Al-Helbawi et l’émotion extatique.
Fidèl
e au centre culturel
Saqiet Al-Sawi, où il a fait sa première apparition sur scène à l’âge de 11 ans, le jeune chanteur soufi, Ali Al-Helbawi, 38 ans, qui vient de se produire sur les planches de ce dernier, ne se lasse pas, en interaction avec ses fans, jeunes et moins jeunes, de rester «
fidèle » au lieu de sa naissance artistique. Et ce, à travers un concert mensuel programmé sur son agenda. Un agenda riche de rencontres et de communications sur
Facebook et
Youtube, soit pour annoncer ses concerts à venir, soit pour télécharger au fur et à mesure ceux déjà donnés dans divers endroits culturels, en Egypte et à l’étranger. Il s’agit d’un artiste universel dont la musique mêle admirablement, dans un beau tissage culturel, chant religieux, musique arabe, musique occidentale classique/moderne, et cantiques coptes.
Fils du fameux chantre populaire de l’inchad (chant religieux), le cheikh Mohamad Al-Helbawi (1946-2013), le principal mounched de la confrérie Al-Hamédiya al-chazéliya, Ali Al-Helbawi refuse, selon ses propos, de « vivre dans le costume de son père », c’est-à-dire suivre le parcours de son père. Le fils, en jean ou en veste, préfère avoir une voie musicale propre à lui. « Mon père, qui est pour moi une école de musique, me disait: Je te laisse endurer dans la vie pour avoir une personnalité autonome, capable d’agir seul, afin de répondre à tes besoins », se souvient Al-Helbawi lequel, à l’âge de 6 ans et jusqu’à l’obtention de son diplôme universitaire, de la faculté de commerce, accompagnait son père dans ses tournées d’inchad, en Egypte et à l’étranger, chantant avec lui des ibtihalat (supplications).
Engagé sur le bon chemin de l’inchad, Ali Al-Helbawi reste cet artiste-compositeur difficile à classer dans un genre bien défini du point de vue du style musical qu’il a choisi. Est-il du chant religieux ou du chant arabe? Est-ce du madih (louanges au prophète) ou genre takht classique ? Est-ce de la musique séculière ou religieuse? Ou encore est-ce des maqamate turcs, ou rast à mi-voix polyphonique? Ali Al-Helbawi chante tout cela à la fois. A travers cette musique, il ne cherche pas la célébrité. Elle n’est pas un gagne-pain pour lui. Une musique portant un message et abordant tous les thèmes, de l’amant et de l’aimé, de l’ivresse spirituelle, de la nostalgie et de la séparation. « J’aime mon prophète à ma manière, avec le chant religieux et ses ibtihalat, tawachih (poésie religieuse), et inchad soufi, renfermant les thèmes de la mystique islamique. Je suis un amoureux qui chante l’amour à sa bien-aimée avec chasteté et noblesse. Un Egyptien qui aime son pays et partage avec elle ses joies et ses peines avec des chansons patriotiques. Comme je suis un passionné de la musique arabe classique du beau temps d’Oum Kolsoum. L’essentiel dans tout cela c’est la crédibilité de ce que je présente à mon auditeur, capable de l’emporter à l’extase ou vers un passé lointain, mêlant arabe classique et dialectal noble », déclare Al-Helbawi. Sa chanson Mersal lé habibati (message pour ma bien-aimée), écrite par Achraf Tewfiq, fait partie de son répertoire riche. Cette chanson phare chantée lors de la majorité de ses concerts a remporté un grand succès lors de la diffusion du long métrage Le Microphone d’Ahmad Abdallah, en 2010, et au Festival du Centre catholique du cinéma en 2011. Son répertoire est composé d’autres chansons aussi connues telles que Qol lél méliha tebaatli gawab (dis à la belle de m’envoyer une lettre), ana al-masri ana al-magnoun (je suis l’Egyptien, je suis fou), Ayez béladi tékoun ahsan (j’espère le mieux pour mon pays). En plus d’un large éventail de chansons religieuses puisées dans le répertoire du cheikh Mohamad Al-Helbawi. Ou encore dans celui d’Ibn Al-Farid, Al-Hallaj, Ibn Arabi, Omar Ibn Al-Farid, Hassane Ibn Thabit (poète du prophète) et d’autres, avec des paroles d’aujourd’hui. Des airs différents qui se dotent d’une voix puissante, dramatique, aux accents de tristesse profonde, celle de l’amant soufi en quête de l’objet sublime de sa flamme. « Ma musique est universelle », signale Al-Helbawi, lequel s’inspire de l’expérience de son père avec le grand chantre de la Cathédrale copte orthodoxe, Ibrahim Ayyad, en 1988, et tente une expérience similaire, en 2008, à la Bibliothèque d’Alexandrie, avec le chantre protestant Maher Fayez et sa troupe Al-Karouz. Il s’agit d’un projet de mixage entre inchad et cantiques religieux, sous le titre d’Une Seule voix pour l’amour d’Egypte, avec la contribution du jazzman allemand Matthias Frey, le luthiste Bassem Darwich et la troupe Rahala du joueur de qanoun, Hossam Chaker. « En mêlant pour les jeunes, dans une même soirée, chant soufi et les 99 noms de Dieu, au jazz ou au rock, je parviens à les rapprocher d’Allah. Quant à mon chant soufi pour l’auditeur occidental, il est capable de l’emmener vers un monde dont il perçoit le sens et ignore les limites. C’est la subtilité des coeurs, quelles que soient la religion et la culture », déclare Al-Helbawi, qui se prépare à donner des concerts dans divers centres culturels étrangers en Egypte. Il est en voie de lancer un album d’Adïya dinniya (prières religieuses), dont la poésie est écrite par Moustapha Al-Naggar.
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