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Entretiens avec deux pionniers égyptiens des comics, invités d’honneur de la BECA  : Michel Maalouf et Fawaz Mohamad.

Névine Lameï, Mardi, 30 septembre 2014

Michel Maalouf
Michel Maalouf (Photos : Hicham Abdel-Hamid)

Al-Ahram Hebdo : Comment évaluez-vous cette initiative ?

Michel Maalouf: J’admire ces petits essais pour faire évoluer la BD en Egypte. Personnellement, je ne fais plus de la BD, mais je n’ai pas arrêté de participer à toutes les festivités liées à ce genre, surtout lorsqu’il s’agit d’ef­forts déployés afin de le pro­mouvoir.

Fawaz Mohamad: La BECA va donner un nouvel élan à la BD en Egypte. J’espère un jour voir cet évé­nement se transformer en un grand festival, à l’instar du Comi Con à Dubaï, merveilleusement organisé.

— Quels sont les principaux obs­tacles qui se dressent devant un bédéiste ?

— Michel Maalouf: De tout temps, le côté financier a été le fardeau le plus lourd. Je me souviens que dans les années 1970, à mes débuts dans la BD au magazine Samir, je touchais 6 L.E. par page. C’était ridicule! J’avais cependant eu l’occasion de travailler dans la revue Tintin, en France, mais j’ai préféré rester en Egypte. J’espère que les groupes de presse nationaux pourront vite publier un plus grand nombre de revues de BD, à l’exemple de Bolbol et Alaaeddine, où j’ai tra­vaillé pendant des années.

— Fawaz Mohamad: Le problème réside surtout dans un manque d’inté­rêt pour la BD. Il n’y a pas assez d’éditeurs à prendre le risque, sans mentionner les difficultés financières. A titre d’exemple, le magazine saou­dien Bassem, où j’ai travaillé en 1987, a suspendu son activité faute de moyens. Moi-même, je n’ai pas osé tenir d’expositions pendant des années.

—Dans votre exposition commune, tenue dans le cadre de la BECA, pourquoi avez-vous choisi de présen­ter des BD qui datent des années 1980 ?

— Michel Maalouf: Ce sont des originaux, en aqua­relles sur carton, colorés à la main, proches de la peinture. C’est une technique propre à Fawaz et à moi-même. Actuellement, en Europe, vous ne trouvez plus de BD originales en couleur. Dans les années 1980, j’ai donné naissance aux personnages les plus chers à mon coeur : Boumba et Bolbol. Ils sont inspirés de personnages réels, de camarades de classe, de collègues et de voisins de qui je garde de très beaux souvenirs, liés au quotidien d’Alexandrie, ma ville natale, et aux choses aperçues durant mes déplacements.

— Fawaz Mohamad: J’ai choisi d’exposer des originaux, des spéci­mens uniques, représentatifs de mon travail publié dans Alaaeddine et Bolbol, avec notamment les person­nages Belia et Tout (un héros pharao­nique). Aujourd’hui, l’ordinateur joue un rôle essentiel dans la BD, il marque les oeuvres produites par les jeunes avec qui je travaille au magazine élec­tronique Magnoon.

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