
Aouni en répétition avec la Compagnie du ballet de l’Opéra du Caire.
(Photo : Bassam Al-Zoghby)
Après avoir rompu, il y a trois ans environ, avec la Compagnie de danse-théâtre qu’il a lui-même fondée au Caire en 1993, Walid Aouni est de retour à l’Opéra. Le chorégraphe et metteur en scène libanais signe, pour cette saison, un ballet néoclassique, lequel est interprété par la Compagnie du ballet de l’Opéra du Caire. Il s’agit d’une nouvelle version de
L’Oiseau de feu de Stravinsky, chorégraphiée par Aouni.
Ce conte populaire russe relate l’histoire d’Ivan Tsarévitch, qui réussit à capturer l’oiseau de feu, dont il est épris, dans l’arbre aux pommes d’or du jardin du redoutable demi-dieu Kachtcheï. En échange de sa liberté, l’oiseau de feu donne l’une de ses plumes enflammées à Ivan, en lui disant qu’elle lui sera utile. Treize princesses sortent du château de Kachtcheï, et Ivan tombe amoureux de la princesse de la beauté sublime. Ensuite, il est capturé par les gardiens de Kachtcheï et placé contre un mur de pierre.
A l’origine, L’Oiseau de feu est un ballet classique en deux actes monté pour la première fois à l’Opéra de Paris le 25 juin 1910, selon une chorégraphie de Michel Fokine. Mais Aouni propose une version riche en symboles et en connotations, tout en respectant la trame traditionnelle. Il ajoute à l’histoire une interprétation chorégraphique et visuelle, donnant corps aux quatre éléments basiques du spectacle: le feu, l’air, l’eau et la terre. Les danseurs incarnent, à travers leurs gestes, mouvements, couleurs et costumes, tantôt le bien, tantôt le mal, la sagesse, la passion, etc. Bref, Aouni se sert de ce conte pour évoquer la vie dans sa totalité, en présence des bons et des méchants.
La chorégraphie puise dans la danse néoclassique (ndlr: un genre qui se démarque de l’esthétique linéaire du ballet et intègre peu à peu les formes angulaires et les articulations brisées). « L’Oiseau de feu est à l’origine une oeuvre classique, mais aujourd’hui qu’on aborde Stravinsky, on ne peut faire que du néoclassique. La musique de Stravinsky est innovatrice et révolutionnaire de par sa partition, son arrangement et son instrumentalisation. Le chorégraphe français Maurice Béjart, en donnant sa version pour le sacre du printemps de Stravinsky, a introduit lui aussi une révolution au niveau du mouvement de la danse. Pensant donc à la force du sacre du printemps de Béjart, dont je suis un disciple, j’ai signé ma propre version de L’Oiseau de feu », évoque Aouni, qui a 30 ans de carrière à son actif. Cette belle l’expérience lui permet de mêler les registres, de confondre les genres, d’innover, comme le confirme Arménia Kamel, directrice artistique de la compagnie du ballet de l’Opéra du Caire. « La Compagnie du ballet est à l’origine une Compagnie de danse classique. Mais de temps en temps, j’aime introduire des spectacles et des chorégraphies de différents styles et d’une certaine modernité. Avec Aouni, certains mouvements puisent dans le néoclassique, mais en gros, la danse est tout à fait contemporaine, voire originale et nouvelle. Pour ce, je voulais travailler avec lui », dit-elle.
Avant de commencer les répétitions, Aouni a dessiné 100 sketchs, détaillant les mouvements du ballet. En salle, il invite les danseurs à élaborer des mouvements qui rompent avec leur formation de base. Il veut faire danser tout le monde sur scène: solistes, pas de deux ou de trois, danses collectives. Le tout permet à dévoiler l’originalité de la chorégraphie et le potentiel des danseurs.
La scène est sobre. Elle est divisée en deux, un niveau au-dessus de l’autre. Aouni a recours à des écrans cinématographiques sur lesquels il projette des images représentant les quatre saisons. Il multiplie les effets visuels qui visent à renforcer sa conception de la vie, pendant 35 minutes environ.
Du 27 au 30 octobre à 20h, dans la Grande Salle de l’Opéra du Caire. Terrain de l’Opéra, Guézira.
Tél. : 2739 1044.
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