Al-Ahram Hebdo : Comment est née l’idée de cette exposition collective ?
Mohamad Talaat : L’idée remonte à l’année 2008, alors que j’étais encore directeur du Palais des arts, dépendant du ministère de la Culture. Je voulais réunir les artistes contemporains arabes. Et ce, afin d’interroger et de faire l’état des lieux des mouvements plastiques actuels. Y a-t-il vraiment un art arabe contemporain ? Y a-t-il des caractéristiques communes entre les plasticiens arabes contemporains ? Ce sont de grandes questions auxquelles je cherchais une réponse.
A l’époque, j’ai proposé l’idée au directeur du secteur des arts plastiques, Mohsen Chaalane, et il m’a donné immédiatement son approbation. Le ministre de la Culture dans le temps, Farouk Hosni, a encouragé également cette idée.
Au départ, l’exposition était prévue pour 2010. Vu le grand nombre des artistes participants et la présence de différentes disciplines : sculpture, peinture, poterie, vidéo et installation, elle a été reportée à 2011. Après la Révolution, Mohsen Chaalane et moi-même avons quitté nos fonctions et donc le projet a été suspendu. Mais je l’avais toujours en tête.
— Dar Al-Darb (maison historique de la monnaie), située à la Citadelle, constitue un choix assez particulier. Pourquoi avez-vous choisi ce lieu ?
— J’ai coopéré avec la fondation Art d’Egypte pour l’organisation de l’exposition La Présence du corps. J’ai par la suite proposé à sa directrice, Nadine Abdel-Ghaffar, l’idée de cette exposition. Cette dernière préparait aussi l’organisation d’autres expositions à Dar Al-Darb à la Citadelle. Elle m’a proposé de profiter de l’espace pour tenir cette exposition.
Dar Al-Darb est à l’origine la Maison de la frappe de la monnaie construite par Mohamad Ali pacha en 1812. Depuis sa restauration et son ouverture, elle est gérée comme un espace culturel et artistique. Actuellement, Art d’Egypte y tient aussi trois autres expositions liées à l’Histoire, à l’artisanat et à la décoration.
— La création d’événements artistiques pareils ne se limite-t-elle pas aux initiatives du ministère de la Culture ?
— L’Egypte tient toujours un rôle prépondérant sur la scène artistique du Moyen-Orient. Par sa géographie et sa culture, elle garde un rôle important. C’est pourquoi elle doit créer des événements culturels relatifs aux arts plastiques, dans le monde arabe, en Afrique et en Méditerranée.
Aujourd’hui, le rôle du ministère égyptien de la Culture a reculé. Tous les événements qu’il organise se passent au niveau local. On sombre dans les dédales administratifs et les détails financiers.
En ouvrant ma galerie privée, mes ressources étaient encore limitées. Je n’avais pas la capacité à tenir une telle exposition, mais lorsque l’occasion s’est présentée, j’ai tout organisé de A à Z. C’est un grand défi.
— Comment avez-vous sélectionné les artistes participants ?
— Pas mal d’artistes arabes exposent pour la première fois en Egypte avec des oeuvres gigantesques, conçues exprès pour l’exposition que j’ai préparée en deux mois. J’ai consacré cette édition à la peinture, sélectionnant une trentaine d’artistes.
Je cherchais à avoir des artistes qui ont un style particulier et un parcours intéressant. J’ai de bonnes relations avec les artistes du monde arabe. Malheureusement, les événements politiques actuels ont empêché beaucoup d’artistes d’être présents en Egypte, tels les peintres palestiniens Sliman Mansour et Nabil Anani.
— Avez-vous une programmation à long terme ?
— J’aimerais élargir l’envergure de cette exposition, sans pour autant fixer une date ou un espace régulier. Elle peut avoir lieu dans n’importe quel endroit : une galerie, un site historique, un hall d’hôtel, etc. J’ai envie d’établir plus de relations avec les artistes arabes et de tenir d’autres éditions dans différents pays de la région. J’ai déjà eu des propositions pour tenir les prochaines éditions au Liban et en Iraq.
Jusqu’au 4 novembre, tous les jours de 8h à 17h, à Dar Al-Darb à la Citadelle.
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