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La Syrie d’ailleurs

Houda El-Hassan, Lundi, 02 juin 2014

Prôner la paix à Damas, tel est l'objectif de Syrious Mission, une for­mation musicale multipliant les concerts gratuits au profit d’un pays en détresse.

La Syrie d’ailleurs
Des musiciens réunis par une cause noble.

Il y a un an de cela, Syrious Mission est née. Pendant de longs et désastreux mois, les chanteurs fondateurs de cette formation musicale se sont dévoués corps et âme à leur quête initiale, à savoir la paix en Syrie.

Originaire des Pays-Bas, tout pré­destinait le chanteur Sjaiesta Badloe à percer en Europe. Cependant, le jeune homme a une vocation bien plus noble, à savoir la lutte pour la paix en Syrie et ce, à travers la chanson engagée. Son modus operandi ? Aller à la rencontre des chan­teurs et musiciens arabes qui aspirent à apporter leur grain de sel à la paix en Syrie. « Je vais à leur rencontre, je joue avec eux sur scène, dans des écoles, en plein air. Bref, je me familia­rise avec eux », explique-t-il, le plus naturellement du monde. Et de poursuivre avec la même allé­gresse: « Bon nombre de personnes me demandent pourquoi je m’inté­resse à cette cause en particulier. Au début, je ne savais pas du tout répondre à cette question, mais par la suite, j’ai compris qu’il suffit que je leur dise que l’art engagé n’a besoin ni de justifications ni de prises de position à proprement parler. Chanter pour un pays qui n’est pas forcément le nôtre se fait, certes, pour une raison valable. Cependant, il n’y a nul besoin d’en­trer dans ces rouages. La meilleure réponse à tout cela serait de faire fi des qu’en-dira-t-on tout en rappelant, à qui de droit, que nous sommes tous des êtres humains ».

En avril 2013, Sjaiesta est allé jusqu’à rencontrer des talents jordaniens en herbe. Ensuite, il les a initiés aux techniques propres au chant et à la musique. « La partici­pation des enfants et adoles­cents au chant syrien engagé n’est pas un long fleuve tran­quille. Beaucoup en payent le prix, censure oblige. Je parle ici des jeunes Syriens. Toutefois, lorsque la parole est accordée aux voisins, le feeling passe plus rapi­dement que l’éclair. La censure devient moins criarde, mais nous nous sommes habitués à tirer notre épingle du jeu ... », continue-t-il.

Entouré de ses poulains, Sjaiesta vise le triomphe avec un grand T. La défaite ? Ce mot ne fait pas partie du jargon professionnel de l’artiste. Et heureusement, surtout si l’on sait qu’il a réussi à pénétrer une scène presque « casse-cou » pour les autochtones, où la censure est le seul mot d’ordre. « C’est bien parce que je suis protégé par l’Unesco que j’ose faire participer des enfants à ma mission. Je sais qu’on ne badine pas encore avec la politique dans ce pays. Mais, sachez que nous y sommes et nous y resterons ad vitam aeternam », affirme-t-il.

Sur scène, le bain linguistique est au rendez-vous. L’arabe et l’anglais arrivent en tête, suivis par le hollan­dais, langue comprise par la diaspora syrienne présente aux Pays-Bas. Aussi est-il bon à savoir que la qua­si-totalité des concerts de Syrious Mission sont gratuits. De même, il en existe d’autres, payants, dont les recettes sont presque entièrement versées aux familles syriennes en difficulté.

Récemment, Syrious Mission a participé à divers festivals européens spécialisés en arts engagés et musique jazz. Tout cela est pour dire que Sjaiesta et ses disciples ne lais­sent rien au hasard. Leurs chansons, promettant un lendemain meilleur au peuple syrien, témoignent de la détermination de l’artiste.

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