La 5e édition du Festival d’Al-Gouna a commencé par un incendie qui a ravagé une partie de la Plaza qui devait accueillir la cérémonie d’ouverture, sans dégâts humains, et s’est terminée sur un vif débat autour du film Feathers (plumes) de Omar El Zoheiry. Donné en première arabe au festival, celui-ci a soulevé la méfiance de certains acteurs et cinéastes qui ont assisté à la projection. Ils l’ont accusé de porter atteinte à l’image de l’Egypte en montrant des scènes qu’ils ont jugées choquantes.
Ce premier long métrage d’El Zoheiry, 32 ans, a remporté le prix de la Semaine de la Critique au dernier Festival de Cannes. Il s’agit d’une intrigue fantastique qui se déroule dans un cadre spatial et temporel indéfini et où le chef d’une famille se transforme accidentellement en poule. Et ce, à la suite d’un tour de magie raté lors de l’anniversaire de son fils de 4 ans.
Sa femme, un personnage anxieux et effacé, lutte pour sa survie et celle de ses trois enfants. Elle devient plus forte et indépendante, vu la disparition subite de son partenaire. Les situations absurdes du film ne manquent pas de provoquer des rires amers, dans une ambiance kafkaïenne, mais aussi le dégoût face à la dureté de la vie et la détresse de cette famille pauvre. La monotonie et le rythme lent de cette vie sont secoués par le choix de quelques extraits musicaux d’oeuvres datant pour la plupart des années 1970. « J’ai voulu faire un film sur les êtres humains, sur des sentiments universels, sans projection politique et sans recourir à des comédiens professionnels, en misant sur le jeu spontané des protagonistes », a souligné le réalisateur. La crise autour de cette projection s’est accentuée au point de mener à la démission du directeur artistique du festival, Amir Ramsès. Néanmoins, le film a fini par remporter le prix du meilleur film arabe en compétition officielle.
Fille de son bourreau
Amira, de Mohamad Diab, est un autre long métrage égyptien qui a été donné en première arabe sur le tapis rouge d’Al-Gouna. Cette fiction a récolté deux prestigieux prix à la Mostra de Venise, le mois dernier, à savoir celui de la Lanterne magique et l’Interfilm Award. Elle met en scène Amira, une jeune Palestinienne de 17 ans, fière d’être la fille d’un prisonnier politique dans les geôles d’Israël. Ce dernier a réussi à l’enfanter, alors qu’il était détenu, en ayant réussi à faire passer un échantillon de son sperme à son épouse, à l’insu de ses gardes israéliens.
L’intrigue repose sur ce fait réel pratiqué par certains prisonniers à vie, afin de devenir pères. Leurs femmes tombent enceintes grâce à une fécondation in vitro. Et les détenus ont l’impression de libérer une petite partie d’eux-mêmes, en espérant qu’elle prendra vie à l’extérieur.
Le père d’Amira propose à sa femme de recommencer la même expérience afin d’avoir un deuxième enfant. Et c’est là que la vie de tous les personnages est bouleversée, car en effectuant les tests médicaux nécessaires, dont celui de l’ADN, les résultats excluent le lien de parenté entre Amira et son père supposé.
Pour remédier à cette situation difficile, le scénario a pris un mauvais tournant. Car pour continuer à maintenir le caractère « sacro-saint » de la cause palestinienne, les auteurs sont tombés dans le panneau des mélodrames déjà vus et mal ficelés. On finit par découvrir que le gardien israélien de prison a dû remplacer le sperme envoyé par le détenu à sa femme. Amira est donc la fille de son bourreau. Elle préfère commettre un attentat suicide et sera criblée de balles.
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