Al-Ahram Hebdo : Depuis sa création en 2004 et jusqu’en 2014, comment l’AFCA a-t-elle évolué ?
Mohamed Al-Ghawy : Au départ, l’idée était simple. Jusqu’en 2007, avec une équipe égyptienne passionnée, on cherchait à programmer des ateliers artistiques pour enfants. Un atelier de narration, un autre de dessin, etc. Puis, dans une deuxième phase, l’idée s’est développée et on a cherché à lier ces ateliers à la société, aux matières enseignées dans les écoles et à ce qui se passe autour de nous. Pour ce faire, on a eu recours à des formateurs et spécialistes salariés à plein temps. Ce qui n’était pas le cas auparavant. Depuis, on monte des activités dans les écoles privées et gouvernementales et on s’intéresse à l’apprentissage à travers l’art. Depuis 2010, l’AFCA a connu un changement radical. Cela est dû à mes études de gestion artistique au centre Kennedy aux Etats-Unis. Il fallait avoir une stratégie à long terme et une vision pour l’avenir. Il ne suffisait, ni d’organiser des ateliers, ni de monter des spectacles. Dès lors, les activités de l’AFCA comportent 2 sections importantes : l’apprentissage à travers l’art et l’organisation de manifestations culturelles, dont le festival Hakawy. Au cours des dix ans de carrière, l’AFCA a changé de locaux allant d’un quartier à un autre. Aujourd’hui, elle est installée au Lycée Concordia. D’une part, nos services et activités sont directement liés aux besoins des élèves de cet établissement scolaire, et d’une autre part, on a la possibilité de bien mesurer l’influence et l’efficacité de notre travail à travers un exemple bien concret. L’AFCA offre aussi ses ateliers et activités à d’autres enfants en dehors de ce lycée.
— Quels étaient les obstacles que vous avez rencontrés ? Comment avez-vous pu les surmonter ?
— Notre défi majeur a toujours été le financement. Au début, on comptait sur l’autofinancement. Puis, on a eu l’aide de plusieurs organisations, dont des écoles privées. De quoi nous garantir une certaine stabilité. Aujourd’hui, la section Apprentissage est entièrement financée par les services rendus aux écoles. L’organisation de manifestations culturelles comme le festival Hakawy est réalisée grâce à la subvention des ambassades étrangères, de l’Unesco, des ministères de la Culture et du Tourisme.
L’autre problème est celui des artistes qui travaillent avec nous. Normalement, on recherche un artiste éducateur qui sait s’adresser aux enfants. Pourtant, ce concept n’est pas répandu en Egypte. On a actuellement recours à des experts étrangers, etc.
D’ailleurs, les conditions politiques du pays constituent un autre défi quant à nos activités et projets. Malgré les troubles, on essaye d’être toujours présents.
— Quels sont les nouveaux projets à venir de l’AFCA ?
— Comme d’habitude, l’AFCA organise un club d’été pour les enfants pendant les vacances à partir du mois de mai jusqu’à fin août, intitulé « Artistes, explorateurs, savants et moi ».
Dans un an, on sortira notre livre L’Expérience de l’apprentissage à travers les arts, qui explique notre manière de voir les choses. Autre projet ambitieux est celui de transformer l’AFCA en une école française offrant des études primaires, préparatoires et secondaires, tout en focalisant sur l’art en tant qu’outil d’apprentissage. Cet établissement est censé être agréé, c’est-à-dire offrant des certificats et des diplômes reconnus par le ministère de l’Education. Le théâtre, le chant et les arts plastiques seront essentiels dans l’enseignement. Un projet en cours de préparation et qui verra le jour vers 2020 .
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