Le centre offre des résidences artistiques, ainsi que des cours hivernaux.
Al-Ahram Hebdo : Comment est née l’idée du concours Caricatunis et qu’en est-il de cette 3e édition ?
Ibrahim Abla : Caricatunis 2022 se déroule sous l’égide du ministère égyptien de la Culture. L’événement est divisé en deux sections : la Caricature et le Portrait satirique. On a choisi comme thème cette année Le Changement climatique, pour passer en revue ses défis et son impact sur les générations futures. Les artistes sont censés évoquer l’utopie écologique, imaginer le vivre ensemble, etc. Ceci va de pair avec les préparatifs actuels de l’Egypte afin d’accueillir la COP27, en novembre prochain.
La section Caricature invite les artistes à imaginer le monde de demain. Serontils optimistes ou produiront-ils des visions dystopiques ? Caricatunis constitue un appel universel à l’action, s’adressant à la société civile, en vue de créer des partenariats au service du développement durable, entre les secteurs privé et public. Les artistes, les gens des médias et les entreprises sont censés travailler ensemble pour un changement indispensable.
Ibrahim Abla.
La section Portrait satirique est dédiée au célèbre dessinateur et caricaturiste Georges Bahgoury (né en 1932, au sud de l’Egypte). Personnellement, j’admire sa façon de tailler des portraits, à base d’une seule ligne, comme celui esquissant les traits de Nasser. Celui-ci est exposé, entre autres, dans la collection permanente du musée de la caricature, annexé au Fayoum Art Center.
— Comment a évolué Caricatunis, qui est aujourd’hui à sa troisième édition ?
— La première édition de Caricatunis en 2020 célébrait essentiellement les 10 ans du musée de la caricature, installé dans le village de Tunis et réputé pour ses poteries. Pour le lancement de ce concours, nous avions choisi le tourisme comme thème principal. Les artistes étaient censés aborder les avantages et les inconvénients de cette importante activité économique, ainsi que son impact sur les sites locaux. Ce choix était surtout inspiré des préparations de la Parade des momies royales jusqu’au Musée de la civilisation. Ce premier concours était dédié à la mémoire du caricaturiste palestinien Naji Al-Aly (1936- 1987). Nous avons par la suite ajouté à notre collection permanente une section réservée à la caricature arabe.
La 2e édition de Caricatunis, en 2021, avait pour thème L’Humour et était dédiée au souvenir du premier caricaturiste de la presse égyptienne, Mohamad Rakha (1910-1989). Je trouve que le monde de la caricature est très prolifique. Les artistes se servent de l’humour afin d’éveiller les consciences et de sensibiliser les gens.
— Quels sont les critères de choix de cette compétition artistique ? Quelles sont les conditions que les candidats doivent remplir ?
— Le concours est ouvert à tous les artistes du monde. Les travaux doivent être présentés en formats JPEG, A3 et 300 DPI (petits points par pouce). Les oeuvres peuvent être en noir et blanc ou en couleurs, réalisées dans n’importe quel style ou technique. Le participant doit certifier que l’oeuvre est la sienne et autoriser les organisateurs à reproduire tout le matériel ou une partie de celui-ci pour publication gratuite et/ou affichage dans les médias liés au concours (Facebook et Instagram). Deux prix sont décernés par section. Le premier prix est de 500 dollars (accordé par un jury international) et le second prix de 250 dollars (vote du public sur les plateformes des médias sociaux). La date limite de participation est fixée au 1er octobre 2022. Les candidats doivent soumettre leurs oeuvres avec une courte biographie indiquant leur nationalité, en attachant une photo personnelle à l’e-mail suivant : [email protected]
— Pouvez-vous nous donner un bref aperçu sur le Fayoum Art Center ?
— Il est situé au village de Tunis, au Fayoum, loin du chaos de la ville et de la foule. Il a été fondé en 2006, par mon père, le plasticien égyptien Mohamed Abla (lauréat en mai 2022 de la prestigieuse médaille Goethe). Le centre vise à connecter amateurs d’art, plasticiens émergents, musiciens, designers, cinéastes, écrivains, yogis …, locaux, régionaux et internationaux. Il fournit à ses hôtes des studios d’artistes et des espaces en plein air, des résidences artistiques dans des mini-appartements équipés, des ateliers dans diverses disciplines, une bibliothèque, des espaces de vie et de créativité à proximité du grand lac de Fayoum, une salle à manger commune, ainsi que l’Annual Winter Academy.
Les cours de cette académie hivernale durent six semaines, de mi-janvier à fin février. Ils suivent le modèle de l’Académie internationale d’été des beaux-arts de Salzbourg, en Autriche. Mohamed Abla y a enseigné pendant plusieurs années. Parmi les mentors de cette académie figurent des noms comme le Britannique John O’Carroll, le Suédois Karin Ward, le Nigérian Emeka Ogboh, l’Américain Tavia La Follette, ainsi que des artistes égyptiens tels Hany Rashed. Après chaque semestre, une exposition est organisée au Caire par le Fayoum Art Center, pour montrer les oeuvres issues de ces ateliers hivernaux. Cette année, par exemple, nous avons tenu l’exposition Searching for Zerzura, en mars dernier, à la galerie Bibliothek, au Cheikh Zayed.
De même, une autre exposition est prévue le 15 octobre prochain à l’espace The Factory, au centreville cairote. Les meilleures oeuvres créées toutes par des jeunes talents peuvent profiter d’une bourse de résidence au Fayoum Art Center ; c’est le fruit d’une coopération avec l’association Sawiris.
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