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Des sculptures véloces

Névine Lameï, Lundi, 02 juin 2014

La rétrospective de Abdel-Hadi Al-Wéchahi, à la galerie Ofoq, rend hommage à un sculpteur hors pair qui s’est éteint l’année dernière.

Des sculptures véloces
1-Statue de Taha Hussein. 2-Le Luthiste.

A la mémoire du sculpteur égyptien Abdel-Hadi Al-Wéchahi (1936-août 2013), la galerie Ofoq, annexée au musée Mahmoud Khalil, à Guiza, accueille une rétrospective retraçant son parcours artistique. Surnommé « le sultan de la sculpture volante » ou encore « le cheikh des sculpteurs », Wéchahi a réussi à établir un lien étroit avec l’humeur des Egyptiens et leurs états d’âme. Et ce, tout en maintenant une même forme circulaire, sym­bole de la vie, créant de nouveaux rapports entre temps/espace, masse/vide, chute/ascen­sion, terre/ciel. « Al-Wéchahi a de tout temps considéré que l’absence d’oeuvres sculptu­rales sur les places publiques, dans les milieux urbains, accentue l’angoisse des hommes. Car ces oeuvres peuvent les emmener loin du chaos et de la pollution visuelle, qui influencent négativement le système ner­veux », déclare Ihab Al-Labbane, curateur de l’exposition et directeur de la galerie Ofoq. Ce dernier a d’ailleurs tenu à exposer l’immense statue de l’écrivain Taha Hussein, taillée dans les années 1990 par Wéchahi. Celle-ci était censée être placée à l’entrée de l’Université du Caire, à Guiza, mais elle a fini par tomber dans les oubliettes.

« Cela fait cinq ans que je rêve de cette exposition. J’ai décidé de mettre la statue de Taha Hussein, faisant 3 mètres de hauteur, devant la galerie Ofoq. L’artiste préserve à son protagoniste ses lunettes noires et un regard prometteur », souligne Al-Labbane. Ensuite, à l’intérieur de la galerie sont mon­trés plusieurs chefs-d’oeuvre, en polyester et en plâtre. Il s’agit de pièces provenant de la collection privée des héritiers et celle du Musée d’art moderne égyptien. A savoir 17 sculptures et 35 esquisses : Le Froid (1960), La Révolution, protection et défense (1962), Bicyclette (1971), Le Martyr (1974), Le Saut impossible (1975), Autoportrait (1977), L’homme du XXe siècle (1980), Médaillon de la Biennale du Caire (1984), Perspective (1986), En quête d’un équilibre (1987), La Tête du musicien (1988), Le Luthiste (1990), La Femme et la mer (1992), La Confrontation (2005), Agé de dix-sept (2006). Les sculptures sont unies par la finesse et la souplesse des formes. L’allure humaine donne l’impression qu’il s’agit d’un oiseau errant et rebelle. « Les compositions sculpturales d’Al-Wéchahi défient la loi de la gravité terrestre. C’est comme s’il posait la question: que se passe-t-il lorsqu’un bloc envahit l’autre? Une catastrophe, une destruction, une disparition ou plutôt une union, un accord ?». Al-Labbane s’interroge à son tour et c’est au récepteur de trouver la réponse.

Perspectives

Force, défi, résistance et recherche de l’équilibre, tels sont les mots-clés du style d’Al-Wéchahi, puisant ses sujets dans les bas-fonds de l’Egypte. Istechraf (perspective), l’une des sculptures phare de la rétrospective représente admirablement une forme abs­traite, celle d’un corps humain qui a deux ailes pour voler.

Au coin de la galerie Ofoq, Al-Labbane a décidé d’installer une partie de l’atelier d’Al-Wéchahi, qui était à Moqattam. Ainsi, le visiteur est mieux introduit dans le monde de l’artiste: ses outils, sa bibliothèque, ses archives-photos... Un catalogue gratuit de 272 pages est également mis à la disposition des visiteurs, afin de mieux plonger dans le monde très spécial d’Al-Wéchahi .

Jusqu’au 25 juin, de 10h à 21h (sauf le vendredi). 1, rue Kafour, Guiza.

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