May Abdel-Aziz a donné une dimension contemporaine au chant soufi.
Après avoir partagé, avec succès, une courte vidéo où elle reprend le chant soufi de la troupe marocaine Ibn Arabi, Araftou El-Hawah (j’ai connu la passion), sur les plateformes de streaming musical, Dalia Farid Fadel a décidé de se lancer dans une nouvelle aventure. Cette fois-ci, elle interprète avec la chanteuse de musique pop et soufie May Abdel-Aziz une nouvelle oeuvre d’ordre spirituel, Ma Ahlak (comme vous êtes beau). Les paroles et la composition sont de Dalia Fadel et l’arrangement musical de Moustapha Aziz.
Il s’agit d’une hymne soufie, du genre à mettre du baume au coeur. « Pour la première fois, on présente un dialogue d’amour divin regroupant deux chanteuses de religions différentes, May Abdel-Aziz étant musulmane et moi-même chrétienne. Ce duo nous unit davantage, grâce à une musique spirituelle, mêlant cantiques à modèle polyphonique, hymnes religieuses et chants chrétiens au chant soufi du samaa, tout en ajoutant une touche pop. Ma Ahlak est riche de par ses vocalités et ses rythmes, et de par la liberté religieuse qu’elle prône », déclare Dalia Farid.
Cette vocaliste à la voix de soprano, légère et lyrique, au timbre pur, confirme : « Toute musique relaxante portant une sensation d’exaltation me passionne. Dans des chants que j’ai déjà interprétés, j’ai loué Dieu par le coeur et la voix ». La vidéo d’Araftou El-Hawah, qui a fait le tour de la toile, a été filmée il y a quelques mois à Beit Yakan, une maison du Vieux Caire, construite au XVIIe siècle. Dalia Fadel y était accompagnée au daf (tambourin) par Fady Ezzat et au luth par Michael Onsy qui lui ont permis de bien placer sa voix sur la musique et de travailler les nuances avec exactitude. En trio, ils ont ainsi revisité l’une des plus belles compositions de l’ensemble marocain de Tanger Ibn Arabi, rassemblant des paroles de Rabéa Al-Adawiya et d’Ibn Al-Farid.
A sa manière, Dalia Fadel a emmené les auditeurs vers un lieu secret plein de spiritualité où tournoient les âmes en quête du divin. Et pour y arriver, elle a d’abord très bien mémorisé les paroles et les mélodies de l’ensemble Ibn Arabi, en y ajoutant ce qu’elle ressent.
Les crescendos et decrescendos de la vie
Dans Ma Ahlak, la musique cherche aussi à nous rapprocher du divin, d’un seul Dieu, grand et miséricordieux, de la source de l’amour inconditionnel, comme l’expriment les paroles de la chanson. « Les poèmes capables de connecter nos corps et nos âmes aux choses de la vie quotidienne me touchent particulièrement », affirme Dalia Fadel, qui excelle à traduire tout le sens dramatique des mots chantés.
Dalia Fadel, à la maison Yakan, accompagnée du luth et de la percussion.
Ma Ahlak constitue une sorte de ballade musicale, à la structure répétitive. Elle repose sur de courtes mélodies accrocheuses et entraînantes, ainsi qu’une variété de rythmes et de tonalités, parfois dansants. Les rythmes lents et rapides sont en alternance, pour écarter toute monotonie, en dépit des répétitions. Les crescendos et decrescendos qui se croisent tout au long de la chanson ne sont pas sans refléter les divers états d’âme de tout un chacun. C’est un peu aussi à l’image de la vie. De quoi s’attendre à un succès sur les plateformes de streaming musical.
Dalia Fadel a fait des études en sciences politiques à l’Université américaine du Caire, puis a obtenu un master en théâtre musical de la Royal Academy of Music de Londres. Ayant suivi une formation avec la soprano égyptienne Névine Allouba, elle a toujours varié les genres et les registres, puisant dans le jazz, le pop, le folk, la chanson française et la musique arabe.
Sa partenaire dans Ma Ahlak, la chanteuse et compositrice May Abdel-Aziz a fait des études de communication à l’Université américaine du Caire, puis des études supérieures en psychologie de l’enfance à Los Angeles. Sa voix suave lui a permis de battre les records de streams, notamment sur YouTube, avec sa chanson soufie phare Ghofranak (ton pardon). « Le monde doit prendre le chemin de la paix, de la fraternité et de l’amour », dit May, qui a contribué à l’écriture des paroles de Ma Ahlak en arabe classique. Des métriques harmonieuses chantées a cappella, sans instruments, font office de médiations poétiques, à même de nous faire entrer dans un état d’extase. La chanson nous invite à ouvrir notre coeur à l’énergie divine qui délie et qui libère.
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