(Photo: Bassam Al-Zoghby)
Le samedi 27 septembre 2008, le feu a ravagé le Théâtre National. Quelques heures ont suffi pour mettre en feu la grande salle du théâtre qui a vu défiler les grands chefs-d’oeuvre classiques. De par son architecture, le théâtre est considéré comme un site archéologique et patrimonial de valeur, bâti vers la fin du XIXe siècle.
Un budget de 55 millions de L.E. a été alloué rapidement par le ministère de la Culture à la restauration du monument. Et les travaux commencés devaient prendre fin 18 mois plus tard. Cependant, ceux-ci ont traîné pendant six ans et les dépenses ont largement dépassé le budget. De quoi susciter de multiples controverses, surtout que les dépenses ont été estimées à plus de 100 millions de L.E.
La démission de l’ex-directeur du secteur de la production artistique, Nasser Abdel-Moneim, en octobre dernier, a rouvert le dossier de la corruption au sein du ministère. Abdel-Moneim a refusé de signer le budget concernant le Théâtre National, y trouvant « un dédoublement non justifié ». Les travaux de restauration ont donc été suspendus, et l’espoir d’inaugurer prochainement le théâtre s’était évaporé. La démission de Abdel-Moneim a été refusée. Puis quelques jours plus tard, ce dernier fut viré de son poste et remplacé par Fattouh Ahmad.
Le bras de fer administratif s’est poursuivi et d’autres fonctionnaires du ministère ont également critiqué certaines affaires techniques s’agissant des biens d’équipement à titre d’exemple. La polémique a ensuite trouvé ses échos sur la toile et les réseaux sociaux. « Pour mettre fin aux controverses, le ministre de la Culture et moi-même avons soumis l’affaire au procureur général. L’enquête a prouvé que ce débat n’était qu’une tempête dans un verre et que les allégations de corruption étaient non fondées », souligne Fattouh Ahmad, directeur du secteur de la production culturelle au ministère, lequel s’occupe du dossier du Théâtre National. « J’ai travaillé corps et âme pour rouvrir le théâtre. On avait des comités d’experts qui ont passé un mois à réviser le projet de restauration, comme le doyen de la faculté d’ingénierie de l’Université du Caire, des architectes et des archéologues. Ces derniers ont apprécié le travail de restauration et l’équipement du théâtre. Après la révolution de 2011, le travail s’est arrêté vu les remous politiques. Les prix ont considérablement augmenté au cours de ces six dernières années, de quoi expliquer ces dépenses faramineuses », ajoute-t-il.
Ce genre de réponse n’a pas empêché les critiques. Les détracteurs montrent du doigt un bâtiment à l’architecture ultramoderne qui a été annexé au théâtre, afin d’abriter plusieurs locaux administratifs. Celui-ci tranche avec le style khédivial de l’ancien théâtre. Fattouh Ahmad se défend à nouveau: « Le design du nouveau bâtiment est conçu par l’ancien ministre de la Culture et plasticien, Farouk Hosni, qui a voulu mettre en relief le lien entre le passé et le présent. Finalement, les goûts ne se discutent pas ».
Les nouveautés
Ce bâtiment de trois étages abrite une bibliothèque publique, un musée regroupant les oeuvres de la collection privée du théâtre, un centre informatique, des bureaux administratifs et une cafétéria.
Et l’ancien théâtre regroupe deux grandes réceptions au style oriental, une grande salle de théâtre renfermant 320 sièges et 20 loges. Celle-ci a été entièrement rénovée tout en respectant le style classique des édifices, bâtis sous le khédive Ismaïl. L’ancienne petite salle de Abdel-Réhim Al-Zorqani a été transformée en une salle de répétitions.
Un nouveau comité de sélection, regroupant, entre autres, les comédiens Nour Al-Chérif, Abdel-Rahman Abou-Zahra, Samiha Ayoub et Mohamad Wafiq, fera le tri des textes et décidera du niveau artistique des pièces programmées. Et ce, afin d’assurer une meilleure programmation à cet édifice de grande valeur.
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