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Un repas farci de préjugés et de mouvements

May Sélim, Mercredi, 07 mai 2014

Le Repas de Mamela Nyamza, donné au Festival du printemps, explore différentes formes de danses contemporaine et africaine tout en approchant avec humour le féminisme et l’apartheid. Le spectacle sera ensuite en tournée au Canada.

un repas
Mamela Nyamza en plein spectacle.

Avant d’entrer à la salle du théâtre Al-Falaki, la chorégraphe et danseuse sud-africaine Mamela Nyamza écrit sur une longue pancarte blanche étalée par terre : « I must not have a big bum » (je ne dois pas avoir un gros derrière).

Avec un air sérieux et concentré, elle répète cette phrase jusqu’à introduire le spectacle. Il s’agit de The Meal (le repas), un spectacle qu’elle a monté en 2012 et qui vient d’être donné au Caire dans le cadre du Festival du printemps organisé par Al-Mawred Al-Saqafi (ressource culturelle).

La phrase du départ constitue un préjugé que la chorégraphe et interprète Nyamza a dû affronter dans le temps, lorsqu’elle étu­diait la danse et le ballet classique. On lui déclare alors ouvertement que son corps n’est pas fait pour le ballet. Sur les planches, elle évoque sa propre lutte pour paver un chemin de danseuse brisant les préjugés et les formes classiques de danse.

Pour Nyamza, le titre fait allusion à son art d’expression qu’elle considère comme un repas nécessaire à tous. Pourtant, ce repas est souvent soumis à des recettes strictes. La chorégraphie de Nyamza offre un repas, ou plutôt un art, plus libre et plus proche d’elle-même.

Sur les planches, une vieille femme blonde instruit la jeune Africaine avide de danser et d’élancer son corps. Comme une parraine, elle évoque les mouvements clas­siques du ballet qu’elle rapproche des mouvements des volailles. On rit des mou­vements que Mamela interprète avec humour et ironie. Elle se moque de ces règles qui sont censées libérer le corps.

A son tour, après avoir porté la robe clas­sique d’une ballerine, elle instruit une autre jeune Africaine. L’humour atteint son paroxysme quand les mouvements du bal­let se mêlent à des mouvements de la danse africaine. Les mouvements des pas s’accé­lèrent et ceux des mains s’accordent avec la vibration du corps … Nyamza et sa jeune collègue se rebellent par la danse.

Dans le spectacle, la musique classique du Lac des cygnes de Tchaïkovski n’intro­duit pas de scène de ballet, mais plutôt une danse où deux femmes africaines offrent leur propre adaptation, tout à fait différente. Nyamza porte sa collègue qui lui ôte ses tresses. Les deux ensemble composent une chorégraphie dans un rap­port de parrainage. Ensemble, elles créent une chorégraphie souple, riche et tendre. L’échange entre les générations semble enfin possible.

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