Ça y est, c’est le grand Baïram, l’arcade principale de la saison estivale du cinéma qui vient de commencer. En effet, qui dit Baïram, dit projection de films. Le coup d’envoi de la plus importante saison d’été du cinéma en Egypte est lancé.
Comme c’est le cas depuis des années, on a droit à une avalanche de films, et les sorties cinéma de la grande fête se sont avérées passionnantes. Entre drames, comédies romantiques et films d’action pour adolescents, il est difficile de faire un choix.
Voici les quatre nouveaux films du grand Baïram, qui feront courir les foules au cours des quelques prochaines semaines, et où producteurs et distributeurs prennent part à une course effrénée, essayant de collecter les plus grands revenus possibles.
En tête de liste, il y a le film Tag, écrit et interprété par Tamer Hosni et réalisé par Sara Wafiq. Cette nouvelle fiction, avec la jeune Dina Al-Cherbini en tête d’affiche, regroupe les comédiens Hala Fakher et Amr Abdel-Guélil, dans une oeuvre oscillant entre comédie et science-fiction, puisqu’il s’agit de deux personnages, Haroun et Tag, joués par Tamer Hosni. Tag est doté d’une force spéciale et de capacités surnaturelles, ce qui lui cause beaucoup de problèmes.
Tag.
Toujours dans le genre films d’action, l’attente était également assez forte autour d’Al-Boeboe (le croquemitaine), une nouvelle comédie sociale jouée par Amir Karara et Yasmine Sabri. L’attrait de ce long métrage est qu’il marque le retour de Karara au cinéma. Celui-ci était absent depuis son grand succès avec Casablanca en 2019. Dans cette nouvelle fresque romantique, il s’agit de Sultan — Amir Karara —, un ancien criminel qui décide de se repentir et dont tombe amoureuse une jeune et belle pharmacienne — Yasmine Sabri. Il s’engage dans plusieurs aventures afin de changer son mode de vie. Ecrite par Ihab Beleibel et réalisée par Hussein Al-Menabbawi, cette comédie romantique est projetée dans une trentaine de salles de cinéma.
Loin de prendre des couleurs sombres, l’éventail cinématographique propose essentiellement, et comme de coutume, des oeuvres qui relèvent du registre comique. Pour les mordus des comédies et plus particulièrement des jeunes farceurs, Mister Ex, joué par le couple marié Ahmad Fahmi et Hana Al-Zahed, vise, dans son ensemble, à tracer le sourire sur les lèvres des spectateurs. Ecrite par Amgad Al-Charqawi d’après une histoire signée Amani Al-Tounsi et réalisée par Ahmad Abdel-Wahab, cette nouvelle comédie est jouée, entre autres, par Bayoumi Fouad, Mohamad Ossama, Mahmoud Hafez et Mohamad Anouar.
Accaparant la majorité des salles de cinéma, ce film, projeté dans plus de 40 salles, jette la lumière sur la relation des jeunes avec leurs anciens bien-aimés, « leurs ex », à travers l’histoire d’un groupe de jeunes travaillant dans une société dont la tâche principale est de jouer le rôle de conciliateur entre les amoureux (!), ce qui crée plusieurs situations comiques entre les différents protagonistes.
Combat entre l’humanité et les réseaux sociaux
Parmi les films incontournables de cette saison, il y a certes la nouvelle comédie sociale Beit Al-Roubi (la maison Al-Roubi). Ce nouveau film du jeune réalisateur Peter Mimi aborde le thème du rythme effréné des grandes villes, ainsi que notre relation avec les réseaux sociaux et leur impact sur notre quotidien.
Le film relate la vie de la famille d’Ibrahim Al-Roubi — interprété par Karim Abdel-Aziz — qui a décidé d’aller vivre près de la mer, loin de la capitale, pour être en paix avec son épouse gynécologue Imane — campée par Nour — et ses deux enfants. Ils mènent une vie calme loin du chaos de la ville, jusqu’au jour où ils accueillent Ihab Al-Roubi, le frère cadet d’Ibrahim — joué par Karim Mahmoud Abdel-Aziz —, et son épouse influenceuse, Bahira (Tara Emad). Ce dernier est venu convaincre Ibrahim de l’accompagner pendant trois jours au Caire, pour finir quelques papiers au sujet du salon de coiffure qu’ils ont hérité de leur père, dirigé depuis peu par Ihab. A travers cette courte visite, on découvre la crise qui a conduit les membres de la famille du frère aîné à s’enfuir du Caire et à tout laisser — y compris leur travail et leur domicile — pour aller vivre où personne ne les connaît. Entourés malgré eux des réseaux sociaux, ils se trouvent du jour au lendemain obligés d’affronter leur passé qui commence à les hanter de nouveau, mais encore plus cruellement.
Le film souligne à quel point le monde hystérique des réseaux sociaux peut chambouler nos vies et déformer nos habitudes, rendant les êtres humains moins humains et beaucoup plus critiques et violents les uns à l’égard des autres. Portant la signature du tandem Mohamad Al-Dabbah et Rim Al-Qammach, le scénario du film tombe parfois dans le simplisme, avec quelques scènes de déjà-vu. Les plans sont toutefois plus près des personnages, ce qui permet au spectateur de capter les émotions des protagonistes et d’établir une proximité avec eux. La ville, surtout Le Caire, est bien présente en tant que décor dans le film, mais l’être humain reste au centre du récit et la ville se retrouve souvent dans le flou.
Chercher la paix en soi
Le scénario comporte quelques maladresses, mais l’idée générale est louable. Le réalisateur Peter Mimi, connu pour ses anciennes réussites dans les comédies sociales, signe là une comédie qui n’est pas tout à fait à la hauteur de certains de ses anciens exploits. On s’attendait en effet à une oeuvre plus compacte et plus plaisante par ce réalisateur talentueux.
Les acteurs, eux, sont presque tous excellents, surtout Karim Abdel-Aziz et Nour, campant leurs deux personnages sereinement. Karim Mahmoud Abdel-Aziz reste l’une des sources de la facétie dans l’oeuvre, quoiqu’il tourne en rond dans son talent de farceur, en répétant le même jeu qu’il présente dans presque la majorité de ses rôles comiques. Il reste Mohamad Abdel-Rahman — dans le rôle du cousin des deux héros-frères —, la source principale du sourire dans cette oeuvre, avec sa prestation toujours rafraîchissante. Tara Emad, elle aussi, mais surtout Moustapha Abou-Serie, tous ont livré une prestation accomplie. D’ailleurs, ce qui rend également ce métrage si efficace, c’est sa bande originale, signée Khaled Hammad. Celle-ci est tout bonnement adéquate, jouant aussi un rôle — non négligeable — dans la rythmique du film.
Collectant déjà une dizaine de millions de L.E. dans deux semaines de projection, ce nouveau film réussit à s’adresser différemment aux jeunes qui envahissent les salles de projection. On sort de la salle avec le sourire et un sentiment de joie.
En conclusion, cette saison de la fête au cinéma s’annonce riche en émotions et en divertissement. Quels que soient vos goûts et vos envies, vous trouverez forcément un film à voir pour vous évader et profiter de la fraîcheur des salles obscures.
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