Après des mois d’ajournements, de rumeurs, de critiques et de guerre tacite entre l’équipe du film et la censure, Asrar aeliya (secrets de famille) est enfin sorti en salle. Au centre d’une polémique, sa projection suscite la colère des uns et le conservatisme des autres.
De toute façon, il est évident que ce long métrage ne cherche pas à plaire. Car son idée de base est taboue, traitant de l’homosexualité.
Réputé pour ses films controversés, Hani Fawzi signe ici l’oeuvre la plus contestée de sa filmographie. Son jeune protagoniste, Marwane, (interprété par Mohamad Mahrane) découvre en lui un penchant homosexuel, dû en grande partie à un ancien abus. Il affronte différents problèmes d’ordre social. Le réalisateur, ainsi que le scénariste Mohamad Abdel-Qader relèvent ainsi un défi courageux.
Même avant sa sortie en salle, le film suscitait déjà un débat houleux, même s’il présente l’homosexualité comme une maladie qui pourrait être soignée. Coincé entre ses désirs biologiques et un appel à la spiritualité de plus en plus pressant, le protagoniste vit un trouble moral et intellectuel. D’ailleurs, à la fin du film, il décide de renoncer aux hommes, après avoir consulté quatre psychiatres : le premier l’accueille avec mépris, le second lui explique que son cas est passager, le troisième lui propose de demander un droit d’asile dans un pays qui reconnaît les droits des homosexuels ... Et le quatrième souligne un manque de volonté, l’incitant à retrouver sa nature hétérosexuelle.
Caché sous le label de film « pour adultes », Secrets de famille n’a cependant rien de spécial. L’oeuvre s’avère assez prétentieuse, usant de procédés dramatiques déjà vus, tant dans le cinéma égyptien qu’occidental : la malveillance et l’irresponsabilité de la famille peuvent conduire les adolescents à de telles situations. Un point, c’est tout.
Entre père absent, rapport douloureux avec une mère autoritaire et égoïste, plusieurs émois sensuels avec des copains et déceptions familiales, le terrain narratif devient au fur et à mesure fléché jusqu’à sa finale assez fade. La mise en scène l’est aussi, d’ailleurs.
Casting mitigé
Avec cinq personnages principaux en tout et pour tout, et pas grande chose comme décor, le film joue la carte du conte intime. La mise en scène est simple : pas de confection spéciale, pas d’éléments surprenants, le tout se passe dans un entourage assez normal, avec une certaine confusion — pas obligatoire cependant — entre homosexualité et effémination.
Seule l’interprétation peut mettre du poids dans la balance. Le jeune Mohamad Mahrane, dans le rôle principal, donne presque tout ce qu’il faut pour paraître naturel, sans choquer. A part quelques excès dans la réaction dramatique, et quelques over acting, le jeune comédien a bien accompli sa tâche, tout en prenant le risque d’être discrédité dès ses débuts.
Pour sa part, la comédienne Salwa Mohamad Ali excelle dans le rôle de mère autoritaire, tout comme Pacinthe Chawqi dans celui de la soeur tolérante. Quant aux rôles du père — campé par Tareq Soliman — et du frère aîné, Amr Farouq, ils affichent un aspect hyper-théâtral et superficiel.
La bande-son signée Ragueh Daoud réussit à offrir une certaine teinte poétique aux événements, mais reste emprisonnée dans le style typique de son compositeur.
Loin d’être l’un des meilleurs films sur le thème, Asrar aeliya (secrets de famille) pourrait garder son droit à être le premier long métrage consacré à la question, même s’il passe à côté de plusieurs éléments artistiques et dramatiques nécessaires qui rendent le tout sans saveur, ni ampleur .
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