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Les états d’âme du luth

Névine Lameï, Mercredi, 20 mars 2024

Les jeunes luthistes Saad Al-Oud et Michael Onsy jouent différemment au oud. Saad s’est donné pour mission de revivifier l’héritage musical arabe dans un style moderne, alors qu’Onsy use de cet instrument comme moyen de faire face aux maux de la vie.

Les états d’âme du luth
Explorant la condition humaine, les compositions de Michael Onsy offrent au public la chance de se détendre.

Le luthiste et compositeur égyptien Michael Onsy est connu pour sa musique au parfum relaxant. Une musique qui, jouée dans une gamme d’émotions, explore la condition humaine dans tous ses états d’âme. D’où le nom du projet d’Onsy intitulé Halet Oud (état d’un luth). Un projet créé et lancé en 2019, deux ans après son obtention d’un diplôme de la Maison de luth arabe, fondée en 1998, par son mentor, le virtuose de luth, l’Iraqien Nassir Chamma.

Dans le cadre des nuits ramadanesques, Michael Onsy vient de donner un concert à l’espace Room Art, à Garden City, où il se produit régulièrement, en jouant une sélection des plus belles compositions de Ammar Al-Chéreï, Michel Al-Masri, Baligh Hamdi, Mohamad Abdel-Wahab, Nassir Chamma et d’autres, ainsi que des chansons d’Oum Kalsoum et de Abdel-Halim Hafez. Des compositions arabes jouées avec une touche originale, signée Michael Onsy. Sur scène, son jeu de luth, au son magique, se mêle au son du piano, des percussions, du violoncelle, du nay, de la basse guitare ... Une soirée musicale qui reprendra le 30 mars, à la Maison de luth arabe. « Jouer la musique arabe des grands classiques, c’est ce qui satisfait le public au mois du Ramadan », souligne Michael Onsy.

Des compositions intimes

Loin des nuits ramadanesques, il aime, dans d’autres concerts, jouer ses propres compositions, dont Baïch (je vis), Helm (rêve), Ekhtiyar (choix), Bidaya Gédida (un nouveau début) et Hayah (vie) ... Les compositions d’Onsy ne reflètent en réalité que ses propres pensées, émotions et expériences de vie traduites musicalement d’une manière créative et unique à travers son luth. Explorant la condition humaine, les compositions d’Onsy offrent au public la chance de se détendre, de réfléchir, de se relaxer des maux de la vie. Elles permettent de guérir les âmes, de faire ressortir les souffrances et les émotions et de reprendre contact avec soi ... « Halet Oud, aux thèmes divers, n’est pas un groupe musical. C’est plutôt un projet, une idée basée sur ce rapport luth-vie », souligne Onsy.

Né au Caire, Michael Onsy se passionne pour le luth dès sa tendre enfance. Son père, un féru de musique arabe, offre à son fils, alors âgé de 20 ans, un luth comme cadeau. A cette époque, en 2005, le jeune enthousiaste cherche les moyens de développer ses compétences sur cet instrument. Il écoute tous les enregistrements de son mentor Nassir Chamma et bien d’autres. « Ecouter Chamma dans ses concerts en solo lorsqu’il n’est pas accompagné d’instruments, cela m’a vraiment enchanté. J’ai beaucoup appris de Chamma et de sa virtuosité à improviser pendant des heures en solo. C’est lui qui a révolutionné le luth, en concevant un instrument à huit cordes », admire Onsy. En 2015, il décide de s’inscrire à la Maison de luth et d’étudier cet instrument envoûtant au sérieux. En 2022, Onsy abandonne sa carrière de banquier et se consacre pleinement à la musique. Avec Nassir Chamma, il joue partout et voyage à travers le monde. « Etant un instrument sans frette, le luth possède des capacités musicales illimitées. Bien qu’il soit souvent identifié à la musique orientale, le luth peut facilement se fondre dans de nombreux genres musicaux, traverser les frontières et s’orienter vers une fusion de musique orientale et occidentale. Le luth, roi des instruments de la musique arabe, n’est pas limité au demi-ton. Par contre, sa gamme de tonalités est infinie, c’est ce qui permet au luthiste d’expérimenter de nouveaux styles », conclut Onsy. Très actif sur les réseaux sociaux, il partage les vidéos de presque tous ses concerts et ses compositions.

Le 30 mars, à 20h, à la Maison de luth arabe, Al-Darb Al-Ahmar, Al-Azhar.

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