Al-Ahram Hebdo : Quelle est votre appréciation des pièces produites en 2013 et 2014, et dont des représentations seront données lors du Festival national du théâtre cette année ?
Nasser Abdel-Moneim : En 2013-2014, la saison théâtrale a été interrompue plusieurs fois à cause des troubles politiques et sécuritaires dans le pays. Alors continuer à produire des spectacles malgré cette situation difficile est la preuve d’un important effort. Peut-être que les productions théâtrales de haut niveau, auxquelles on aspire, manquent encore. Mais continuer à travailler, préserver le théâtre égyptien et maintenir le rendez-vous annuel du festival sont des accomplissements de grande valeur. Le festival, au fil des prochaines années, connaîtra une évolution certaine, et le niveau des spectacles s’améliorera.
— Et quelles sont les nouveautés de cette septième édition ?
— La septième édition est celle du dramaturge et pionnier du théâtre poétique Salah Abdel-Sabour dont on commémore le 33e anniversaire de disparition. A cette occasion, l’Organisme général du livre a réédité l’ensemble de son oeuvre en arabe et en anglais. Le festival consacre son colloque principal à ce genre de théâtre et son statut actuel. En plus, l’Institut supérieur du théâtre donnera deux spectacles inspirés des oeuvres de Sabour. Par ailleurs, 40 spectacles sont en compétition officielle et sont donnés par différentes compagnies représentant le théâtre d’Etat, le théâtre privé, l’universitaire, amateur, des ONG et encore de l’Opéra du Caire. Ce dernier participe au festival pour la première fois avec un spectacle dansant signé par la Compagnie de la danse contemporaine. Le colloque final du festival, qui aura lieu le 24 août, abordera le rapport existant entre le théâtre égyptien et le public aujourd’hui.
— Depuis la première édition du festival, il y a ce conflit entre les compagnies théâtrales professionnelles et celles amateurs qui se retrouvent à chaque fois en compétition. Que pensez-vous de cette situation ?
— Les idées sont diverses. Certains veulent que le festival compte 2 compétitions: une pour les professionnels et l’autre pour les amatrices et les compagnies indépendantes. Pourtant, il y a un malentendu dans la définition même de ce qu’est une compagnie indépendante, professionnelle ou amatrice. Le conflit est au niveau de la terminologie et la signification. D’autres disent que c’est une manifestation nationale, et donc, elle doit ouvrir ses portes à tous les genres et activités théâtraux. Pour résoudre ce dilemme, dès la deuxième édition, les prix se sont multipliés pour récompenser séparément les jeunes prometteurs et les plus professionnels et expérimentés. Sous les recommandations du ministre de la Culture, Gaber Asfour, après la clôture de cette édition, le festival donnera naissance à un comité de spécialistes qui réformera les règlements du festival.
— L’édition de l’an dernier a connu une forte restriction budgétaire au point de ne pas donner aux lauréats la valeur précise de leurs prix. Qu’en est-il aujourd’hui ?
— La situation est rassurante. Le festival est sponsorisé par des vedettes et des institutions outre le ministère de la Culture et le Fonds de développement culturel. Le comédien Khaled Saleh a apporté une aide financière et matérielle. Saleh offrira aux jeunes du théâtre l’occasion d’apprendre l’art dramatique dans sa nouvelle institution de formation. De plus, l’Organisation de Sawirès pour le développement humain soutient le festival financièrement avec 160000 L.E.
— Vous êtes membre du comité du théâtre au Conseil suprême de la culture qui a initié le retour du festival expérimental. Comment ce comité envisage-t-il cette reprise en 2015 ?
— C’est grâce à ce comité qui s’occupe des activités théâtrales et des manifestations du ministère de la Culture que les deux grandes festivités théâtrales d’Egypte ont été ressuscitées. Le Festival national, après une suspension en 2011 et 2012, a repris en 2013 et préserve son rendez-vous annuel. Quant à l’expérimental, le comité étudie son importance et sa position internationale aussi bien que ses aspects positifs et négatifs, les avis des critiques et spécialistes qui sont pour ou contre cette manifestation, et tente d’annoncer pour 2015 le retour d’un festival de qualité qui évitera tous les problèmes du passé. L’équipe de travail changera, et il existe une volonté de donner un nouveau nom au festival: Le Festival international du Caire pour le théâtre. Et ce, pour éviter les controverses concernant l’expérimentation.
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