Les cafés
d’Al-Fayoumi,
des points marquants
de la ville. (Photo : Bassam Al-Zoghby)
Souvent les tableaux de Omar Al-Fayoumi et de Fathi Afifi nous rappellent les histoires des gens ordinaires. Car ils touchent de près à leur quotidien et leur temps de loisirs. Leurs peintures montrent souvent des scènes sur lesquelles on ne s’attarde pas et nous font parvenir les voix de leurs personnages.
Dans l’exposition Hawadite Masriya (contes égyptiens) à la galerie Khan Maghrabi, les deux artistes semblent avoir des milliers d’histoires à raconter. Et chacun possède son monde narratif et sa palette de couleurs. « C’est la propriétaire et curatrice de l’exposition Salwa Al-Maghrabi qui a eu l’idée de nous mettre ensemble. En fait, nous avons des points de ressemblance et des points de différence. Nos oeuvres se complètent », souligne Omar Al-Fayoumi.
A l’entrée de la galerie, les peintures en acrylique sur bois de Omar Al-Fayoumi reproduisent le monde des cafés. On y retrouve des visages familiers, des actes de tous les jours, des sites connus. Certaines peintures font directement allusion au café Al-Horriya de Bab Al-Louq, ou encore à ceux de la rue Mohamad Ali. « Malheureusement, les cafés de Mohamad Ali ont été remplacés par des magasins de restauration rapide », déplore Al-Fayoumi qui tente, dans ses oeuvres récentes, de préserver des scènes de rue, des histoires de quartier, qui risquent de disparaître un jour.
Dans une peinture à l’huile, est présent par exemple son ami, l’écrivain Mekkaoui Saïd, mort en 2017, lequel était un client permanent des cafés du centre-ville. Sur un autre tableau, il montre plusieurs femmes assises en train de bavarder ensemble. Une causerie intime accentuée par des couleurs assez gaies.
Al-Fayoumi expose certaines toiles, inspirées des célèbres portraits du Fayoum. Des visages représentatifs du style du peintre, très influencé par les icônes de l’Egypte romaine. Il taille ainsi les portraits de femmes de son entourage, avec un regard qui fixe sur l’horizon. « Dans cette exposition, j’essaye de survoler les différentes phases de ma carrière, les créations des dernières années », souligne le peintre.
Les ouvriers et leurs usines
Marqué par le monde des ouvriers, auquel il a appartenu, Fathi Afifi reproduit à l’encre de chine la routine stricte de ses anciens collègues, en se focalisant sur leurs états d’âme. Sur l’un des tableaux, deux ouvriers se reposent devant les machines, avec des livres en main. Ils tentent d’échapper à l’univers trop machinal et de retrouver leur humanité.
Lire est une activité fréquente parmi les protagonistes de Afifi. Sur un autre tableau, un homme en djellaba et turban lit le journal, comme les autres il suit ce qui se passe dans la société. Il y a souvent ce face-à-face entre l’homme et la machine. Un défi ou plutôt un conflit accentué par la noirceur de l’encre et l’épaisseur des lignes.
Dans d’autres tableaux, Afifi associe l’encre de chine et la peinture à l’huile. Sa palette très limitée reprend les mêmes couleurs que l’on retrouve à l’usine. L’usage du bleu sème un air de gaieté et de vivacité, il en est de même pour les nuances de jaune, d’orange et de blanc.
L’usine est bien représentée avec ses longues cheminées qui dégagent de la fumée, les ouvriers à vélos rentrant chez eux… « J’aimais surtout les permanences de nuit. La sortie de l’usine, lorsque les ouvriers parcourent le chemin, en direction de leurs maisons », indique Afifi. La technologie et le monde industriel ont leurs lois. L’homme se transforme parfois en un simple engrenage. Cela étant, le rapport entre l’homme et la machine est pour lui une source d’inspiration inépuisable.
Par ailleurs, Afifi expose aussi quelques natures mortes, notamment des vases de fleurs et des personnages issus de milieux modestes qu’il connaît bien. « Je suis originaire du quartier populaire d’Al-Sayéda Zeinab. L’image de la femme populaire séduisante est toujours présente dans ma tête. Dans les portraits de femmes que je réalise, j’aime expérimenter, en jouant avec l’encre », dit-il, en montrant le portrait d’une femme en train de se coiffer. Sa tenue trahit une femme populaire qui se sent à l’aise chez elle. Probablement une voisine, puisque les personnages de Fathi Afifi comme ceux de Omar Al-Fayoumi sont empruntés à leur entourage l
Jusqu’au 6 décembre, de 11h à 20h (sauf le vendredi), à la galerie Khan Maghrabi. 3, rue Al-Morsaline, de la rue Al-Mansour Mohamad, Zamalek.
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