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Des sculptures sur front de mer

Névine Lameï, Dimanche, 25 juillet 2021

La galerie Easel and Camera a ouvert, le 21 juillet, une nouvelle branche dans la station balnéaire d’Al-Gouna, sur la mer Rouge. Les sculptures de 18 artistes égyptiens, libanais et iraqiens sont en exposition.

Des sculptures sur front de mer
Le corps humain sous toutes ses formes.

Exposer au bord de la mer, en plein air. C’est l’idée qui a stimulé les responsables de la galerie Easel and Camera qui ont décidé d’ouvrir de nouvelles branches à Al-Gouna, outre leurs locaux du 6 Octobre. Une nouvelle galerie sur front de mer, qui donne directement sur la nouvelle marina d’Al-Gouna et ses superbes yachts, cafés et restaurants, a ainsi vu le jour le 21 juillet.

Les expositions programmées se placent toutes sous le slogan « Art Harbor: Sip of Art, Sip of Ocean» (port artistique: une gorgée d’art, une gorgée de l’océan). « Nous avons choisi de commencer nos activités à Al-Gouna en exposant les sculptures de 18 artistes égyptiens, libanais et iraqiens », indique Weaam El-Masry, artiste et propriétaire de la galerie Easel and Camera.

Et d’ajouter: « On a voulu nous déplacer jusqu’aux collectionneurs, loin du chaos cairote. Ici l’ambiance est plus décontractée, et le collectionneur se laisse guider par sa seule passion d’une oeuvre pour l’art et par le désir d’acquisition. Par ailleurs, les galeries d’art du Caire souffrent de stagnation durant la saison estivale et se contentent le plus souvent d’expositions collectives, regroupant les artistes de l’année. Désormais, les galeristes sont à la recherche d’alternatives et ont tendance à se rendre dans des lieux plus animés durant l’été, sur des plages pittoresques au bord de la mer, à la Côte-Nord ou à la mer Rouge ».

El-Masry rêve d’y tenir un jour une sorte de symposium dédié à la sculpture, ainsi qu’une résidence d’artistes. Car Al-Gouna constitue pour elle une station exemplaire qui abonde d’activités culturelles tout au long de l’année. « La ville a réussi à promouvoir l’art en organisant des festivals de cinéma et de musique. Actuellement, elle est prête à accueillir d’autres nouvelles voies et il y a une place pour promouvoir les arts plastiques. Ceci est dû à l’intérêt des propriétaires d’Al-Gouna, à savoir la famille Sawiris, pour les arts. Ils veulent faire de cette ville une vraie cité cosmopolite », dit l’artiste et galeriste.

S’accorder avec l’espace

Les sculptures exposées ne sont pas forcément liées à la mer. « Je suis tout d’abord une artiste, donc je refuse d’obliger l’un de mes pairs à travailler sur un sujet spécifique, cela peut leur faire perdre tout enthousiasme », poursuit El-Masry.

L’espace intérieur de Easel and Camera Al-Gouna est composé d’une immense salle élégante de 6m de long, aux murs blancs. Cette salle vitrée permet d’avoir une vue panoramique de la mer. Elle abrite plusieurs sculptures de petits formats, comme celles du Cheikh Al-Balad, une sculpture en bronze du grand artiste Abdel-Aziz Saab. Loin des surfaces polies et pondérées, la sculpture montre un gros corps bedonnant qui contemple son entourage.

Plusieurs autres sculptures de granit et de bronze ont pour objets des taureaux aux couleurs variées. C’est le cas des oeuvres de Mona Heikal, Marwa Magdi et Marwa Youssef. Les sculptures en bronze de Mohamed El-Sayyad intitulées Space travaillent la masse: masses organiques, géométriques… sur surfaces polies. Puis, il y a les masques africains de Salaheddine Abdel-Rahman, avec leurs lignes et formes plus effrontées.

Fidèle à son style qui repose sur l’architecture islamique et sa réadaptation aux temps modernes, Ahmed Karaly présente une pièce en marbre granité. Celui-ci abandonne son côté dur pour se soumettre à un état de fragilité.

En dehors de cette baie vitrée, les sculptures abordant le corps humain prennent le dessus. Sayed Waked expose une oeuvre en verre coloré, réunissant trois hommes qui se dressent en dignité, sans traits ni détails. Al-Sayed Abdou Sélim expose un scribe qui a la taille d’un nain.

Les sculptures en bois et en marbre granité des artistes Maguid Ismail et Abdel-Meguid Ismaïl mettent en scène des corps de femmes sveltes et nues, à la surface polie et sans détails. Et l’Iraqien Aly Noory a choisi de tailler en granit un homme un peu récalcitrant, à l’aide de coups expressifs et brutaux.

Mohamed Aboul-Naga expose, pour sa part, plusieurs sculptures de bronze, faisant partie de son projet Les Dieux recyclés. Des dieux un peu kitsch qui s’inspirent de la mythologie de l’Egypte Ancienne. Et la sculpture de l’artiste libanais Bassam Kyrollos montre des hommes devant des immeubles en ruine. Les décombres, la dévastation, les bâtiments éventrés et les villes rasées de son pays dominent sa pensée.

Enfin, Sun Gate (la porte du soleil), la sculpture en granit de Mohamed Al-Labbane, n’est pas sans rappeler le soleil d’Al-Gouna et le charme de son port .

Jusqu’au 21 août, à la nouvelle marina, Al-Gouna.

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