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Quand Cupidon lance ses flèches

Yasser Moheb, Lundi, 30 septembre 2013

Le film Nazareyet ammeti (la théorie de ma tante) d’Akram Farid est une comédie à l’eau de rose, portant la première signature au cinéma du romancier Omar Taher.

Nazareyet ammeti
Un gentil conte de fées, sans plus.

Il existe des films qui se rangent par excellence sous l’étiquette cinéma jeune. Et ce simple adjectif « jeune » s’avère une gage de réussite. Nazareyet ammeti vient parmi ceux-ci, avec le duo Hassan Al-Raddad et Houriya Farghali.

Une production calibrée pour son idylle émotive, ses protagonistes passionnés et ses astuces fictives, rusées mais hilarantes. Elle marque aussi la première contribution du jeune écrivain Omar Taher dans le domaine cinématographique.

Enième variation sur l’amour alambiqué, Nazareyet ammeti se démarque sur un point principal : son postulat aussi romantique que gai.

Sara — interprétée par Houriya Farghali — présente la dernière personne imaginable sur Terre pour laquelle Nour, animateur d’un programme de talk-show — campé par Hassan Al-Raddad — serait tombé amoureux. De nature sérieuse et timide, elle est loin d’être assez cool pour l’intéresser. Car celle-ci est très attachée aux moeurs et aux coutumes, et son statut de « demoiselle réservée ». Quant à Nour, il n’a pas de plan pour l’avenir et montre un « je-m’en-foutisme total ». Mais Cupidon lance ses flèches et il se trouve du jour au lendemain épris de Sara, faisant partie de l’équipe de son talk-show.

Procédés de cinéphile

Quoique touchant et bien réalisé grosso modo, le scénario abonde de tous les stéréotypes que l’on peut voir dans les films du genre : le beau mec qui tombe amoureux de l’intello, forcément très belle sous son déguisement de maladroite et conservatrice.

C’est sûr, c’est une romance pleine de clichés, à tel point qu’avant même de le visionner on sait déjà à quoi s’attendre. Toutefois, le balancement entre comédie et drame permet des moments réellement tendres et savoureux, où la nostalgie est provoquée par de petits souvenirs, avec un zeste de burlesque.

Le cinéphile chez Omar Taher devance le cinéaste, chose bien claire car il donne la voie libre au plagiat pour porter sur des scènes précises du film, au lieu d’inventer de nouvelles situations. Donc le scénario regorge de plusieurs clichés et procédés déjà mâchés dans plusieurs films des années 1970.

Un casting réussi

L’interprétation est l’une des veines principales de ce long métrage, puisque chaque personnage a sa caricature et son ton de parole. Les seconds rôles sont également remarquables, surtout avec Lébléba dans le rôle de la tante, experte dans le monde masculin, et avec Hassan Hosni, même si son personnage du capitaine Hassan Al-Bambi, le père de l’héroïne, manque de profondeur. Reste à mentionner la réussite de la réalisation, signée Akram Farid, à bien perpétrer le scénario et à compenser les quelques longueurs et les niaiseries par une bonne image signée Ihab Mohamad Ali. Une galerie de procédés visuels viennent amplifier les idées et étaler les capacités du réalisateur à bien choisir des looks hilarants, notamment pour les flash-back.

Quant à la bande musicale d’Amr Ismaïl, elle mérite une mention spéciale, pour avoir réussi à suivre les émotions des protagonistes. Le recours à l’accordéon dans plusieurs séquences donne l’impression qu’on est devant un conte de fées que l’on raconte au fur et à mesure.

Bref, Nazareyet ammeti n’est sans doute qu’une jolie romance qui prouve une fois de plus que même lorsqu’il s’agit de petits films aussi vite vus qu’oubliés, les jeunes cinéastes ne se contentent jamais du minimum vital. Il y a un certain savoir-faire qui condense un plaisir immédiat. L’émotion contenue pendant les 2 heures du film éclate grâce à un happy end assez direct.

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