La monteuse devant la moviola.
Zawgat Ragol Mohem (l’épouse d’un homme important, 1987), Ayam Al-Sadate (les jours de Sadate, 2001), Ahlam Hind wa Camélia (les rêves de Hind et Camélia, 1989), Darbet Chams (coup de Chams, 1980), Kharaga wa Lam Yaöd (porté disparu, 1984) et Al-Harrif (The Street Player, 1983). Ces fictions réalisées par Mohamad Khan, ainsi que Sawwaq Al-Otobiss (le chauffeur de l’autobus, 1982) de Atef Al-Tayeb, ont toutes porté l’empreinte de la monteuse Nadia Choukri, disparue il y a plus de 20 ans.
Impossible de regarder ces films mémorables de l’histoire du cinéma égyptien et rester indifférent. Et ce, en partie grâce au montage habile de Nadia Choukri. Car ils abondent de vie et touchent au réel, par des séquences bien mises en valeur.
Choukri éprouvait une grande passion pour le montage. Elle le travaillait avec tous ses sentiments. Amie de Mohamad Khan, Atef Al-Tayeb, Béchir Al-Dik, Khaïri Bichara et Daoud Abdel-Sayed, elle a fondé avec eux le groupe des films d’Al-Sohba (les films des amis). Le groupe aspirait à produire des oeuvres différentes et novatrices. Pourtant, leur seule et unique production a été Al-Harrif, avec Adel Imam. Les membres du groupe ont quand même continué à travailler ensemble, après la fin de leur partenariat.
Nadia Choukri, témoignent les uns et les autres, avait une mémoire visuelle pertinente. Elle était capable de narrer par les séquences des films qu’elle mettait en ordre selon sa propre logique dramatique; elle agençait des histoires intéressantes de manière à permettre au public de croire à ce qu’il regardait et d’y adhérer.
Malgré de nombreuses prises avec ses collaborateurs, elle parvenait souvent à défendre son montage jusqu’au bout. Elle savait quand céder la place au réalisateur, dit-on, pour créer un chef-d’oeuvre.
Le réalisateur Mohamad Khan racontait que Nadia Choukri avait changé la fin de son film Sawwaq Al-Otobiss, dont il a écrit la trame avec le scénariste Béchir Al-Dik. Ce drame social à succès, réalisé par Atef Al-Tayeb, devait se terminer différemment. Mais Choukri avait une autre opinion. Elle a proposé que le film s’arrêterait à la scène où le chauffeur se ruait sur le voleur, afin de le battre, s’attaquant ainsi à tous les corrompus, quel que soit leur niveau.
Dans tout le film, le nom de Nadia Choukri était devenu l’équivalent d’une oeuvre spéciale, rythmée par des séquences dramatiques bien mises en valeur.
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