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Une comédie en déroute

Yasser Moheb , Jeudi, 24 août 2023

Dans son nouveau film Maréï Al-Brimo (Maréï le Primo) de Saïd Hamed, le comédien Mohamad Héneidi renoue avec son personnage préféré du jeune originaire de la Haute- Egypte, mais il perd le Nord.

Une comédie en déroute
Un trésor est caché dans les pastèques.

Il y a des comédies qu’on regarde pour le plaisir, d’autres qu’on regarde simplement pour passer le temps, et d’autres à travers lesquelles on regarde le temps passer. Maréï Al-Brimo (Maréï le Primo) appartient à cette troisième catégorie. Tous les gros dynamismes sont là : des gestes nombreux, des expressions continues, des personnages aux traits caricaturaux, des noms de comédiens capables de faire réussir pas mal d’oeuvres … Oui, tout y est, sauf l’humour.

Connu pour ses anciens grands succès en tant que comédien, à travers les personnages de Saïdi fil Gamaa Al-Amrikiya (un jeune du sud à l’AUC), Hammam fi Amsterdam (Hammam à Amsterdam), Bilya we Démagho Al-Alya (Bilya le cool) ou Ramadan Mabrouk Aboul-Alamein Hammouda qui lui ont attiré la sympathie de ses fans, Mohamad Héneidi laisse compter cette fois-ci sa seconde comédie, surtout après son dernier film, Nabil Al-Gamil (l’esthéticien).

C’est tout simplement l’histoire de Maréï, un jeune de la Haute- Egypte qui, après avoir perdu ses parents, sera élevé par l’un des amis de son grand-père — joué par Mohamad Mahmoud. Il épousera d’ailleurs la fille de ce dernier, interprétée par Ghada Adel. Devenant un fameux marchand de pastèques, surnommé Maréï le Primo, il découvre enfin qu’il a un grand-père — campé par Ahmad Bédeir — qui lui a préservé son héritage sous la forme de pièces de diamant. Et ce, pour échapper aux convoitises de ses cousins assez cupides, joués par Moustapha Abou-Série et Alaa Morsi. Pour sauver ses diamants, Maréï les cache à l’intérieur de deux pastèques qu’il cache sous son lit et sur lesquelles il a marqué son sobriquet : Al-Primo. Toutefois, le choc était vite au rendez-vous car il a découvert que son épouse a vendu ces deux pastèques, entre autres. C’est là que Maréï, aidé par tous les membres de sa famille, commence une série d’aventures en quête des deux pastèques renfermant son trésor !

Besoin de plus d’humour !

L’idée du film paraît assez amusante sur le papier, mais sur l’écran, l’effet est bien moins grisant qu’on aurait pu le penser. Le principe du métrage n’est pas donc sans rappeler le personnage du Saïdi à travers lequel Héneidi a connu une véritable consécration au cinéma. C’est ce qui l’a encouragé probablement à reprendre le même personnage, presqu’à la lettre une énième fois, avec la réussite en moins. Conclusion : pas vraiment la meilleure idée que Héneidi ait eue. On avoue avoir mis beaucoup d’espoir sur le scénario, signé Ihab Beleibel, celui qui a écrit des comédies grosso modo réussies tel Océan 14, Hamel Al-Laqab (le tenant du titre) ou récemment Al-Boeboe (le croquemitaine). Cependant, les blagues ne sont pas à la hauteur et les virements scénaristiques ne sont ni originaux, ni crédibles. L’humour est artificiel, épais comme du gros sel, et détonne, mettant plus en vedette des humoristes que des acteurs de métier. Mohamad Héneidi en fait des caisses sans parvenir à nous arracher un sourire. L’intrigue est à l’image des héros du film, malingre et creuse, laissant une large place aux extravagances et aux nombreuses leçons de morale.


Maréï et son épouse.

De son côté, Ghada Adel joue la femme assez naïve, avec tous les clichés que cela implique : expressions corporelles exagérées, attitudes presque toujours idiotes et des blagues assez fades. Quant au reste du casting, ils ne sont ni mauvais ni au sommet de leur art. Même pour les deux comédiens Ahmad Bédeir et Loutfi Labib, qu’on a hâte de revoir dans d’autres rôles, à la hauteur de leur filmographie.

Plus rien à sauver

Quand un scénario est mauvais, parfois le film se rattrape avec une réalisation originale, bien travaillée ou audacieuse. Ce n’est pas non plus le cas ici. Fade, la réalisation signée Saïd Hamed aurait grand besoin d’une piqûre d’adrénaline et d’humour pour gagner en dynamisme et en originalité. Faisant son comeback avec Héneidi, 18 ans après leur dernière rencontre sur écran dans Yana ya Khalti (ô ma tante), le réalisateur n’a rien présenté de nouveau par rapport à leurs anciennes réussites. Hamed enchaîne ainsi les clichés visuels pendant les 115 minutes du film. Presque deux longues heures où l’on se dit que le réalisateur a voulu faire un brûlot en retrouvant son comédien fétiche.

Et pour finir d’enrubanner cette absence de succès espéré, la photographie et le décor ont des allures de série-télé de moyenne gamme, pâles comme un drame à l’eau de rose. Tout au contraire, s’il y a bien un genre qui mérite une photographie éclatante et des décors toujours innovés, c’est pourtant la comédie. On gardera au moins en mémoire quelques jolis plans d’ensemble du paysage des plages de Sahl Hachich à Hurghada. Bref, rien dans ce film n’est à sauver. On ne peut pardonner le recours de son équipe à un tel simplissime, doublant toutefois le sentiment de longueur dans une comédie qui n’est pas du tout drôle. Celle-ci accélère même l’ennui, notamment avec des comédiens peu probants. Film à voir si l’on veut noter la pente en zigzague de la filmographie d’une star qui perd souvent la boussole !

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