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Des rires amers et de grands espoirs

May Sélim, Mercredi, 01 juin 2022

Every Brilliant Thing est un monodrame mis en scène par Ahmad Al-Attar, d’après Duncan Macmillian, et interprété par la comédienne syrienne Nanda Mohammad, qui vient de recevoir les insignes de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française.

Des rires amers et de grands espoirs
Nanda Mohamad a presque tous les âges, sur scène. (Photo : Bassam Al-Zoghby)

Tout sourire, la comédienne syrienne vivant au Caire Nanda Mohammad salue le public à l’entrée du théâtre, distribue des bouts de papiers numérotés, en priant les gens de lire à haute voix les phrases écrites dessus, une fois que le numéro est tiré au sort.

En salle, elle s’assoit sur une chaise, tout près des spectateurs, puis se lève subitement pour occuper le milieu de la scène et raconter son histoire. Nous sommes ainsi impliqués, dès le départ, dans le déroulement de la pièce Every Brilliant Thing, d’après l’écrivain anglais Duncan Macmillan, mise en scène par Ahmad Al-Attar.

L’oeuvre fait partie d’un projet visant à traduire des textes dramatiques européens vers l’arabe, lancé par la société Orient Productions, fondée et dirigée par Al-Attar. « La critique et comédienne Menha el Batraoui, ainsi que le feu metteur en scène Mahmoud Al-Lozi, qui était également professeur d’art dramatique à l’Université américaine du Caire, ont sélectionné 24 textes contemporains écrits à partir de l’année 2005 afin de les publier en séries », souligne Ahmad Al-Attar. Après avoir approché directement le pouvoir de la famille dans sa trilogie : La Vie est belle, La Cène et Mama, Al-Attar aborde cette fois-ci le rapport mère-fille selon le texte de Macmillan Every Brilliant Thing, écrit en 2013.

Une petite fille de 7 ans fait une liste de 100 choses, pour prouver à sa mère que la vie est belle, à chaque fois que cette dernière tente de suicider. Et la liste se renouvelle, au fil du temps, à chaque nouvelle tentative. Elle devient de plus en plus longue. Car même après la mort de la mère, la jeune femme poursuit sa liste pour mieux s’attacher à la vie et vaincre ses appréhensions.

Loin des jupons de sa mère

Elle ne veut surtout pas suivre les pas de sa mère, sombrer dans la dépression et tenter le suicide. Et bien qu’elle soit mûre et intelligente, les souvenirs qu’elle raconte montrent qu’elle n’a pas complètement échappé à l’influence de cette mère dépressive.


Décorée par Son Excellence M. Marc Baréty, ambassadeur français en Egypte.

« Le texte de Macmillan offre de différentes options au traducteur et au metteur en scène. L’auteur lui-même guide les hommes de théâtre, afin d’adapter son texte dans la langue et le contexte qui leur conviennent. Son écriture rappelle les montagnes russes : le personnage connaît des hauts et des bas tout au long du spectacle. C’est d’ailleurs le cas des personnes déprimées qui passent d’un état à l’autre », explique Ahmad Al-Attar.

Celui-ci mise sur la sobriété de la scène sans décor, et sur le jeu énergétique de Nanda Mohammad, qui dialogue avec le public, choisit quelques-uns des spectateurs pour les impliquer dans le spectacle, les invitant à tenir les rôles du père, du bien-aimé, de la professeure universitaire, etc. Elle leur souffle les mots, leur inspire les gestes, les aide à improviser … de quoi engendrer des scènes comiques, spontanées et touchantes.

Nanda incarne tantôt la petite fille innocente qui fait joyeusement sa liste, tantôt l’adolescente en colère contre sa mère ou la jeune fille adressant timidement l’homme qu’elle aime. Puis, la femme déprimée après la mort de sa mère et l’échec de son mariage. A chaque étape, la comédienne change d’intonation, d’attitude et de gestes, avec une grande maîtrise, et la compilation musicale créée par Hassan Khan l’accompagne dans ses changements. Il s’agit de chansons rythmiques des années 1980-1990 et d’autres plus vieilles, de l’Amoroso de Vivaldi, de At Last d’Etta James traduisant ses états d’âme.

Jusqu’à la fin de la pièce, Nanda continue à faire ses listes, invitant le public à ajouter les choses qui enjolivent leurs vies.

La pièce sera reprise du 17 au 21 juin, à 20h, au théâtre Rawabet. 5, rue Hussein Al-Meamari, Maarouf, centre-ville.  

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