Les sculptures de Nathan Doss ainsi que les peintures de Hossam Dirar et Neamat El-Diwany s’inspirent de concepts psychanalytiques et philosophiques, de signes et de symboles liés à la notion de soi, de l’équilibre et de la complémentarité dans la vie.
« Quand la vie te donne une raison de sombrer dans le désespoir, montre-lui que tu as mille raisons de poursuivre ton chemin, de prouver que rien n’est impossible », affirme Nathan Doss.
Les sculptures de bronze qu’il expose à la galerie Zamalek s’inspirent des écrits de l’Américain Dale Carnegie. « Les écrits de Dale Carnegie sont des stimulants sur tous les plans. Ils m’incitent, entre autres, à relever les défis techniques, mais nous apprennent également à se doter de la volonté de réussir dans la vie », ajoute Doss, dont les sculptures portent les marques des vergers et le côté champêtre de sa ville natale, Al-Minya. Doss multiplie les références: le rocher de Sisyphe, la plénitude vitale et la volonté de puissance chez Nietzsche, la spiritualité du mihrab (niche architecturale pour indiquer la qibla dans une mosquée), etc.
« Montrer Sisyphe à l’intérieur d’une pierre comble tout vide moral. L’abeille et l’araignée symbolisent le contraste entre la beauté et la laideur. La spiritualité du mihrab nous fait découvrir une autre dimension de soi-même, notre monde intérieur », précise Nathan Doss, qui cherche à libérer l’homme en développant sa pensée.
Son autoportrait, avec un papillon sur le bras, est non sans rappeler l’école artistique japonaise Mono-ha, explorant la rencontre entre les matériaux naturels et industriels. « Ma sculpture est l’expression de deux formes du réel: celui, très concret, de la pierre à l’état brut, et celui de l’univers poétique du sculpteur », indique Doss.
Suis-je un ou deux ?
Pour sa part, Hossam Dirar s’inspire des idées du père de la psychanalyse Sigmund Freud. « Avoir une identité, c’est être cohérent en tout. Mais, ce n’est pas toujours évident de le faire », dit-il.

Univers bucolique, par El-Diwany.
Ses peintures mettent en scène des femmes aux cheveux détachés, aux visages dupliqués. Usant du couteau, il superpose les couches de peinture à l’huile, aux couleurs de l’arc-en-ciel. « Mes peintures ne sont pas féministes. Elles dénoncent avec élégance tout ce qui peut restreindre les libertés », explique Hossam Dirar. On y retrouve des natures antagonistes: Eros et Thanatos, comme chez Freud, des pulsions de vie et de mort. Cette dualité se concrétise aussi par la question : « Suis-je un ou deux ? ».
Le livre The Power of Now (le pouvoir du moment présent) d’Eckhart Tolle a vivement marqué Dirar. « Ce guide d’éveil spirituel de Tolle n’a d’autre ambition que de rendre heureux celles et ceux qui désirent se prêter au jeu du bonheur. Tolle donne des astuces pour prendre la vie du bon côté, même quand le malheur nous accable. Ses conseils bienveillants prennent en compte les forces et les faiblesses de tout un chacun », affirme le peintre. Et d’ajouter : « J’ai toujours vécu à cheval entre deux mondes, comme j’ai bougé entre Le Caire et Barcelone ».

Le Rocher de Sisyphe, par Doss.
Le moi féminin
Neamat El-Diwany reprend constamment la fleur de magnolia, symbole de la liberté et de l’indépendance. La peintre s’inspire du taoïsme chinois, du Taiji (faîte suprême) du penseur Lao Tseu et du bouddhiste Thich Nhat Hanh. On retrouve souvent chez elle la dualité du yin/yang. Le yin, en noir, évoque le féminin, le sombre et le profond, alors que le yang représente le clair, le chaud, l’été et le mouvement. Ainsi, l’artiste retrouve l’équilibre dans la vie.
Jusqu’au 3 mars, à la galerie Zamalek, 11 rue Brésil, de 11h à 20h, sauf le vendredi.
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