Envoûtante, la soprano Fatma Saïd a choisi de s’habiller tout en rouge sur la photo de la couverture de son second album Kaléidoscope, qu’elle vient de partager sur Apple Music, Spotify, Deezer, Anghami et YouTube. Elle va bientôt interpréter quelques-unes de ses chansons au Caire, le 20 janvier 2023, au prestigieux palais Abdine, sous la direction du maestro Nader Abbassi.
Dans son nouvel album, comptant 20 titres, elle survole les genres et les époques, passant de Johann Strauss, Franz Lehar, Jacques Offenbach, Charles Gounod, Kurt Weill, Astor Piazzolla, Jules Massenet, André Messager et Joaquin Nin à Serge Gainsbourg et Whitney Houston. D’où le titre Kaléidoscope. Sur les réseaux sociaux et les plateformes de streaming musical, la chanteuse a partagé le vidéoclip de la fameuse Wiener Blut (sang viennois), sur lequel on la voit chanter et danser gracieusement cette valse romantique. Elle montre une maîtrise de sa palette de timbres, tantôt nobles, tantôt frais, voire innocents.
Dans Kaléidoscope, elle chante aussi, entre autres, Meine Lippen, sie küssen so heiß (Giuditta) de Franz Lehar, Minué cantado (14 airs anciens d’auteurs espagnols), Obéissons, quand leur voix appelle (des suraigus de la Manon) de Jules Massenet, Il est dans les nuits espagnoles (La Fiancée en Loterie) d’André Messager, La Tarántula é un bicho mú malo (La Tempranica), Cheek to Cheek (jazz d’Irving Berlin), Youkali (hymne d’espoir pour tous les exilés composé par Kurt Weill), Por Una Cabeza (tango de Carlos Gardel), Yo Soy Maria et J’oublie (Oblivion), toutes les deux d’Astor Piazzolla. La Javanaise, chanson française de Serge Gainsbourg. Senza fine, de Gino Paoli, et I Wanna Dance with Somebody (Who Loves Me).

La soprano a enregistré toutes ces chansons, accompagnée de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par Sascha Goetzel, ainsi que par le groupe Quinteto Angel, réputé en Allemagne pour ses concerts de tango, et beaucoup d’autres interprètes indépendants dont la mezzosoprano Marianne Crebassa, la trompettiste Lucienne Renaudin Vary, le pianiste Tim Allhoff, le violoncelliste Henning Sieverts, et d’autres.
Des chansons selon son coeur
« Le kaléidoscope est un appareil formé d’un tube renfermant plusieurs miroirs disposés de façon à ce que de petits objets colorés placés dans le tube produisent des dessins variés. C’est la même chose pour mon kaléidoscope qui est un rendu de ma voix capable de se connecter à tous les sens. C’està- dire une voix qui marie, dans la diversité des interprétations et des timbres linguistiques chantés en six langues, couleurs vocales et musicales (opéra, opérette, zarzuela, comédie musicale, pop, jazz, swing) à variations et inflexions de danses (tango, valse viennoise, tarentelle, javanaise, danses de salon, menuet et gavotte de l’âge baroque…) », précise la soprano sur sa page Facebook. Heureuse d’avoir réussi à interpréter deux sortes de tango : le tango para bailar (à danser) et le tango cancion (chanson à écouter), elle explique son lien avec ce genre qu’elle a grandi en écoutant, dans la maison de ses grands-parents : « En dansant le tango argentin à l’âge adulte, j’ai été submergée par son côté passionnel et sa sensualité (…) C’est tout un style de vie, une philosophie, un moyen d’expression ».
Dans Yo Soy Maria, Fatma Saïd marie habilement le chant à la danse, disant qu’il lui était difficile d’imaginer l’un sans l’autre. C’est d’ailleurs le cas de plusieurs chansons de Kaléidoscope, où elle reprend souvent des oeuvres qu’elle aime bien, racontant parfois sur sa page Facebook comment elle les a découvertes. Elle mentionne par exemple comment elle a entendu Senza fine pour la première fois, en 2013, alors qu’elle était étudiante à Milan. « Je suis ravie de l’avoir enregistrée dans mon propre style, tout en s’inspirant de Gino Paoli » (ndlr : l’une des figures de proue de la musique italienne dans les années 1960-1970).
Elle ajoute par ailleurs à propos du tango chanté en arabe Ad Ay Sa’ab (comme c’est difficile), adapté par l’Argentin Angel Villoldo, d’après la mélodie d’El Choclo, sur des paroles de l’Egyptien Tamer Hussein : « Je le dédie à toutes les femmes du monde arabe qui travaillent très dur et relèvent tant de défis ».
Née au Caire en 1991, elle a commencé ses cours de chant à l’âge de 14 ans avec la soprano égyptienne Névine Allouba. Elle s’est lancée ensuite dans un voyage musical qui l’a d’abord emmenée à la Hanns Eisler School of Music de Berlin, puis au prestigieux théâtre de l’Académie de La Scala de Milan. Et en 2016, elle a signé un contrat d’enregistrement exclusif avec Warner Classics. C’est d’ailleurs avec ce label, qu’est la branche classique de Warner Music Group, que Fatma Saïd a sorti son second album, Kaléidoscope, succédant à son premier, Nour (lumière), lancé il y a deux ans.
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