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Une star qui renaît

May Sélim, Mercredi, 30 novembre 2022

La nouvelle pièce musicale Anestouna (vous êtes les bienvenus), du metteur en scène Khaled Galal, présente un remake du mythe de Pygmalion, avec beaucoup de succès. La comédienne Donia Samir Ghanem y brille de mille feux.

Une star qui renaît
Donia Samir Ghanem fait une apparition angélique sur scène. (Photo  : Al-Sayed Abdel-Qader)

Les histoires de métamorphose inspirent souvent les metteurs en scène. Depuis Pygmalion de Bernard Shaw, créé en 1914, le thème est assez récurrent sur les planches. On a souvent suivi sur scène le modèle d’une femme qui se transforme complètement, puis tombe amoureuse de son mentor.

Le metteur en scène Khaled Galal, dans sa nouvelle pièce de théâtre Anestouna (vous êtes les bienvenus), ne tombe pas cependant dans le piège du déjà-vu. Il a réussi à monter un spectacle, évoquant la métamorphose d’une chanteuse populaire, assez vulgaire, issue d’un quartier populaire, en une star du show-business, interprétée par la comédienne talentueuse Donia Samir Ghanem.

Le metteur en scène a choisi de s’éloigner entièrement des clichés, en lien avec ce thème, traité à plusieurs reprises. Ecrite par Ahmed Abdel-Wahab et Karim Sami, la pièce tourne autour d’un maestro qui prépare un spectacle musical. Il tombe sur un théâtre abandonné, hanté par l’âme d’une fameuse chanteuse du début du siècle dernier. Celle-ci faisait en sorte que personne d’autre ne puisse chanter sur les mêmes planches, sauf sa petite-fille qui vit dans le quartier populaire d’Al-Sakakini. Il s’agit de la jeune Zalabiya, qui sera formée pendant des mois par le maestro, afin d’être la star de son prochain show.

La mise en scène de Khaled Galal associe les aspects du spectacle et de la comédie, d’où une pièce amusante, présentant différemment Donia Samir Ghanem.

Zalabiya ensorcelle le maestro par sa voix. Ce dernier tente de convaincre le reste de son équipe de travail qu’elle est la meilleure à jouer dans son spectacle.

L’opposition entre les personnages de la chanteuse d’autrefois, de la fille issue de milieu populaire et du maestro raffiné et doté d’une vaste culture, donne lieu à des scènes hilarantes. La chanteuse populaire vit dans le palais du maestro; le jeu des contrastes avec les voisins et les domestiques crée aussi des effets humoristiques.


Un face-à-face entre la chanteuse d’autrefois et le metteur en scène d’aujourd’hui. (Photo  : Al-Sayed Abdel-Qader)

Les scènes se suivent rapidement, évoquant les diverses phases de la transformation. Le professeur de musique de la star à devenir est complètement dévasté: elle est vulgaire et fait constamment fausse note. Puis, son professeur d’arabe classique se dit navré. Car elle prononce mal et utilise un lexique bizarre.

Le décor de Amr Abdallah souligne les paradoxes entre la vie du palais et celle du quartier populaire, en insistant sur des éléments spécifiques: Le chariot de fèves est placé dans le salon du palais, des chaises et une petite table recréent l’ambiance du café populaire.

Le côté naturel de Donia

Donia Samir Ghanem excelle dans le chant, la danse et la comédie. Son interprétation est spontanée, sans prétention aucune. Au départ, elle incarne la grand-mère ou la chanteuse d’antan, ayant une allure angélique avec sa robe élégante et ses gants blancs. Puis, elle entre dans la peau de Zalabiya, la petite fille ou chanteuse populaire. Les costumes conçus par Marwa Auda mettent en relief la différence entre les deux personnages, ainsi que la chorégraphie de Khadiga Al-Arqan.

Les chansons écrites par Ayman Bahgat Qamar et mises en musique par Amr Moustapha bouleversent les scènes et accélèrent le rythme. La chanson d’introduction Hawa ya Hawa (passion, oh passion) nous plonge dans l’ambiance classique d’autrefois. La chanson du mariage Sika Mika introduit la star populaire sur scène. Etnaqalna (nous passons à autre chose) traduit bien sa métamorphose totale.

Et à un moment-clé de la pièce, l’image de la chanteuse d’antan, accrochée au mur, bouge. Elle chante, s’adressant à sa petite-fille. La chanson est comme une conversation entre elles, où la grand-mère incite sa descendante à chanter et à vaincre ses peurs.

A la fin, le théâtre est rénové et la chanteuse reprend sur scène la même chanson, interprétée autrefois par sa grand-mère. D’un coup, elle ôte sa robe dorée et apparaît en combinaison brillante, dansant sur les rythmes trépidants de nos jours et chantant Yalla Yalla (allons-y), incitant tous les talentueux à faire comme elle, sous les applaudissements du public. Elle répète alors la chanson Anestouna (vous êtes les bienvenus) dans une grande joie, en référence à la chanson des devinettes interprétée plusieurs années auparavant par le père de la comédienne, récemment décédé, Samir Ghanem. Il était lui aussi une véritable star des planches.

Anestouna, tous les jeudis, vendredis et samedis à 20h au théâtre de l’Opéra Must, au 6 Octobre.

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