Le caire vivra pendant dix jours une effervescence cinématographique. La 43e édition du Festival International du Film du Caire (FIFC) est lancée sur une note de richesse et de diversité.
Le producteur égyptien Mohamad Hefzi, président du festival, a déclaré : « Les festivals de cinéma ont trouvé un moyen de s’adapter et de survivre, agissant comme une bouée de sauvetage pour les films et les cinéastes qui ont été touchés par la pandémie. Très peu de festivals ont réussi à maintenir une édition physique, et nous sommes fiers d’en faire partie ».
Programmé initialement du 1er au 10 décembre, les responsables du FIFC ont décidé d’avancer les dates de cette 43e édition, pour se tenir du 26 novembre au 5 décembre, étant donné que le Festival du film de la mer Rouge, ce nouveau-né des festivals arabes, qui se tient cette année pour la première fois, a changé ses dates, prévues initialement au mois de novembre, pour se tenir du 6 au 15 décembre. La direction du FIFC a décidé de se fixer de nouvelles dates, dans l’espoir, selon elle, que celles-ci permettent aux journalistes et aux cinéastes d’assister aux différents festivals et de participer aux dernières productions.
Avec 44 films en avant-première dans le monde arabe, le festival débutera sur une note assez fraîche, puisque c’est la comédie Official Competition (compétition officielle), dirigée par le duo de cinéastes argentins Mariano Cohn et Gaston Duprat, qui donnera le coup d’envoi de cette édition, en tant que film d’ouverture. Les deux méga-stars du cinéma ibérique et hollywoodien Penelope Cruz et Antonio Banderas sont en tête d’affiche, se retrouvant enfin à l’écran, mais cette fois sans leur matador fétiche, le fameux réalisateur espagnol Pedro Almodovar.
La sublime Cruz y incarne une cinéaste, Lola Cuevas, choisie par un milliardaire pour faire un film, un chef-d’oeuvre, dans lequel jouera le chéri d’Hollywood Félix Rivero, joué par Banderas, et le comédien du théâtre Ivan Torres, campé par le doué Oscar Martinez. A travers une série de défis de plus en plus baroques lancés par la cinéaste Lola, ces deux comédiens-légendes, pas du tout les meilleurs amis, doivent non seulement s’affronter, mais aussi affronter les changements de la scène artistique.
En compétition officielle
Parmi les prétendants fort attendus à la compétition officielle cette année, quatre titres qui bénéficieront de leurs premières mondiales : le film égyptien Abou-Saddam de Nadine Khan, la fiction jordanienne Daughters of Abdel-Rahman (filles de Abdel-Rahman) de Zaid Abou-Hamdan, le film argentin Seven Dogs (sept chiens) de Rodrigo Guerrero et le long métrage Tomorrow (demain), réalisé par le célèbre comédien tunisien Dhafer L’Abidine.
Toujours dans le camp des nouvelles oeuvres accueillies par le festival, le film Daughters (filles), une coproduction en provenance d’Allemagne, d’Italie et de Grèce, réalisée par Nana Neul, et qui célébrera sa première internationale, tandis que d’autres titres seront présentés pour la première fois localement. Citons, entre autres, 107 Mothers (107 mères) de Peter Kerekes, une coproduction de Slovaquie-République tchèque-Ukraine), l’oeuvre franco-italienne A Chiara de Jonas Carpignano, le film coréen Aloners de Hong Seongeun et le métrage français Softie signé Samuel Theis. L’un de ces derniers, parmi 13 titres au total, se verra décerner le Prix du public Youssef Chérif Rizqallah, d’une valeur monétaire de 15000 dollars.
Dans la compétition Horizons du cinéma arabe, une dizaine de productions et de coproductions seront présentées en avant-première locale, dont Fiasco de Nicolas Khoury (Liban-Pays-Bas), Memory Box de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (France-Liban-Canada-Qatar), Our River. Our Sky de Maysoon Pachachi (Iraq-Angleterre-France-Allemagne-Koweït-Emirats), Streams de Mehdi Hmili (Tunisie-France), La Rivière de Ghassan Salhab (Liban-France-Allemagne), The Stranger d’Amir Fakher-Aldine (Syrie-Allemagne-Palestine-Qatar) ou le film Belough (puberté), tourné par cinq jeunes réalisatrices saoudiennes. Ces films, parmi d’autres, sont éligibles au Prix du meilleur film arabe, d’une valeur de 10 000 dollars avec les titres de la Compétition internationale.
Pas loin d’eux, 22 autres courts métrages seront en compétition dans le cadre de la Compétition internationale de courts métrages pour le prix Youssef Chahine (5000 dollars) et le Prix spécial du jury. Pour cette section, le festival met l’accent cette année sur les réalisatrices avec 10 des 22 films présentés, réalisés par des femmes.
Les plateformes encore
et toujours
L’édition 2021 offrira également des prix à 15 projets cinématographiques. L’événement parallèle des Cairo Industry Days tiendra sa quatrième édition, comprenant à nouveau une série de conférences et de master classes, diverses activités organisées par Netflix et un One Day TV Focused Pitch Forum, co-organisé avec le Middle East Media Initiative (MEMI), et s’apprête à présenter 11 projets, entre autres temps forts. La section-clé est la plateforme de coproduction Cairo Film Connection (CFC), où un jury composé de grands professionnels du cinéma sélectionnera les projets qui recevront des prix en espèces et en nature présentés par les partenaires du CFC.
Les membres du jury distribueront cette année plus de 300000 dollars via 21 prix présentés par 22 sociétés et institutions cinématographiques. Ce jury comprend la directrice de la programmation cinéma au Marché du film de Cannes, la Française Alice Kharoubi, le jeune réalisateur égyptien Chérif Al-Bendari et la réalisatrice libanaise Hania Mroue. Sur les 15 projets sélectionnés, 8 ont été développés— d’ailleurs— par des réalisatrices, 5 projets appartiennent à des réalisateurs débutants, 3 projets narratifs de longs métrages ont été soumis par des réalisatrices primées.
Un jury fort professionnel
Le célèbre réalisateur serbe Emir Kusturica, récompensé de deux Palmes d’or à Cannes, préside le jury de la Compétition officielle, qui comprend également l’actrice américaine Marisa Berenson, le compositeur libanais Khalid Mouzanar, l’actrice française Nora Arnezeder, la comédienne égyptienne Nelly Karim et les deux réalisateurs l’Indien Chaytania Tamahani et l’Italien Roberto Minervini.
Par ailleurs, le festival a en fait réussi à attirer de grandes figures internationales, dont le réalisateur français Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, et le célèbre compositeur de musique indien signataire de la bande sonore de Slumdog Millionnaire, A. R. Rahman.
Une édition prometteuse .
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