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Les spectres de la liberté

May Sélim, Lundi, 23 décembre 2013

Dans ses photos imprimées sur toiles, Bassam Al-Zoghby élabore le thème de la liberté, mêlant le mouvement aux couleurs. Il crée des images dramatiques qui réclament la liberté de l’homme.

Bassam Al-Zoghby
Des femmes avides de liberté.

Des couleurs qui s’entremêlent, des êtres qui se transforment en spectres radieux et un mouve­ment clair ou latent qui résume un élan, un pas en avant, un saut vers le ciel. Telles sont les oeuvres de Bassam Al-Zoghby exposées actuellement au centre Al-Guézira des arts, sous le titre de « Liberté ». Il s’agit en fait de photographies imprimées sur toiles. Pourtant la photo ne reflète pas le réel, elle ne documente pas l’actualité non plus, mais sai­sit un moment privilégié pour le photographe. Sans aucune manipulation logicielle, ni retouches, elles nous plongent dans le monde fantasmagorique de l’artiste. Al-Zoghby rend sa photo abstraite, voire illusoire au moment même de la prise de vue.

A un moment donné, profitant d’une scène dramatique qui s’offre à lui, de ses couleurs et du mouvement, il joue avec sa caméra et lui dicte ses visions de rêves. Ainsi, la photo féerique n’est qu’une pure création, misant sur son expérience de photographe, sur sa réaction rapide et son émotion.

A travers 16 photos sur canevas, il élabore le thème de la liberté. « Je ne cherche pas à suivre la vogue des artistes qui ont beaucoup abordé le thème de la liberté, avec le contexte politique qui a suivi les révolutions du 25 janvier et du 30 juin. Mon travail n’est pas politique », précise le photographe, dont les photos réclament plutôt la liberté de l’homme, tout court.

En fait, une seule photo prise il y a 3 ans a donné naissance à l’idée de cette exposition. Il s’agit d’un tableau avec des spectres en blanc où la disposition des corps exprime un vol d’oiseau.

Malgré l’abstraction de la photo, elle garde toujours un élément humain. Al-Zoghby tra­duit le conflit interne de l’être humain entre la réalité et le rêve, entre la présence physique et l’imaginaire. Bref, un jeu de contradictions bien mis en valeur.

Chaque photo raconte son drame : le visage d’un homme dont le corps est emprisonné, il s’efface devant la force des couleurs bleuâtres ou verdâtres. Une femme attachée par une chaîne en fer. Son mouvement flou et répété traduit ses tentatives de se libérer. Un couple amoureux en face à des couleurs de feu. Des chaînes, des obstacles se dressent devant l’histoire d’amour.

Sur une autre toile, les extrémités du corps fondent dans la couleur de l’arrière-fond. Un focus lumineux éclaire le visage en pleurs pour résumer un sentiment d’oppression et de tristesse. N’est-il pas temps de se rebeller, de se libérer ?

Les photos d’Al-Zoghby font appel à la révolte. Certaines résument l’idée par un mouvement véloce vers le ciel. Ne s’agit-il pas d’un monde de rêve ?

La dernière photo exposée, au fond de la salle, évoque trois silhouettes féminines qui s’enfuient dans les airs, vers l’inconnu. On ne voit que leurs dos. Ces femmes, déterminées, poursuivent leur chemin, sans regarder der­rière elles. La liberté est enfin à leur portée.

Jusqu’au 28 décembre, de 10h à 14h et de 17h à 21h (sauf le vendredi) dans la salle Kamal Khalifa, au centre Al-Guézira des arts. 1, rue Cheikh Al-Marsafi, Zamalek. Tél. : 2737 3298

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