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Des sopranos qui font vibrer les pyramides

May Sélim, Mercredi, 11 octobre 2023

Les stars du monde lyrique, l’Allemand Jonas Kaufmann, l’Italienne Maria Agresta et l’Egyptienne Fatma Saïd, se produisent ce mercredi au pied des pyramides. Elles sont accompagnées de l’orchestre et la chorale de Teatro di San Carlo, sous la baguette magique de Giacomo Sagripanti. Présentation.

Des sopranos qui font vibrer les pyramides
La soprano égyptienne Fatma Saïd varie les styles et les répertoires.

Une première en Egypte. Ce mercredi, à 21h, le plateau des pyramides de Guiza accueille un concert exceptionnel. L’orchestre et la chorale de Teatro di San Carlo de Naples sont accompagnés des chanteurs d’opéra de renommée internationale, l’Italienne Maria Agresta, l’Allemand Jonas Kaufmann et l’Egyptienne Fatma Saïd, sous la conduite du maestro Giacomo Sagripanti.

Sur la scène Panorama 2, un groupe de 200 musiciens et choristes va collaborer pour offrir à un public de 2 500 personnes, venues des quatre coins du monde, une soirée inoubliable. L’événement est organisé par la compagnie RMC WorldWide Partners, avec le soutien du ministère du Tourisme et des Antiquités et l’ambassade d’Italie au Caire. La société RMC avait annoncé la tenue du concert en juillet dernier, elle a déjà organisé le concert en hologramme d’Oum Kalsoum au Palais de Abdine, le concert de la diva libanaise Magda Al-Rumi au Palais d’Al-Qobba, ainsi que le concert de la soprano Fatma Saïd et du maestro Nader Abbassi au Grand Musée égyptien. « Avec l’aide de l’ambassade d’Italie, nous avons commencé à préparer l’événement en mars dernier, à conclure les accords nécessaires avec le Teatro di San Carlo et les interprètes, à arranger la plateforme de réservation en ligne, etc. », a indiqué Ahmed Ebeid, directeur exécutif de RMC, à la presse, ajoutant qu’à peu près la moitié des billets étaient réservés par des étrangers, fascinés par le site historique, qui compte parmi les merveilles du monde.


Le chanteur allemand Jonas Kaufmann rompt avec l’image clichée du ténor classique.

Le programme de la soirée offre une belle compilation d’arias célèbres, ainsi que des extraits d’opéras composés par Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi et Puccini. Et ce, avec l’ambition de répondre à tous les goûts.

Le Teatro di San Carlo est considéré comme la salle d’opéra la plus ancienne au monde et elle est toujours active. Il a ouvert ses portes à Naples en 1737, donc quelques décennies avant La Scala de Milan ou La Fenice de Venise. Le théâtre propose une riche programmation annuelle, mettant en vedette ses troupes renommées, des représentations d’opéras, des spectacles de ballet et d’orchestre.

Ce concert qu’il tient en Egypte constitue une étape importante pour les responsables du Teatro di San Carlo car c’est leur premier événement à l’étranger depuis la pandémie.

Il est dirigé par Giacomo Sagripanti, qui est le directeur musical du Théâtre national de l’opéra et du ballet de Tbilissi, souvent invité dans des maisons d’opéras classiques en Europe. Sur scène, sa direction témoigne d’une parfaite maîtrise et de contrôle de l’orchestre géant. Le maestro étudie les opéras, fouille les partitions et crée l’harmonie nécessaire entre la musique et le chant. De quoi promettre au public une véritable exaltation.


La soprano italienne Maria Agresta défend l’amour et les femmes de par ses rôles.

Timbres dramatiques

Connu pour sa voix de ténor lirico spinto (une voix lyrique et dramatique), Kaufmann est souvent sollicité de par le monde pour ses prestations remarquables et sa présence captivante sur scène.

Né le 10 juillet 1969 à Munich, il réussit, après une formation et un début de carrière dans la troupe de l’Opéra de Zurich, à percer sur le plan international, en 2006, en jouant dans La Traviata, aux côtés d’Angela Gheorghiu. A l’époque, le jeune Jonas Kaufmann était perçu par la presse américaine comme un Allemand à la voix magnifiquement construite. Depuis, ses engagements internationaux se sont multipliés, en Europe comme ailleurs.

Dans ses rôles, le ténor déploie tous les registres de son art tant musical que dramatique. Grâce à un timbre sombre et viril, il parvient à changer l’image clichée souvent associée au ténor classique. Il sait dompter sa voix et s’adapter à tous les répertoires, de l’opéra à la mélodie, des grands drames wagnériens aux panaches italiens et à la mélancolie française avec une diction très précise.

En septembre dernier, Kaufmann, nouveau directeur artistique du Festival tyrolien d’Erl en Autriche, a sorti un album consacré aux musiques de films, The Sound of Movies, chez Sony. Le public y entend des extraits de The Sound of Music (La Mélodie du bonheur), Gladiator, Carousel, Breakfast at Tiffany’s ou encore West Side Story. « Ce disque est un hommage au cinéma. Et aux films que j’ai aimés », a annoncé le ténor dans la presse.

Du côté italien, la soprano, également lirico spinto, Maria Agresta participe à ce concert de gala. Réputée pour sa performance éblouissante dans les rôles classiques et historiques, elle s’est fait remarquer notamment en 2011 lorsqu’elle a chanté Elena dans Les Vêpres siciliennes au Teatro Regio de Turin, sous la direction de Gianandrea Noseda. Depuis, elle joue les plus grands rôles du bel canto romantique et des répertoires verdien, puccinien et vériste.


Le maestro Giacomo Sagripanti au Teatro di San Carlo à Naples. (Photo : Lorenzo Montanelli)

Sa voix est passée par de différentes étapes, avant d’être classée comme soprano lyrique et dramatique, car Maria Agresta était à l’origine une mezzo-soprano. Sa prestation lui a valu des récompenses, ainsi qu’une grande renommée dans son pays natal. Malgré une carrière professionnelle construite dans cette tessiture, elle se lance dans une nouvelle aventure : adapter sa voix à des registres du répertoire classique où elle brille comme soprano, guidée par sa mentor Raina Kabaivanska. C’est une femme qui chante l’amour et défend les femmes dans la plupart de ses rôles.

Enfin, la jeune soprano égyptienne Fatma Saïd, celle qui compte désormais parmi les stars internationales du chant lyrique. Elle a exprimé à maintes fois son enthousiasme de collaborer à nouveau avec l’orchestre et la chorale de Teatro di San Carlo, après avoir été invitée plusieurs fois sur ses planches à Naples.

Après avoir obtenu un diplôme du Conservatoire du Caire en 2009, elle se lance dans un voyage musical qui l’a d’abord menée à la Hanns Eisler School of Music de Berlin, puis au prestigieux théâtre de l’Académie de La Scala de Milan.

Sa voix marie, dans la diversité des interprétations et des timbres linguistiques chantés en différentes langues, couleurs vocales et musicales (opéra, opérette, zarzuela, comédie musicale, pop, jazz, swing).

Saïd a déjà donné plusieurs concerts de gala dans de prestigieux sites touristiques en Egypte : au Musée des civilisations, au Grand Musée égyptien et au Palais historique de Abdine. Dans son dernier EP Hommage à Abdel-Wahab, sorti il y a quelques jours, elle revisite le répertoire du compositeur et chanteur égyptien Mohamad Abdel-Wahab. Sous les arrangements de James Whitbourn, elle interprète les oeuvres célèbres de Abdel-Wahab, mais à la manière d’une chanteuse d’opéra classique.

Sous le ciel étoilé qui couvre les pyramides, la soirée s’annonce fascinante.

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