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Du rock et des airs d’Orient

May Sélim, Mercredi, 05 octobre 2022

Petit-fils du chanteur égyptien Moharram Fouad, Tamino Amir s’est fait un nom en tant que musicien, compositeur et interprète d’« Indie Rock » (rock indépendant) en Belgique, où il vit depuis sa tendre enfance. Il vient de lancer son deuxième album, Sahar.

Du rock et des airs d’Orient
Tamino Amir est suivi par plus de 100  000 fans sur les réseaux sociaux. (Photo : Jeton Bakalli)

Le son d’oud (luth oriental) se fait nettement remarquer dans la chanson My First Disciple (mon premier disciple), laquelle fait partie du récent album Sahar (veiller) de Tamino Amir, sorti le 23 septembre dernier. Le musicien, âgé de 25 ans, n’aime pas forcer les choses. Fusionner l’occidental et l’oriental, le rock et les mélodies arabes, doit s’effectuer tout naturellement. Ceci dit, ses fusions trahissent son identité multiculturelle. Car le chanteur belge d’Indie Rock est d’origine égypto-libanaise et belge.

Il est né en 1996, d’un père musicien, organisateur d’événements, fils du chanteur égyptien Moharram Fouad (1934-2002), et d’une mère belge, anthropologue passionnée de musique. Il doit son prénom d’artiste au personnage du prince Tamino dans La Flûte enchantée de Mozart, le compositeur préféré de sa mère. Ensuite, son nom artistique, Amir (qui signifie prince en arabe), lui était donné par son père. D’ailleurs, son premier album, sorti en 2018, a porté son nom, Amir.

Volontairement ou involontairement, le petit Tamino a été toujours à la croisée de deux cultures. Souvent, il incruste dans ses tubes quelques mots d’arabe, alors qu’il écrit les paroles en anglais. Cependant, sa langue maternelle est le flamand.

Par exemple, il a choisi Habibi (mon amour) comme titre de la chanson phare de son EP (un Extended Play, un format musical comportant plus de pistes que le single et moins de pistes que l’album), sorti en 2018. Dans le nouvel album Sahar, il suit la même règle. « Je n’ai pas commencé à écrire cet album en ayant un concept clair. J’avais juste écrit beaucoup de chansons et j’en ai choisi 10 qui, selon moi, allaient bien ensemble. J’avais l’impression qu’elles appartenaient toutes à un même royaume, un monde intermédiaire entre deux mondes. Je pense qu’il s’agit grosso modo de chansons contemplatives », explique-t-il. Et d’ajouter: « J’aime faire le lien entre mes deux cultures, occidentale et orientale, mais tout dépend finalement du travail lui-même. Si les chansons ne suggèrent pas tout naturellement une influence arabe, il est inutile de les forcer à en avoir une. Il en est de même pour les titres. Celui de mon premier album était Amir, il m’a semblé convenable de choisir un titre si proche. J’aime qu’en arabe, il y ait souvent des mots en référence à des sentiments très spécifiques ou des choses pour lesquelles il n’y a pas de mots valables en anglais ou en néerlandais ».

Un zest oriental

Petit-fils du chanteur Moharram Fouad, la musique arabe coule dans ses veines. En fait, il a « écouté de la musique arabe toute sa vie » et l’a « chantée dès le début ». Il se passionne très tôt pour la musique d’Oum Kalsoum, Rabih Abou-Khalil, Hamza El Din et la poésie du poète libanais Khalil Gibran. Qu’en est-il alors de son rapport musical avec son grand-père? « Eh bien, c’est mon grand-père, donc génétiquement, c’est logique d’avoir un lien avec lui. Je reconnais bien son mérite comme celui d’autres artistes incroyables qui m’ont beaucoup inspiré ».

Au Conservatoire d’Amsterdam, il a étudié la musique classique, mais il y a renoncé finalement pour s’intéresser au rock, ainsi qu’à ses stars préférées: Serge Gainsbourg, Edith Piaf, Jacques Brel, Nick Cave, Tom Waits, Bob Dylan, Randy Newman, les Beatles et Leonard Cohen.

Le oud, le nay (flûte orientale) et les taqassims (improvisations) se trouvent au coeur de ses oeuvres telles que Reverse et Every Pore, Each Time. Il a aussi l’habitude de chanter le quart de ton, propre à la musique orientale. Dans différents tubes, il a également collaboré avec l’orchestre Nagham Zikrayat, regroupant plusieurs musiciens du Moyen-Orient, dont des réfugiés de l’Iraq et de la Syrie. Ce genre de mélange attribue à son chant une spécificité et une richesse indéniable. Et cela étant, Tamino Amir est l’idole d’un large public de jeunes de par le monde, avec plus de 100000 fans sur les réseaux sociaux.

En octobre 2019, le festival D-CAF a organisé, avec le CAIRO Jazz Club, un concert qu’il a animé au Caire, pour la première fois. « C’était une belle soirée. La première fois que je me produise en Egypte, donc inoubliable. J’attends avec impatience mon prochain concert en Egypte, qui sera pour bientôt, j’espère ». Et ce, pour célébrer son deuxième album.

Au Caire, en 2019, il a tourné son tube Indigo Night, une ode à la capitale égyptienne, s’inspirant du groupe des surréalistes, fondé dans les années 1930. « Le réalisateur du vidéoclip m’a proposé cette idée qui, à mon avis, correspondait parfaitement bien à la chanson. Je n’avais jamais entendu parler de ce mouvement d’art plastique, puis j’ai été étonné du résultat qui correspondait à l’ambiance d’Indigo Night. Le choix des couleurs, l’aspect surréaliste, etc. C’était bien de l’avoir tourné au Caire ».

Dans le vidéoclip de la chanson Tummy, l’interprète-compositeur s’est inspiré de la culture de l’Egypte Ancienne. Il y a l’allure d’un pharaon portant les symboles du pouvoir et de la responsabilité. Quelque part, l’Egypte est ancrée dans ses oeuvres. On attend donc le tournage de son prochain tube.

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