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Zouzaf et ses compères brillent à Rabat

Houda Belabd, Mercredi, 20 novembre 2013

Six artistes-peintres marocains, en provenance de la ville d’Essaouira, ont littéralement fait florès à la galerie Fan Dok de Rabat. Intitulée « Artistes d’Essaouira: Art naïf ou Art brut », leur exposition a fait chavirer des milliers de coeurs.

zouzaf et ses comperes
L’Ecole d’Essaouira, un univers à part.

Les adeptes de la galerie Fan Dok de Rabat n’ont pas pu rester insensibles face au charme de l’exposition « Artistes d’Essaouira : Art naïf ou Art brut ». Des artistes-peintres en provenance de la ville d’Essaouira (au sud du Maroc) ont brillé de mille feux grâce à leurs tableaux qui rivalisent de beauté avec la lune.

Feu Benhila Regraguia, Mohamed Zouzaf, Abdellah El Atrach, Abderrahim Trifis, Mohamed Tabal, sans oublier le célèbre Abdelmalik Berhis, en ont charmé plus d’un. Ces maîtres des arts plastiques ont longuement marqué les genres artistiques picturaux, que ce soit au Maroc ou à l’étranger. « Leur oeuvre se situe quelque part au croisement de l’art popu­laire, l’art africain et de l’art aborigène. Elle concilie l’étrange, l’imaginaire, le rêve et la réalité. Autrement dit, elle va de l’art naïf, celui qui ne respecte pas les dimensions, l’in­tensité de la couleur ou la précision du dessin, à celui brut, dénudé de toute démarche intel­lectuelle, celui qu’on appelle l’art spontané », éclaircit la critique d’art Hakima Lebbar. Et d’ajouter : « La beauté de leurs tableaux ne peut que rappeler la singularité des paysages d’Essaouira, leur très chère ville ».

Communément appelée « La Cité des Alizés », la ville d’Essaouira regorge de pay­sages singuliers où la mer, le végétal, l’humain et l’animal se côtoient avec magnificence. Ses plages, son océan (atlantique), sa flore et sa faune font d’elle la ville fétiche d’un nombre croissant de peintres, dessinateurs, poètes et chanteurs. D’ailleurs, beaucoup d’artistes autodidactes font d’elle leur principale école et préfèrent l’art naïf et l’art brut aux genres artis­tiques — un tant soit peu — pédantesques.

Pour un nombre considérable d’artistes marocains, le monde imaginaire des artistes exposant à Fan Dok reste, lui, indéfinissable. Car à en croire leurs tableaux, l’art naïf et celui brut deviennent des subterfuges pour donner libre cours aux interprétations les plus person­nelles et les plus fabuleuses. Pour le commun des mortels, ces oeuvres hors pair sont indes­criptibles. Pour les artistes expressionnistes, elles ouvrent la voie aux acceptions les plus poétiques. Pour les connaisseurs, à savoir les artistes autodidactes, ces tableaux sont peints pour se déconnecter du monde réel, pour errer le plus loin possible, le temps d’une exposi­tion. Les plus ingénieux, eux, iraient jusqu’à sentir le souffle des alizés, ces vents du Sud …

« Lorsque nous décortiquons les tableaux de ces artistes, nous trouvons que leurs univers sont bizarrement différents », dit Hakima Lebbar, responsable de la galerie Fan Dok. « A chacun sa touche personnelle, sa personnalité, sa fougue et son monde », ajoute-t-elle. En effet, si feu Benhila Regraguia continue d’éblouir par son tableau « Les Labyrinthes anecdotiques », Abdelmalik Behis, lui, conti­nue de voyager aux quatre coins du globe grâce à son célèbre tableau intitulé « L’Elégance des mélodies de branches ». Quant à Mohamed Zouzaf, son oeuvre « Les Tatouages berbères épiphaniques », définit le mieux son univers artistique. Ces trois tableaux, aussi différents soient-ils, ont en commun la même perception de la beauté de leur cité idéale : Essaouira.

Au-delà des Alizés …

A vrai dire, l’ingéniosité de ces plasticiens est telle que Zouzaf et ses compères ont réussi à percer à l’échelle euromaghrébine. Car de grands musées d’art de renommée universelle témoignent du triomphe de l’art autodidacte marocain. Ces maîtres de la spontanéité ont donné naissance à un art que l’on qualifie com­munément de singulier, et nul besoin n’est de rappeler que la singularité artistique n’a pas de frontières. « La perception de leurs oeuvres dépend de la sensibilité de chacun d’entre nous », précise la spécialiste.

La Cité des Alizés a réussi, grâce à ses amou­reux, à voyager à destination de Rabat le temps de cette manifestation culturelle, hors du com­mun. D’ailleurs, le célèbre artiste plasticien Frédéric Damgaard, qui a longuement encou­ragé ces talents, est allé jusqu’à parler de « l’Ecole d’Essaouira », pour désigner ces maîtres des pinceaux.

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