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L’hiver des coeurs

Yasser Moheb, Mardi, 25 novembre 2014

Lauréat de la Palme d’Or au Festival de Cannes, Winter Sleep (sommeil d’hiver), dernier film du Turc Nuri Bilge Ceylan, peint les tourments de trois personnages dans le huis clos d’un hôtel sur les hauteurs de Cappadoce.

L’hiver des coeurs
Ames souffrantes d'Anatolie.

Dans Winter Sleep, le réalisateur Nuri Bilge Ceylan brosse le portrait d’un coeur turc en hiver, celui d’Aydin, un comédien à la retraite et ancien journaliste, qui tient avec son épouse et sa soeur un petit hôtel en Anatolie centrale. Enfermés chez eux à cause de la neige qui a envahi la lande, les personnages vont se déchirer. Tous les trois se retrouvent pour les repas, prétextes à des duels oratoires et de longs débats argumentés.

Alternant séquences de contemplation et quelques dialogues intenses, Ceylan signe un film esthétique quoique noir, profond par ses plans tous bien dessinés et habilement éclairés. Le propos, lent et ample, s’accompagne toutefois d’un groupe de personnages assez ambigus. Ces scènes de la vie conjugale en Anatolie, écrites avec hardiesse par Nuri Bilge Ceylan avec sa femme Ebru (sa coscénariste depuis Les Climats, en 2006), sont si proches de l’univers du fameux metteur en scène de théâtre et cinéaste suédois Ingmar Bergman. On y retrouve la même rigidité des situations silencieuses, le même contrôle du ton et la tension de dialogues qui dévoilent la vérité des êtres.

Baigné par une lumière d’automne fort expressive pour les intérieurs, et d’hiver pour les extérieurs, ce film est éclairé avec soin par un cinéaste né dans la photographie, chercheur dans la composition des cadres et grand connaisseur de la peinture. Un goût artistique assez raffiné et recherché, surtout avec la 20e sonate pour piano de Schubert accompagnant les affrontements des protagonistes pour leur offrir une certaine douceur.

Pièce de théâtre à la narration cinématographique, Winter Sleep est assez long, d’une durée de 3h 17mn, oscillant entre des plans admirables, et d’autres assommants. Mais ce drame bergmanien est d’une gravité psychologique, d’une humanité et d’une cruauté bien claires.
Un film académique, intelligent, beau mais lent .

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