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Zerhouni, porte-drapeau de l'Aïta

Houda Belabd, Mardi, 03 décembre 2013

Dans le cadre des « soirées du patrimoine », la Villa des Arts de Rabat a récemment organisé une soirée sur la musique Aïta avec le chanteur Cheikh Jamal Zerhouni et son ensemble populaire. Un événement qui a attiré plusieurs centaines de mélomanes, avides de styles musicaux ancestraux.

Cheikh Jamal Zerhouni
Cheikh Zerhouni, un maître incontestable de l'Aïta.

Les pluies diluviennes n’ont pas découragé le public de la Villa des Arts de Rabat d’assister à un concert signé par le Cheikh Jamal Zerhouni et sa troupe. Cet événe­ment a même réussi à faire salle comble, au grand bonheur des amoureux de cet art centenaire.

Parler de ce chanteur marocain, c’est faire allusion à l’un des pionniers du chant populaire « Al-Aïta ». Ce style musical qui a longuement revêtu un aspect patriotique de résistance pendant l’ère coloniale n’a pas, pour autant, coupé le cordon avec son penchant nationaliste. En effet, s’il fut un temps où les chanteurs aïtawis ne juraient que par la libé­ration de la mère patrie et le départ des colons, aujourd’hui, les contemporains aspirent seule­ment à concilier la bonne vieille résistance avec le contexte post-colonial du Maroc.

« L’envie d’immortaliser l’his­toire de la musique Aïta prime au-delà de tout. Toutefois, les artistes qui aiment jalousement cet art sont, aujourd’hui, devant deux défis majeurs. Le premier est de protéger ce chant contre la déformation. Quant au deuxième, il s’agit de le concilier avec la réalité sociopolitique du Maroc contemporain, en mettant en exergue le patriotisme, la préser­vation des valeurs humaines rela­tives à l’identité marocaine, telles que l’hospitalité de son peuple, à titre d’exemple », témoigne le chanteur Jamal Zerhouni, avant d’ajouter : « Redonner une nou­velle jeunesse à ce genre musical est un pari que le ministère maro­cain de la Culture semble réussir avec brio. Et force est de consta­ter que plusieurs festivals natio­naux vouent une grande estime à cet art ancestral. Lors de ces évé­nements, tous les courants de la musique Aïta sont représentés. De ceux des origines à ceux de nos jours. Aussi la symphonie d’Al-Aïta est-elle la preuve la plus éloquente de la sauvegarde de ce patrimoine voué à l’immortali­té ».

Cheikh Jamal Zerhouni est éga­lement un porte-drapeau de l’art aïtawi des années 1980. De même, il jouit d’une grande renommée nationale grâce aux musicologues et professeurs uni­versitaires qui continuent d’affec­tionner le chant Aïta des années 1910. Celui qui remonte à l’ère du « Maroc français », à une époque où les paroles des chan­teurs aïtawis étaient d’or, car ils inspiraient la fierté nationale et valaient le respect des uns et de tant d’autres.

Zerhouni, chanteur à la voix rauque et suave brille dans « Al-Aïta Al-Hasbaouia » comme il n’est plus de coutume de le faire. Cette variété de la musique Aïta est originaire de la ville de Safi, située au sud-ouest du Maroc. Celle-ci est reconnais­sable par la rapidité des rythmes de taarija, cet instrument de per­cussion marocain de taille minus­cule.

Ce chanteur a percé grâce à sa fidélité aux règles de la musique Aïta telles qu’elles lui ont été inculquées par ses aïeux, issus des tribus arabes de Safi. Ces nomades qui cultivaient, jadis, une improvisation poétique inspi­rée du vécu du Marocain. Car la musique Aïta a survécu jusqu’à nos jours grâce à ces troubadours qui sillonnaient le Maroc de vil­lage en village, dans l’unique but de transmettre ce savoir oral par l’entremise du chant et des rythmes spécifiques à chaque région marocaine.

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