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L’art d’échouer pour mieux réussir

Névine Lameï, Mardi, 31 août 2021

Ponctué de rires, le spectacle Chika Bika a été créé à l’issue d’un atelier de jeu clownesque tenu par l’école Al-Nahda Art School (NAS). Joué dans trois espaces cairotes, le spectacle sera repris les 9, 10, 16 et 17 septembre à Faggala.

L’art d’échouer pour mieux réussir
A chacun de choisir le clown qui le fait rire et penser.

Dans le spectacle interactif Chika Bika, des jeunes comédiens, faisant partie de la 4e promotion de l’école Al-Nahda Art School (NAS), interprètent différentes formes de clownerie. Le spectacle a été joué dans trois espaces cairotes (Dar Al-Fatayate à Agouza, l’association Sadiqi du Collège de La Salle et le centre Al-Farah à Matariya). Il sera repris pendant quatre jours, les 9, 10, 16 et 17 septembre, au studio Nassibian, dans le quartier de Faggala.

Il a été créé à l’issue d’un atelier de jeu clownesque, animé par la comédienne danoise Ruth Lerche Christensen et organisé par l’école NAS en coopération avec l’école danoise The Commedia School pour les arts du spectacle.

Qui dit clown, dit non seulement une figure portant un gros nez rouge, une perruque, de grosses chaussures, un maquillage rigolo, des vêtements bariolés, des mouvements répétitifs, mais aussi de puissants outils dramaturgiques. Seul un clown est capable de les faire advenir, par son jeu et les situations qu’il propose. Tout au long du show, le spectateur vit des moments extraordinaires, faits d’imprévus, de singuliers, d’inconvenants et d’excentriques, parfaitement communiqués par des expressions du jeu clownesque. Celles-ci sont le plus souvent burlesques, interactives et improvisées par les interprètes, parmi les étudiants de NAS.

Un jeu clownesque, pour tout plaisir de partage, avec un public attentif qui, par bonheur, n’est ni dupe ni indulgent, mais a choisi de vivre avec le clown ses difficultés, ses échecs, ses fragilités et ses travers. « Les clowns du spectacle ne jouent pas les ridicules. Ils acceptent entièrement d’être ridicules, c’est la condition du jeu », explique Moustapha Wafi, coordinateur artistique de l’école NAS.

Il s’agit d’une ridiculité désordonnée, déséquilibrée, grincheuse, naïve et paresseuse, jouée par les « clowns » de NAS dans une alliance d’habilités techniques, d’expressions corporelles, de capacités cognitives et de maîtrise gestuelle complétée par des compétences dans l’acrobatie, la danse, les jeux de magie, la bouffonnerie, la jonglerie et surtout le jeu d’arcade.

Le spectateur transformé en partenaire

On se pose la question : qu’est-ce qui nous fait rire ? Et on découvre que c’est un rire né de la fragilité de l’existence, de la vulnérabilité de l’être humain, d’une peur qui nous empêche d’agir …

Chica Bika suit les préceptes du théâtre du comédien, metteur en scène et chorégraphe français Jacques Lecoq (1921-1999), affirmant que : « Le clown n’existe pas en dehors de l’acteur qui le joue. Nous sommes tous des clowns, nous nous croyons tous beaux, intelligents et forts, alors que nous avons, chacun, nos faiblesses et notre dérisoire qui, en nous exprimant, font rire ».

Unis le plus souvent, en duo ou en quatuor, les « clowns », étudiants de NAS, jouent avec une grande agilité et font preuve d’une très bonne entente, effectuant un va-et-vient incessant. Ces clowns, ces dérangeurs turbulents accomplissent des actes que le spectateur n’attend pas. Ils transgressent les règles par leur relation directe avec le spectateur, grâce à de petits accidents qui s’enchaînent, dans le burlesque et la faillite, dans le désordre et l’échec (frustration, vexation, colère, impatience, orgueil, inattention …).

Chika Bika libère l’imaginaire de chaque spectateur, en l’invitant à trouver « son » clown, celui qui le fait rire et penser. Par le clown, par cette image caricaturée de nos passions et de nos actes manqués, Chika Bika nous réjouit.

Les 9, 10, 16 et 17 septembre, à 20h, au studio Nassibian de l’Association culturelle et scientifique Al-Nahda des Jésuites. 15, rue Al-Mahrani, Faggala.

L’école NAS en quelques lignes

L’Ecole Al-Nahda des arts sociaux (NAS), dépendant de l’association culturelle et scientifique Al-Nahda des Jésuites, a été fondée en 2013. C’est la première école de théâtre physique (corps en mouvement), en Egypte et au Moyen-Orient, munie d’un programme d'études de deux ans et œuvrant dans le domaine du développement socioculturel par les arts du spectacle : danse moderne, musique, cirque, conte, clown, comédie burlesque, mime, acrobatie, magie, improvisation et enseignement d’art théâtral.

NAS s’inscrit dans le cadre d’un théâtre égyptien indépendant, qui vise à interagir en direct avec le public. Les spectacles de NAS sont généralement joués dans des espaces publics (parcs, villages, cours d’école, cafés publics, gares, parkings, etc.). Ils touchent aux problèmes des personnes démunies et marginalisées, abolissant l’écart entre art théâtral et société.

Ses cours et ateliers se tiennent souvent en échange avec des écoles d’art théâtral de renommée mondiale, à Gutenberg, à Copenhague, etc. On s’y inspire du théâtre de Jacques Lecoq et de sa théorie dramatique qui repose sur le mouvement et le réalisme physique.

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