« Nous ne savions pas qu’on t’aimait autant ». On répétait ces mots à longueur de journée, après la mort du comédien Hicham Sélim d’un cancer des poumons, dont il souffrait depuis un an. Agé de 64 ans, il continuait de représenter aux yeux des uns et des autres le jeune homme à principes ou encore l’adolescent fougueux, avide de vie et d’espoir, comme ils l’ont connu dans ses deux premiers rôles qui l’ont propulsé sur le devant de la scène, à savoir Embratouriyat Mim (l’empire des M, 1972), de Hussein Kamal, avec la grande dame du cinéma Faten Hamama, dans le rôle de sa mère, et Le Retour de l’enfant prodigue, de Youssef Chahine (1976). Ce dernier film est une oeuvre emblématique de l’après-défaite de 1967, il incarne les rêves brisés de toute une génération. Il est question d’une grande famille qui attendait impatiemment le retour du fils, loin de ses girons depuis 12 ans, afin de résoudre ses problèmes. Il est rentré les mains vides et frustré ; son jeune neveu, interprété par Hicham Sélim, a refusé d’être aussi défaitiste que son oncle. Depuis la disparition du comédien, jeudi dernier, les internautes postaient des extraits de ce chef-d’oeuvre, dont notamment la chanson Al-Charie Lina (la rue est à nous), où le jeune couple formé de Sélim et la chanteuse libanaise Majida El-Roumi, encore à ses débuts, refusait de baisser les bras ou de renoncer à ses ambitions.
Quelque part, plusieurs personnes, ayant entre 40 et 50 ans, s’identifiaient à lui. Les idées qu’il incarnait ont bercé leur jeunesse, et sa disparition subite les oblige à réaliser qu’une page est tournée. Pour ce, tout le monde était sous le choc. Ils ont aimé aussi ses rôles dans les séries TV comme Al- Raya Al-Beida (lever le drapeau blanc) de Mohamad Fadel, où il défendait le patrimoine architectural d’Alexandrie, et Layali Al- Helmiya (les nuits d’Al-Helmiya) d’Ismaïl Abdel-Hafez. Le public appréciait le sérieux de ce comédien, né en 1958, fils du célèbre footballeur Saleh Sélim, ancien président du club Ahli. Après des études en tourisme et hôtellerie dans les années 1980, il a suivi une formation libre aux Etats-Unis, pour étudier les métiers du cinéma avant d’enchaîner les succès.
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