Vendredi, 04 octobre 2024
Al-Ahram Hebdo > Arts >

Sur la route du défi

Houda El-Hassan, Lundi, 08 décembre 2014

Comprendre la question kurdo-iraqienne sans creu­ser dans les discours poli­tico-diplomatiques. C’est chose possible grâce à My Sweet Pepper Land, un film réalisé fin 2013 entre l’Iraq, le Kurdistan et la Turquie.

Sur la route du défi
Une ode à la vie et au sacrifice par Hiner Saleem

Ancien résistant contre le régime de Saddam Hussein, Baran est pour l’indé­pendance kurde. Le jeune homme, courageux, sympathique, ambitieux et déterminé, accepte de devenir commandant de police, dans une petite vallée à la frontière turco-iraqienne. Il n’a pas eu la possibilité d’intégrer une univer­sité internationale, mais il a un but plus grand que l’humanité entière. Il milite, depuis son plus jeune âge, pour un Kurdistan qui tient debout. Bref, qui existe. Il est également engagé dans la mission de protéger les siens, les rebelles kurdes, ses hommes de sciences et de lettres, mais sans pour autant alimenter le feu de la rancune iraqienne, car il sait très bien « se tenir à carreau » comme le dit l’expres­sion familière.

Toutefois, le destin en a voulu autrement. En effet, comme il est censé veiller dans un territoire sans lois, au coeur du triangle des Bermudes, des trafics d’alcool, de drogue et de médicaments, il a eu affaire à tout, sauf au climat de quiétude auquel il s’attendait de prime abord.

Quand bien même il a refusé de se plier à la loi d’Aga Azzi, le chef tribal corrompu, maître absolu de la vallée, il n’a pu éviter d’avoir affaire à ses représailles qui ont joué les pro­longations tout au long du film. Directement, par le biais des afflictions subies à Baran et ses compères, ou indirectement par la simple exis­tence de la corruption, des mentalités archaïques de certaines tribus des deux côtés de la frontière. Mais l’union fait la force, dit-on depuis la nuit des temps, puisque chemin fai­sant, Govend apparaît dans la vie du comman­dant de police.

Institutrice malgré l’hostilité catégorique de ses douze frères, elle décide de devenir une femme indépendante. Précisons qu’elle l’est devenue par principe: répandre le savoir sur tout le territoire kurde— en passant nécessai­rement par la frontière turque— permet de rompre avec les mentalités archaïques des vil­lages enclavés. Telle est sa quête initiale dans la vie.

Forte de son premier pas vers l’indépen­dance, elle avance, avec son compère Baran, sur la route du défi du pouvoir du très malé­fique Aga Azzi. Un homme vicieux, haineux, fourbe comme tous les dealers du désordre qui ne sont attirés que par le lucre et la folie des grandeurs.

Retour aux sources

Le film est une belle ode à la vie, à l’opti­misme, à l’abnégation, voire à la soumission justifiée par le sacrifice. Et quel sacrifice! Il s’agit ici de vouloir assurer l’avenir de sa pro­géniture et des générations à venir. A l’image de ceux qui ne raisonnent qu’en termes de gain matériel, Aga renvoie à l’ignorance, au vice et nous rappelle tous ceux qui font que leur mère patrie régresse au lieu de progresser économi­quement et culturellement. Baran est plein de volonté. Il symbolise, par le biais de son rôle, la sécurité de la région indépendante kurde ou l’Etat du Kurdistan, selon la nouvelle appella­tion. Govend, elle, incarne le dynamisme dans toute sa splendeur et embrasse la cause sainte de l’éducation des masses. Sorti en 2013, My Sweet Pepper Land n’a envahi les salles que récemment. Réalisé par Hiner Saleem, ce film est sorti des limbes après de longs mois de préparation, de tournage et de promotion. Les acteurs principaux sont turcs, iraqiens et kurdes. Hiner Saleem, né en 1964 à Acra (dans le Kurdistan iraqien), a fui le régime de Saddam Hussein à 17 ans et s’est réfugié en Europe (d’abord en Italie, puis en France). Il a déjà signé des films à succès comme Les Toits de Paris (2009) et Si tu meurs, je te tue (2011). Cette fois-ci, le financement et la responsabi­lité juridique sont assurés par une boîte de production allemande .

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique