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Une cuvée à promesses

Mardi, 13 mai 2014

18 films de 12 pays seront en compétition du 14 au 24 mai au Festival de Cannes. Diversité de grands noms et nouveautés artistiques marqueront cette 67e édition.

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Lambert Wilson.

Cannes,
De notre envoyé spécial
La planète cinéma entre en effervescence pour accueillir, dès aujourd’hui, la 67e édi­tion du Festival de Cannes. Evénement majeur du cinéma et réfé­rence à l’international, le Festival de Cannes promet cette année plus d’une surprise à travers une sélection de films alliant engagement politique, exigence esthétique et glamour.

Une vingtaine de films venant du monde entier sont en compétition au total, autant que pour la sélection Un certain regard, dénicheuse de talents, sans compter les films projetés en séances spéciales ou hors compétition.

Des flashs qui crépitent et des pépites cinématographiques. De quoi pro­mettre un joli millésime. Entre les habitués de la Croisette et la nouvelle garde des réalisateurs, le jury aura fort à faire. 18 films provenant de 12 pays ont été retenus en compétition cette année, avec seules deux réalisatrices : la Japonaise Naomi Kawase et l’Ita­lienne Alice Rohrwacher.

Parmi les cinéastes sélectionnés cette année, plusieurs réalisateurs ont déjà été couronnés, tels les frères Dardenne (2 fois), Ken Loach, Mike Leigh et Jean-Luc Godard.

Bertrand Bonello remportera-t-il le même succès qu’en salles avec Saint-Laurent, le film hommage au grand couturier? Il aura, en effet, face à lui des poids lourds tel Jean-Luc Godard, qui présentera Adieu au langage, son premier long métrage tourné en 3D. Et peut-être aussi celui qui lui apportera enfin, à 83 ans, une récompense à Cannes, où il a été nommé 7 fois sans jamais rien accaparer. D’ailleurs, le Mauritanien Abderrahmane Sissako aura la lourde charge de défendre les couleurs de l’Afrique, à travers son nouveau film Timbuktu, le chagrin des oiseaux. Tourné dans le désert maurita­nien, ce film revient sur des moments signifiants de l’occupation djihadiste à Tombouctou durant l’année 2013.

Souffle tricolore

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Nicole Kidman, princesse de Monaco.

La présence des oeuvres françaises en compétition compte également Sils Maria, le dernier film d’Olivier Assayas. Michel Hazanavicius revient dans un tout autre style avec The Search (la recherche), plantant son décor pendant la guerre en Tchétchénie.

La francophonie sera aussi représen­tée par les frères Dardenne, Palme d’or en 2005 pour L’enfant, et en 1999 pour Rosetta. Ces derniers concourent cette fois avec Deux jours, une nuit, le com­bat d’une employée— campée par la douée Marion Cotillard— qui lutte acharnement pour garder son travail.

Cette cuvée comptera également le plus jeune réalisateur en compétition cette année, le Québécois Xavier Dolan (25 ans), nommé en 2012 dans la section « Un certain regard », pour son oeuvre Laurence anyways (Laurence, de toute façon), et qui sou­met au jury cette année son nouveau film Mommy.

Autres films fort attendus: le dernier film signé David Cronenberg, Maps to the Stars (les cartes pour aller aux étoiles), avec Robert Pattinson et Julianne Moore, un film qui se penche sur la face obscure de Hollywood. Ainsi que le film Jimmy’s hall, de l’Anglais Ken Loach, et qui fera donc figure de favori, surtout avec le réa­lisme qu’on lui reconnaît.

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Jane Campion.

D’autres petits nouveaux de la com­pétition? Certes: l’Américain Bennett Miller, auteur précédemment de Truman Capote, avec Philip Seymour Hoffman, l’Italienne Alice Rohrwacher, ou encore l’Argentin Damian Szifron.

L’exception, un certain regard

Considéré toujours comme l’autre grand-messe du Festival de Cannes, celui qui amende les valeurs montantes plus exceptionnelles. Sans aucun doute, tous les yeux seront braqués sur Lost River, première réalisation du comédien Ryan Gosling. L’univers sombre qu’il chérit déjà dans ses rôles d’acteur sera de nouveau au pro­gramme à travers ce film fantastique, qui sera tout à fait en opposition à Mathieu Amalric, signant là une adap­tation de La Chambre bleue de Georges Simenon.

Une séance spéciale sera par ailleurs destinée à la projection de Paris-Texas de Wim Wenders, palme d’or 1984. Au menu de ces petits cadeaux offerts par Cannes, on retrouve aussi les retrou­vailles de Zhang Yimou et Gong Li, avec Coiong home et des documen­taires engagées, comme le collectif Les Ponts de Sarajevo, Maidan de Sergei Loznitsa sur les événements en Ukraine, ainsi que Eau argentée, du Syrien Mohammed Ossama.
Bref, un programme assez copieux,

Grace Kelly fait l’ouverture !

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Le biopic d’Olivier Dahan, Grace de Monaco, avec Nicole Kidman dans le rôle-titre fait l’ouverture du 67e Festival de Cannes. Le long métrage présenté en avant-première mondiale ce soir — mercredi

14 mai — vient en sélection officielle hors compétition, succédant ainsi à Gatsby, le Magnifique de Baz Luhrmann, qui a ouvert la dernière cuvée cannoise.

Le film d’Olivier Dahan est centré sur un moment de la vie de la comédienne américaine

Grace Kelly : son mariage avec le Prince Rainier III — incarné par Tim Roth — en 1956, pour devenir

du jour au lendemain Grace de Monaco. Six ans plus tard, alors qu’elle peine à assumer ses fonctions princières,

Alfred Hitchcock — campé par Roger Ashton-Griffiths — lui propose de revenir à Hollywood pour jouer dans son nouveau film, Marnie.

Produit par Pierre-Ange Le Pogam, Uday Chopra et Arash Amel, qui a également écrit le scénario, le film voit aussi à son générique Frank Langella, Parker Posey, Jeanne Balibar, Sir Derek Jacobi et Paz Vega dans le rôle de Maria Callas.

Dès le début de l’année 2013, les trois enfants de Grace de Monaco avaient pris leurs distances avec le film consacré à leur mère estimant, après avoir consulté le scénario, qu’il ne constitue en aucun cas un biopic. Un refus qui double sans doute les attentes et la curiosité du public de la Croisette.

Un jury égalitaire

C’est la réalisatrice, productrice et scénariste néo-zélandaise, Jane Campion, seule réalisatrice à avoir obtenu la Palme d’or, pour La leçon de piano en 1993, qui succède au cinéaste américain dans le fauteuil du président du jury.

La présidente sera comme à l’accoutumée entourée de huit personnalités du cinéma mondial, dans un jury assez égalitaire.

A savoir : la comédienne française Carole Bouquet, la jeune réalisatrice, scénariste et productrice allemande Sofia Coppola, l’actrice iranienne Leila Hatami, l’actrice sud-coréenne Jeon Do-yeon, le comédien américain Willem Dafoe, le jeune comédien, réalisateur et producteur mexicain Gael Garcia Bernal, le réalisateur, scénariste et producteur chinois Jia Zhangke, et finalement le réalisateur, scénariste et producteur danois Nicolas Winding Refn.

Avant Jane Campion, seules six femmes ont jusqu’ici présidé le jury de Cannes. En revanche, la présentation de la cérémonie plutôt réservée aux femmes s’avère cette année masculine. Cette année donc, c’est l’élégant et talentueux Lambert Wilson qui reprend le rôle, déjà joué par un Vincent Cassel en 2006 et un Edouard Baer en 2008 et 2009.

A l’affiche

La communication du Festival de Cannes continue cette année sur la lignée de 2012 et 2013, proposant encore une fois un visuel à la fois glamour et rétro. Après les visuels flashys, extraits de films ou collages expérimentaux des années 2000, les affiches de Cannes étaient devenues très sombres. En 2008, David Lynch avait fait poser un sosie de Monroe en cachant ses yeux ; en 2010, c’est Juliette Binoche qui apparaît sur fond bleu, avec une brosse de lumière.

Depuis 2011, le travail sur le modèle plutôt que la typographie du texte a donné de belles réalisations, avec l’image de la charmante Faye Dunaway, suivie en 2012 par une Marilyn Monroe qui souffle une bougie en égérie.

L’année dernière, 2013, l’équilibre entre les deux a été retrouvé grâce à une photographie de Paul Newman, offrant un baiser à sa compagne Joanne Woodward, où le visuel était en plus agréable à regarder. Cette année, c’est bien le tour du regard de Marcello Mastroianni, qui illumine l’affiche du Festival à travers une image tirée du film de Federico Fellini, 8 1/2. « Son regard par-dessus ses lunettes noires nous rend complices d’une promesse de joie cinématographique mondiale », vient d’expliquer l’auteur de l’affiche.

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