The Teacher (le professeur).
Dix films palestiniens ont figuré sur la liste de la nouvelle section du Festival d’El Gouna, créée spécialement en écho aux massacres actuels de Gaza. Ils ne sont pas tous de l’année, mais sont quand même parmi les productions récentes. Citons, entre autres, le premier court métrage des frères Tarzan, Préservatif de plomb (2013) sur la possibilité de faire l’amour en pleine guerre, Ambulance (2016) de Mohamed Jabaly, qui a rejoint une équipe d’ambulanciers à Gaza pendant les agressions de l’été 2014 pour tourner son film, la version restaurée du chef-d’oeuvre de Yousri Nasrallah La Porte du soleil (2004) sur la Nakba, le documentaire de Mohamed Al-Moghny sur le camp de réfugiés de Shujayya (2016), To My Father (à mon père, 2008) de Abdel Salah Shehadeh en hommage aux photographes de studio des années 1950 et 70 à Rafah, Bye Bye Tibériade (2023) de Lina Soualem et The Teacher (le professeur) de Farah Nabulsi (2023).
Ce dernier film, primé au Festival de la mer Rouge en Arabie saoudite, est le premier long métrage de sa réalisatrice, qui a grandi à Londres. Ses parents ont émigré en Grande-Bretagne dans les années 1970 et après avoir terminé ses études, elle s’est orientée vers le cinéma en 2015 et a fondé sa boîte de production. « C’est un film sur la justice », a-t-elle dit à sa projection au cinéma de la Plaza à Gouna. Les personnages, dont le professeur interprété par Saleh Bakri, cherchent à établir la justice à leur façon, puisqu’il leur était impossible d’y accéder par l’intermédiaire des lois. Le professeur lui-même a perdu son fils adolescent jeté en prison, l’un de ses étudiants a vu un colon tirer sur son frère qui l’empêchait de brûler les champs d’oliviers … Tous les jours, ils voient leurs maisons détruites et leurs parents maltraités ou violentés. Les agissements qu’on regarde de nos jours sur les écrans, de manière intensifiée, font partie du quotidien de ces Palestiniens depuis des années. Que faire ? La réalisatrice donne la réponse, mais son film comporte plusieurs failles scénaristiques. Ce qui ne change rien à la noblesse de la cause qu’elle défend.
La Palestine très présente même dans les tenues vestimentaires.
Durant une table ronde tenue en l’occasion, elle aborde avec d’autres cinéastes palestiniens, de générations différentes, tels Najwa Najjar, Rashid Mashrawi et Mohamed Al-Moghny, le rôle des artistes quant à combattre les narrations adverses et les difficultés qu’ils rencontrent en tournant sur le terrain. La question épineuse du financement a été survolée rapidement. Or, ce sera l’un des défis qu’ils auront à relever durant la période à venir, compte tenu du verrouillage actuel des moyens d’expression en Occident. Trouver des partenaires pour des coproductions ne semble pas une mission facile en ce moment.
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