Personne n’est épargné par les mutations politiques. Le cinéma, lui, s’affiche parmi les grands perdants. Le troisième trimestre de cette année a été marqué par une baisse sérieuse des recettes, tandis que le nombre de films tournés par an ne cesse de diminuer.
Le septième art tente de surmonter un obstacle, puis un autre encore plus brimbalant se dresse sur son chemin : mutations politiques successives, crise économique, piratage, marché précaire du DVD, conflit des chaînes de télévision, et récemment, la chute libre du box-office. Les raisons de cette chute sont pourtant sujettes à plusieurs débats et font couler beaucoup d’encre, mais un problème semble évident : plusieurs producteurs menacent de quitter le cinéma, vu les pertes énormes.
« Nous vivons actuellement l’une des pires périodes de l’histoire du cinéma en Egypte, une période où l’industrie s’écroule à cause des agitations politiques », confirme le producteur et distributeur, Mohamad Hassan Ramzi. Et d’ajouter : « L’instabilité politique et économique aggravée par le couvre-feu imposé depuis plus de six semaines a fait que les salles de cinéma sont désertes. C’est aussi le coup de grâce pour les films produits cet été ».
D’après lui, la carte de la production et de l’industrie vient de changer de manière cruciale, ce qui nécessite un grand soutien de la part de l’Etat aux cinéastes.
« En tant que membres du conseil de la Chambre de l’industrie du cinéma, nous nous préparons à nous adresser au ministère des Finances, afin que l’Etat joue un éventuel rôle à l’ombre des circonstances difficiles, en exemptant les producteurs des taxes imposées sur leurs films cette année », poursuit Ramzi. Et c’est à lui de sonner l’alerte : « Face à des pertes qui ont dépassé les 37 millions de L.E. durant la saison du Petit Baïram, une intervention de la part de l’Etat s’avère indispensable, afin de soutenir les producteurs et les cinéastes, sinon l’exode vers la télévision continuera ».
Nostalgie de la gloire d’antan
Si les producteurs ont décidé de recourir aux ministères concernés à la recherche d’une solution, les propriétaires et directeurs de cinémas se prêtent à la révolte.
Les spectateurs ont boudé les salles cet été, pourtant climatisées en ces temps de grandes chaleurs. La fréquentation des salles a enregistré cette saison une baisse légendaire de plus de 65 % par rapport à l’an dernier.
« La plupart des films sortis cette saison n’ont pas pu réaliser leur hold-over, c’est-à-dire le taux nécessaire pour maintenir leur projection. Cependant, ils restent, de manière illégale, sur écran, vu le manque de productions », souligne Ahmad Abdel-Dayem, directeur du groupe Osman. Et de poursuivre : « Plusieurs salles s’apprêtent à fermer, puisqu’elles ne trouvent plus de quoi payer les salaires de leurs effectifs, déjà réduits à moitié. Plusieurs propriétaires de salles ont fait une pétition, réclamant la suppression des taxes sur les billets de cinéma ou leur réduction ».
Bref, un seul point fait l’unanimité sur la scène cinématographique : la nécessité de doubler les efforts, afin de sauver l’industrie. Une réforme des structures actuelles s’avère indispensable. Toutefois, les cinéastes et producteurs doivent revoir les cachets trop élevés des comédiens, lesquels ne cessent de gonfler les budgets des films.
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