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Karlovy Vary déroule de nouveau son tapis rouge

Hala El-Mawy, Mardi, 31 août 2021

La 55e édition du Festival international du film de Karlovy Vary (KVIFF) s’est tenue du 20 au 28 août. Le Moyen-Orient y était présent.

Karlovy Vary déroule de nouveau son tapis rouge

Depuis sa fondation en 1946, juste après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le Festival international du film de Karlovy Vary a réussi à se faire une place importante sur l’échiquier des festivals européens. Il est même devenu le festival de cinéma le plus important d’Europe centrale.

Cette année, après 12 mois de suspension à cause du Covid-19, plus de 100 000 personnes ont assisté à environ 500 projections. Les plus grandes stars du monde ont été célébrées à Karlovy Vary, dont Luis Bunuel, Ken Loach, Milos Forman, Carlos Saura, Gregory Peck, John Malkovitch, Casey Affleck, Mel Gibson, Helen Mirren, Harvey Kartel et Jude Law.

L’ouverture de cette 55e édition a été marquée par la présence de Michael Caine qui a reçu, sous les applaudissements de quelque 3 000 invités, le Globe en cristal, qui lui a été décerné par le président du Festival de Karlovy Vary, le grand comédien Jiri Bartoska. Et la soirée de clôture a été couronnée par la présence de deux monstres sacrés du cinéma américain Ethan Hawke et Johnny Depp.

KVIFF, qui s’est tenu sous la direction artistique de Karel Och, a présenté une sélection riche qui nous a emmenés dans des univers très divers, du 20 au 28 août. Si les visages n’étaient pas tous reconnaissables sous les masques (mesures sanitaires obligent), nombreux étaient les films acclamés par le public, à commencer par le film d’ouverture tchèque Zatopek de Davis Ondricek, avec Vaclav Neuzil et Martha Issova. Cette dernière incarne le rôle de l’épouse de Zatopek, considéré comme étant le plus grand coureur de l’histoire tchèque. Cet homme ordinaire qui aimait courir, mais n’avait pas forcément les caractéristiques physiques d’un « runner » professionnel, est devenu une légende des Jeux olympiques.

Sur un ton léger et dans un style cinématographique assez classique, le film raconte l’histoire de cette légende sportive en flash-back. Le spectateur est emmené à suivre les événements et finit par croire que devenir champion est à la portée de tous. Zatopek se révèle être un homme compliqué et déterminé dont les exploits sportifs l’ont mis au coeur de la machine de propagande du régime communiste de l’époque.

Le film raconte la vie quotidienne de Zatopek, mais il reconstitue aussi le paysage politique du pays, où le sport était mis au service du régime. Il nous invite enfin à réfléchir sur l’emprise du championnat, qui peut pousser un sportif à tout sacrifier pour l’emporter. Il est à noter que David Ondricek a déjà réalisé un documentaire sur le même coureur.

Les films du Moyen-Orient

Depuis la projection des films du réalisateur égyptien Mohamad Siam (né en 1982) et sa participation au jury des documentaires, il y a quelques années, il semble que le KVIFF ait décidé de réserver une place de choix au jeune cinéma du Moyen-Orient. Deux films de qualité ont été donnés, hors compétition, à savoir Feathers (plumes), de l’Egyptien Omar El-Zohairy (lauréat du Grand prix de la Semaine des critiques à Cannes 2021), et Zanka Contact du Marocain Ismael Iraki.

Dans le premier film, il est question d’un père autoritaire qui essaie de donner le meilleur à sa famille. Un jour, il invite un magicien à se produire à la maison pour célébrer l’anniversaire de son fils. Mais lors d’un tour de magie, la femme et les trois enfants regardent le chef de famille se transformer en poulet. Une comédie noire intelligente et hautement artistique.

Le deuxième film, Zanka Contact, raconte la Casablanca des boîtes de nuit et des maisons closes qui n’est pas un endroit pour l’amour fatidique, et pourtant il s’y épanouit parfois. La femme déchue Rajae et l’ancien rockeur diabolique Larsen sont réunis par un accident de voiture, et leurs coeurs ne pourront plus jamais être séparés. Il s’agit d’une sorte de Wild at Heart ou d’une True Romance avec une touche orientale.

Un autre film du Maroc mais plus classique cette fois-ci, Oh Les jours d’Ahmed Al-Manouni, a été projeté dans le cadre de l’hommage rendu à la fondation The Film.

Par ailleurs, L’Examen, le long métrage du Kurde-iraqien Shawkat Amin Korki, a été donné en première mondiale, dans le cadre de la compétition officielle des longs métrages de fiction. Korki fait partie des réalisateurs kurdes hautement acclamés, ses films font généralement le tour des festivals les plus prestigieux. Le film raconte l’histoire de Rojin, une jeune fille au coeur brisé, après la disparition de son bien-aimé. Elle prépare son examen de fin d’études scolaires, si elle y échoue, son père la forcera à se marier. Mais si elle réussit, elle pourra mener une vie plus émancipée et éviter le sort de sa soeur aînée — Shilan — qui a malheureusement épousé un homme conservateur qu’elle n’a pas choisi.

Voyant que sa soeur cadette a du mal à réaliser ce rêve, Shilan cherche désespérément à l’aider par tous les moyens, dont la tricherie à distance par portable. Cette décision met les soeurs sous une immense pression, aussi bien à la maison qu’à l’école ; elles s’empêtrent dans un énorme réseau de corruption institutionnelle.

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