le style khédivial de l’ancien théâtre. Fattouh Ahmad se défend à nouveau: « Le design du nouveau bâtiment est conçu par l’an­cien ministre de la Culture et plasti­cien, Farouk Hosni, qui a voulu mettre en relief le lien entre le passé et le présent. Finalement, les goûts ne se discutent pas ».

Les nouveautés

Ce bâtiment de trois étages abrite une bibliothèque publique, un musée regroupant les oeuvres de la collec­tion privée du théâtre, un centre informatique, des bureaux adminis­tratifs et une cafétéria.

Et l’ancien théâtre regroupe deux grandes réceptions au style oriental, une grande salle de théâtre renfer­mant 320 sièges et 20 loges. Celle-ci a été entièrement rénovée tout en respectant le style classique des édi­fices, bâtis sous le khédive Ismaïl. L’ancienne petite salle de Abdel-Réhim Al-Zorqani a été transformée en une salle de répétitions.

Un nouveau comité de sélection, regroupant, entre autres, les comé­diens Nour Al-Chérif, Abdel-Rahman Abou-Zahra, Samiha Ayoub et Mohamad Wafiq, fera le tri des textes et décidera du niveau artis­tique des pièces programmées. Et ce, afin d’assurer une meilleure pro­grammation à cet édifice de grande valeur.

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