2023 s’annonce une année théâtrale par excellence. Lors d’une conférence de presse tenue au Théâtre National la semaine dernière, le metteur en scène Khaled Galal, chargé du secteur théâtral auprès du ministère de la Culture, a annoncé sa nouvelle stratégie visant à réformer les théâtres de l’Etat, avec leurs 12 troupes, et à évaluer leurs potentiels.
Le théâtre rénové Masrah Masr ouvrira bientôt ses portes, rue Emadeddine, au centre-ville du Caire, une fois les travaux de restauration terminés. Le système de réservation électronique des billets débutera cette année. Trois grands théâtres vont se munir d’une billetterie électronique et présenteront de nouvelles productions, à savoir le Théâtre National avec Sayedati Ana (ma petite dame) de Mohsen Rizq, le Théâtre Moderne (Al-Salam) avec Emsek Harami (attrapez le voleur) de Essam Al-Sayed, et le Théâtre Comique (Miami) avec Tayeb wa Amir (un homme débonnaire) de Mohamad Gabr.
Une série d’initiatives
Tous les ans, un mois entier sera consacré aux oeuvres du répertoire classique, produites par les théâtres étatiques. Et on compte renouer avec la tradition des spectacles en matinée. En outre, la programmation des petites salles, annexées aux grands théâtres, sera essentiellement centrée autour des présentations « plus intimes ». S’ajoute à cela le lancement de L’école Samir Al-Asfouri qui est censée fournir de nouvelles mises en scène et adaptations d’après l’oeuvre de Naguib Mahfouz. Le célèbre metteur en scène Samir Al- Asfouri coachera ainsi de jeunes artistes durant leur démarche pour atteindre de nouveaux horizons. Par ailleurs, le Théâtre National lance une initiative visant à présenter des oeuvres biographiques, mettant en lumière les figures de proue de l’histoire de l’Egypte. Parmi les projets qui ont été annoncés durant la conférence de presse, une pièce portant sur le personnage du cheikh Metwalli Al-Chaarawi (1911-1998), qui a suscité une vive polémique. Sur les réseaux sociaux, plusieurs ont jugé que c’était un personnage très controversé. Adulé par les uns, critiqué par les autres, ses opinions conservatrices et son rôle politico-religieux sont loin de faire l’unanimité. Né ici est une troisième initiative lancée par la troupe du théâtre itinérant, un peu dans le même esprit, car elle aborde la vie de héros issus des diverses provinces égyptiennes et effectue des tournées un peu partout dans le pays.
Théâtre Masr, en cours de restauration.
L’Orchestre du théâtre d’avant-garde (Al-Talia) est également un nouveau projet sur les rails. Il vise à faire revivre le répertoire des spectacles musicaux. Actuellement, il est en train de passer des auditions pour sélectionner de jeunes chanteurs et musiciens. Ceux-ci suivront par la suite des ateliers de formation et se produiront durant un concert mensuel, dédié aux chansons de spectacles et d’opérettes.
Le Théâtre des Jeunes, pour sa part, s’est chargé d’introduire tous les ans dix nouveaux metteurs en scène, à travers dix spectacles, et ce, dans le cadre de l’initiative Metteur en scène professionnel. Ce programme constitue une sorte d’observatoire des nouveaux talents, issus notamment des théâtres universitaires et ceux des provinces. Leurs spectacles seront donnés sur les planches du théâtre Malak.
Ressusciter le théâtre scolaire
En dehors de ces multiples initiatives lancées par les troupes de l’Etat, un autre projet ambitieux vient de commencer, afin de développer les activités du théâtre scolaire. Et ce, en étroite collaboration avec la société de services médiatiques Al- Mottahida, les chaînes satellites Madrassetna, ainsi que les ministères de l’Education et de la Culture.
Pendant longtemps, le théâtre scolaire était plus ou moins négligé. Or, il a autrefois servi de pépinière pour les divers talents ; plusieurs grands noms y ont fait leur début avant de se faire connaître et de marquer la scène artistique. Les affiches et panneaux publicitaires annonçant les premières activités de ce projet sont un peu partout dans les rues du Caire, dont notamment ceux consacrés au spectacle Teqdar (tu en es capable).
Ecrit par Medhat Al-Adl et mis en scène par Batoul Arafa, celui-ci regroupe un grand nombre de stars telles que Yousra, Mohamad Farag, Mohamad Al-Charnoubi, Hanane Motawie, etc. Il s’agit d’un grand show musical, usant de nouvelles techniques comme le mapping et l’hologramme. Il passe en revue les problèmes des enfants à l’école, à la recherche de solutions.
Les scènes de danse collective sont chorégraphiées par Hady Oweida, (qui a déjà collaboré aux shows de l’émission Star Academy) et les chansons sont composées par Ihab Abdel-Wahed. Quatorze enfants ont été sélectionnés dans les écoles, afin de participer au spectacle. Ils ont suivi une formation avec la metteuse en scène Batoul Arafa pendant quelques mois.
Le spectacle a été présenté dans la grande salle de l’Opéra du Caire les 7 et 8 janvier dernier, mais il sera également diffusé sur plusieurs chaînes satellites égyptiennes, notamment celles de Madrassetna. Le projet du théâtre scolaire comporte aussi l’organisation de compétitions et d’ateliers de formation au sein des écoles, afin de repérer les enfants qui ont du talent.
Une pièce indépendante au Maroc
Autre bonne nouvelle concernant le champ théâtral est la participation de la pièce égyptienne What The Hell I am Doing Here le 12 janvier à la 13e édition du Festival marocain de l’Institut arabe de théâtre, qui se tient jusqu’au 16 du mois courant. Il s’agit d’une production indépendante de danse contemporaine, mise en scène par Carole Aqqad, sur les contraintes imposées aux femmes, au sein d’une société conservatrice. Les interprètes dansent dans la cuisine, qui se transforme en un espace d’emprisonnement. Elles cherchent à libérer leur corps et à se libérer tout court par le biais du théâtre.
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